Production: Universal, 1963 Producteur: Alfred Hitchcock. Réalisation: Alfred Hitchcock. Scénario: Evan Hunter, d'après l'oeuvre de Daphné du Maurier. Directeur de la photographie: Robert Burks, Couleurs: Technicolor Effets spéciaux: Lawrence A. Hampton. Conseiller pour la photo: Ub Iwerks. Directeur de production: Norman Derning, Décors: Robert Boyle et George Milo, Conseiller pour le son: Bernard Herrmann. Production et composition du son électronique: Remi Gassman et Oskar Sala, Dresseur d'oiseaux: Ray Berwick, Assistant-réalisateur: James H, Brown Assistante de Hitchcock : Peggy Robertson Illustrateur: Alfred Whitlock. Générique: James S Pollak Montage: George Pomasini Studios: Universal Extérieurs: Baie de Bodega, Californie San Francisco Distribution : Universal, 1963, 120 minutes. Interprétation: Rod Taylor (Mitch Brenner), Tippr Hedren (Melame Damels), Jessica Tandy (Mrs. Brenner), Suzanne Pleshette (Anme Hayworth), Véronica Cartwright (Cathy Brenner), Ethel Griftïes (Mrs Bundy), Charles McGraw (Sebastien Sholes), Ruth McDemtt (Mrs Mac Gruder), et Joe Mantell, Malcolm Atterbury, Kar1 Swenson, Elizabeth Wilson, Lonny Chapman, Doodles Weaver, John Mc Govern. Richard Deacon, Doreen Lang, Bill Quinn |
823 lectures |
|||
Synopsis |
||||
Mélanie Daniels, fille d'un puissant patron de presse de San Francisco, déambule dans les rayons d'une oisellerie. De son côté l'avocat Mitch Brenner cherche un couple d'inséparables pour l'offrir à sa jeune sœur Cathy. Mitch se méprend et, durant un instant, confond Mélanie avec une vendeuse. Ce quiproquo donne lieu à un échange de propos aigres-doux, dans la pure tradition des comédies légères. Malgré ce malentendu, Mélanie juge Mitch digne d'intérêt et décide d'acheter le couple d'oiseaux. Elle peut se rendre à Bodega Bay au prétexte d'offrir les inséparables à la jeune Cathy. Malheureusement les événements vont transformer ce séjour en cauchemar. Certes, elle va faire amplement connaissance avec Mitch, mais devra essuyer les attaques d'oiseaux qui semblent décidés à en finir avec le genre humain. |
Voir toutes les apparitions d’Hitchcock |
|||
Du suspense |
||||
Hitchcock se lance dans cette adaptation sans avoir réellement conscience de tous les problèmes techniques que va poser la réalisation de ce film. La principale difficulté réside, bien sûr, dans la mise en place de toutes les scènes où interviennent les oiseaux : mouettes, corbeaux, moineaux… Comment faire se rassembler sur la structure métallique, devant l'école, des centaines d'oiseaux ? Comment filmer l'attaque des oiseaux sur la ville ? Comment faire jaillir de la cheminée des milliers de moineaux agressifs ? Certains de ces obstacles ont été résolus grâce à d'astucieux effets spéciaux faisant appel à des fonds peints puis à des incrustations à l'écran d'images d'oiseaux. D'autres le furent au prix d'un labeur épuisant : pour l'attaque finale dans le grenier, l'actrice dut affronter des milliers d'oiseaux totalement affolés par l'exiguïté des lieux, ce qui lui valu une hospitalisation. Sans ces trucages, qui représentent un cinquième des plans du film, ce projet n'aurait jamais pu être mené à terme. Pourtant, cet aspect n'est finalement que secondaire par rapport au suspense qui traverse d'un bout à l'autre le film. Dès les premières images les oiseaux sont là, sous la forme de deux inséparables, d'un moineau qui s'échappe de sa cage, mais aussi et surtout sous la forme d'une nuée qui emplit le ciel sombre de San Francisco alors que Mélanie Daniels entre dans l'oisellerie. Cette image anodine, écho sourd du générique, engendre un regard chargé de curiosité de la part de Mélanie. Que voit Mélanie ? Des oiseaux. Que voyons-nous ? La menace ! C'est précisément de cet écart entre ces deux savoirs, regards, que naît le suspense hitchcockien. La façon de résorber la différence entre ce que voit, sait, le spectateur et les personnages structure la quasi-totalité des scènes du film, particulièrement celle de l'école. Examinons cette scène. Mélanie entre dans l'école et prévient l'institutrice que des centaines d'oiseaux se sont amassés devant l'école. Les deux femmes regardent par la fenêtre. Ce qu'elles voient, nous ne le voyons pas. Que font les oiseaux ? Combien sont-ils ? Les deux femmes le savent ; nous, nous l'ignorons. L'institutrice parle aux enfants pendant que Mélanie continue à regarder par la fenêtre. Finalement les enfants se dirigent vers la sortie. Comme l'explique Hitchcock dans ses entretiens avec Truffaut : « Je conduis la scène jusqu'à la porte puis je coupe pour passer aux corbeaux seuls, tous réunis, et je reste avec eux sans couper et sans qu'il ne se passe rien, pendant trente secondes. Alors vous vous demandez: Mais qu'est-ce qui arrive aux enfants, où sont-ils? ». Une fois de plus, notre savoir est différent de celui des personnages : nous savons ce qu'ils ne savent pas, ils savent ce que nous ignorons. Et quand les deux savoirs se confondent les oiseaux attaquent. Un peu plus loin, dans ce même entretien, Hitchcock précise : « La vieille technique pour obtenir le suspense dans cette scène aurait consisté à la diviser davantage, on aurait montré d'abord les enfants qui sortent de la classe, puis on serait passé aux corbeaux qui attendent, puis aux enfants qui descendent l'escalier, puis aux corbeaux qui s'apprêtent, puis aux enfants qui sortent de l'école, puis aux oiseaux qui s'élèvent, puis aux enfants qui courent, et enfin aux enfants attaqués, mais à présent cette manière de procéder est démodée pour moi » Cette technique qu'Hitchcock qualifie de vieille et qu'il utilise dans L'Inconnu du Nord-Express, n'est-elle que démodée ? En faisant coïncider le point de vue du spectateur avec celui des personnages aurait-elle correspondu au style de ce film et au genre de climat qui lui est propre ? |
||||
Du mot fin |
|
|||
Les Oiseaux est probablement l’un des films les plus connus et les plus étudiés d'Alfred Hitchcock. Ce film est l'adaptation d'une nouvelle éponyme de Daphné du Maurier publié dans un recueil « Alfred Hitchcock présente » que certains avaient auparavant essayée de scénariser pour la télévision ou la radio. Il est aussi comme un acte de régénérescence de la scène si chère à certains westerns où les chariots forment un cercle afin de repousser les assauts des indiens. Ici le cercle est remplacé par les limites de la ville et le cri de guerre des indiens par les criailleries des oiseaux. Dans les deux cas ce que l'on pourrait ne considérer que comme des piailleries vides de sens sont en fait un langage structuré par des codes guerriers. Depuis, ce film constitue un modèle qui a servi de calque à une multitude d'autres films. Si les oiseaux ont été remplacés par des abeilles, des araignées, des sauterelles, des poissons ou des morts-vivants, la construction de cette pléthore de films reste la même : un petit village charmant, paisible mais isolé ; un couple avec enfants qui coule des jours heureux. Et alors que chacun vaque à ses occupations, sans raisons apparentes, la nature se rebelle. Certes ce n'est jamais une insurrection spontanée, des signes avant coureurs annoncent le désastre qui se profile à l'horizon. Des petits riens traversent l'écran, une abeille, une araignée ou une tombe. Cinq ans après Les Oiseaux, en 1968, George A. Romero réalise la Nuit des morts vivants, le propos de ce film est on ne peut plus simple : comme tous les ans, Barbara et Johnny fleurissent la tombe de leur père. La nuit tombe. Soudain, un homme étrange apparaît. Il s'approche de Barbara puis attaque Johnny, qui tombe et est laissé pour mort. Terrorisée, Barbara s'enfuit et se réfugie dans une maison. Toutes choses restant égales par ailleurs, cet homme étrange ne serait-il pas la transposition de la mouette qui attaque Mélanie Daniels alors qu'elle traverse le lac ? Malgré cette profusion de métamorphoses des Oiseaux, ce film reste unique jusqu'à ce jour. Personne n'a jamais tenté d'y trouver une suite, de tourner Les oiseaux II, peut-être parce qu'à aucun moment n'apparaît à l'écran le mot fin |