Production: Gaumont British, by G,F.D., 1933, G B Réalisation: Alfred Hitchcock. Scénario: Alma Reville et Guy Bolton, d'après la pièce de Guy Bolton. Décors: Alfred Junge et Peter Proud, Musique: Johann Strauss père et fils. Studios: Lime Grove. Distribution: G.F.D., 1933, 80 minutes; EtatsUnis, Tom Arnold, 1935, Interprétation: Jessie Matthews (Rasi), Edmund Knight (Shani Strauss), Frank Vosper (le prince), Fay Compton (la comtesse), Edmund Gwenn (Johann Strauss père), Robert Hale (Ebezeder), Hindle Edgar (Léopold), Marcus Barron (Drexter), Charles Heslop, Sybil Grove, Billy Shine junior, Bertram Dench, B.M. Lewis, Cyril Smith, Betty Huntley Wright, Berinoff and Charlot |
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Synopsis |
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Un incendie ravage le café D’Ebeseder. A l’étage de ce bâtiment nous découvrons Rasi prendre une leçon de chant auprès de son fiancé Johann Strauss. Avisés de l’incendie, ils quittent la pièce par l’échelle des pompiers. Rasi se déchire la robe lors de la descente. Et la voilà chez la modiste d’en face en compagnie de son amoureux. C’est à cette occasion que Johann Strauss rencontre la Comtesse Helga Von Stahl. Celle-ci l’incite à s’émanciper de son père, le grand Strauss, et lui propose de mettre en musique l’un de ses poèmes. Le jeune Johann accepte. La Comtesse termine son poème qu’elle titre « le beau Danube bleu ». Son mari propose à Strauss père de le mettre en musique, mais celui-ci refuse. Parallèlement Strauss fils se rend chez la Comtesse qui lui confie son poème. Johann retrouve sa fiancé Rasi dans le café familial. Une chose est clair le père de Rasi pose une condition au mariage de sa fille : Strauss doit reprendre son commerce. Johann feint un intérêt mais compose la musique que lui demande la Comtesse. Face à la jalousie qu’exprime sa fiancé, Johann n’a pas d’autres choix que de lui promettre d’abandonner la musique et de devenir pâtissier. Mais la Comtesse ne l’entend pas ainsi et elle relance Johann. Johann fini par accepter de diriger l’orchestre qui joue « Le beau Danube bleu ». C’est un triomphe. Strauss père accuse son fils de l’avoir trahi… la Comtesse se jette dans les bras de Johann… le Comte menace Johann… Au final Johann retrouve Rasi. |
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Du burlesque |
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Le Chant Du Danube n’est pas le film dont était le plus fier Hitchcock. Il en dira, bien plus tard, « c’était un musical sans musique… cela n’avait aucun rapport avec mon travail habituel… » Rohmer et Chabrol racontent qu’il déclara aux acteurs et à l’équipe technique : « Je hais ce film, je hais ce genre de film, et je n'ai aucun goût pour le faire ; ce qu'il me faut, c'est du drame et des péripéties. II me faut de l'action ! » Pourtant il serait très injuste de négliger cette production tant on y trouve des éléments constituants du cinéma d'Hitchcock. L’argument de cette comédie musicale, est emprunté à l’histoire familiale des Strauss et en particulier à la rivalité qui opposait le père et le fils, tous deux compositeurs de talent. Ce thème, des relations entre père et fils, Hitchcock le reprendra à de multiples reprises (en particulier dans « L’inconnu du Nord-Express »). Tout comme il exploitera de nouveau le trio amoureux, trio qui constitue ici le pivot de cette intrigue. Au trio formé par Strauss fils, la Comtesse et le Comte répond celui que constitue Rasi, le jeune Strauss et la Comtesse. Mais à la différence de ces expériences, futures ou antérieures, le trio n’est ici que synonyme de portes qui claquent et d’amants dans les placards, en un mot de bouffonneries. Le film s’ouvre sur un incendie, prétexte à des gags, comme celui de la lance des pompiers ou celui qui nous montre un soupirant de Rasi et le jeune Strauss se disputer le corps de la fille. Il se poursuit par une scène comique : Rasi accroche sa jupe à l’échelle des pompiers et se retrouve en culotte. Comme souvent dans les films d'Hitchcock la scène d’ouverture est reprise en fin de film. Ici c’est celle de l’échelle : la Comtesse, infidèle, après s’être dissimulée dans un placard quitte le meublé du jeune Strauss grâce à une échelle. Finalement, il semblerait qu’Hitchcock, peu intéressé par la comédie musicale, et qui a réduit à minima cet aspect du film, se soit attaché, sous une forme burlesque, à construire une sorte de suspense amoureux dont les ressorts seraient : Le Comte va-t-il s’apercevoir des incartades de son épouse ? Le jeune Strauss va-t-il succomber aux avances de la Comtesse ? Rasi va-t-elle parvenir à déjouer les pièges de la Comtesse ?… |
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De la musique |
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La comédie musicale est un genre de cinéma, aujourd’hui disparu, qui possède ses adeptes, souvent inconditionnels. Ce genre semble être intrinsèquement lié au cinéma parlant : le premier films parlant n’était autre que le « chanteur de jazz » à savoir une comédie musicale. Mais qu’est-ce qu’une comédie musicale ? Un film où les acteurs chantent ? Certes, mais pas seulement. En fait il s’agit d’un film où la hiérarchie image-son est inversée. Ce ne sont plus les images qui justifient la bande musicale, mais la musique qui commande les images. Les savants parlent de musique non-diégétique, qui se justifie par elle-même et non pas en référence à l’action. Une seule scène du film répond parfaitement à cette définition : celle où Strauss-fils visite la pâtisserie de son futur beau-père. Pour le reste, il ne s’agit que de scènes chantées ou musicales. En d’autres termes, dans une comédie musicale, ce n’est pas la musique qui fait l’action mais l’inverse. La scène finale du concert ne fait pas de ce films une comédie musicale, tout comme celle de l'Albert Hall, dans « L’homme qui en savait trop », car dans l’une comme dans l’autre la musique reste un prétexte. |