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Pepe CarvalhoLe Prix |
Réalisateur : Fabrice Cazeneuve Scénario, coordination et dialogues : Pedro Molina Temboury Avec : Pepe Carvalho >> Juanjo Puigcorbé ||| Charo >> Carla Maciel ||| Biscuter >> Jean Benguigui ||| Bromure >> Pep Cortes ||| Lazaro Conesal >> Lluis Homar Le milliardaire à la réputation douteuse, Lazaro Conesal, demande à Pepe Carvalho d’assurer sa protection. On aurait menacé de l’assassiner lors de la soirée qu’il organise à l’occasion de la remise d’un prix littéraire. Alors que tout le gratin se bouscule dans un luxueux hôtel barcelonais, Lazaro Conesal est retrouvé mort dans sa chambre. https://www.youtube.com/watch?v=f7qKKag1Bsw |
Carla Maciel |
[D'après le roman :] Le Prix Le gouvernement socialiste croule sous les scandales politico-financiers ; la corruption sévit à tous les étages de l’appareil d’état. Les socialistes, génération spontanée de l’après franquisme, ont été les victimes du principe politique suivant lequel idéal et enrichissement personnel étaient incompatibles . Une odeur nauséabonde de fin de règne a envahit les plus hautes sphère du pouvoir qui chaque jour se délite un peu plus. Qu'y a-t-il d’étonnant à ce que la cohorte de courtisans ne pense qu’à sauver que ce qui peut l’être, en se resituant sur l’échiquier politique ? Quel que soit la couleur du pouvoir, la soupe reste la soupe… C’est dans ce contexte que le multimillionnaire Lazaro Conesal organise le prix littéraire le mieux doté ; un prix quelque peu spécial puisque le jury, enfermé comme il se doit dans un luxueux salon, mange du caviar à la louche, mais n’a aucun des manuscrits en compétition. En fait, seul Lazaro Conesal connaît le nom du vainqueur. Le moment semble mal choisi. La situation politique est des plus délicates pour les requins de la finance qui ont bâti leur empire sous le gouvernement socialiste et une menace indéfinissable plane sur la tête de Lazaro Conesal Menace aux contours flous pourtant palpables : les amis, les anciens associés, tous ceux avec qui il a été en relation et avec qui il est resté en indélicatesse, savent que le moment est venu de se de démarquer et de lui enfoncer la tête. Que vont-ils faire ? Le mauvais coup qui se trame aura lieu le soir de la remise du prix. Le service de sécurité (dirigé par un ancien de la brigade politico-sociale aux ordre de Fonseca) veille, mais sa protection sera-t-elle suffisante ? Le fils de Lazaro Conesal préfère s’entourer de toutes les précautions et fait appel à Pepe Carvalho. Un avion privé viendra jusqu’à Barcelone et conduira ce dernier à Madrid, ville où doit se dérouler la remise du prix. Une quinzaine d’année après avoir enquêté sur le meurtre au comite central du PCE, Pepe Carvalho retrouve Madrid, une ville qui lui été déjà étrangère quinze ans plus tôt, une ville avec laquelle son seul lien est Carmela, la guide que le PCE avait mis à sa disposition et chez qui il avait cuisiné. Carmela, quinze ans plus tard, aura-t-elle changé comme Madrid qui se met à singer Manhattan ? Madrid la ville au un million de cadavres, au sortir de la guerre civile ; au million de gilets enfilés par les jeunes cadres socialistes, au sortir du franquisme ; au un million de dossiers, que chacun cherche a monnayer, au retour de la droite… mais Madrid sera toujours cette ville étrangère, où les femme arborent le tailleur beige… De la ville Pepe Carvalho ne verra finalement que peu de chose, et il n’arpentera que les rues qui le conduiront au domicile de Carmela. Rue du Pardo et ses boutiques d’antiquaires aux gilles tirées ; rue Echegaray et son restaurant Bodeguita del Caco… Et après avoir gravit les étages qui le séparaient de l’appartement de Carmela il découvrira que dans cette Espagne qui s’avance à grands pas vers la post- modernité certains sont restés fidèles : Carmela milite toujours dans « les sociétés secrètes plus ou moins rouges » A la nuit venue, sous l’œil des caméras de la télévision, la foule de l’intelligentsia se presse à l’hôtel Venice. Editeurs et agents littéraires, critiques et analystes, « promesses de la littérature » et « plus vieil écrivain prometteur d’Espagne »… ce que l’écriture compte de sommités ( y compris Sanchez Bolin, l'incarnation de Montalban) se bouscule autour des buffets. Chacun attend la proclamation de résultat, le nom de lauréat ; chacun espère être celui qui touchera le prix de cent millions de pesetas. Au dernier étage du Palace Lazaro Conesal, sur fond de déroute financière se prépare à proclamer le résultat ainsi qu’à sauver sa position politico-financier en déterrant de vieux dossiers compromettants pour les nouveaux maîtres du pays. Et la foule de prétendants, attentive aux déboires de l’hôte, se succède dans sa chambre pour lui quémander un ultime service, en assortissant la demande d’une menace ou d’une ultime humiliation. Mais tout à coup, dans la salle de réception la rumeur se propage : Lazaro Conesal vient d’être assassiné ! La protection de Pepe Carvalho n’aura finalement servi à rien ! Parviendra-t-il à démasquer le coupable ? Le commissaire chargé de l’affaire en doute mais, à la demande du fils de la victime, il acceptera que Pepe Carvalho assiste aux interrogatoires. La multitude, tantôt méchante, cocasse, aigri, pitoyable, défilera devant les autorités ; chacun se couvrira de ses titres, de ses mérites, de son amitié pour la victime… tous plaideront non coupable… Aux vues de la position de la victime, du cercle de ses relations, du danger qu’il représentait pour le nouveau pouvoir, la thèse du complot semble des plus crédibles. Dans ce roman, Manuel Vasquez Montalban a choisi d'alterner les chapitres contant le présent et le passé, la soirée de la remise du prix et la veille de cette nuit là, tout comme dans la tête de Pepe Carvalho s’emmêlent les souvenirs et les regrets. Nous donnant à voir ainsi la possibilité du complot, mais aussi la toile haineuse qui entoure la future-présente victime. Ce roman de fin de règne, de nouvelle transition se dénouera à l’image du régime politique que l’Espagne s’apprête à rejeter : dans le mesquin, le sordide et l’insignifiant. |