Production: British International Pictures, 1932, Producteur: John Maxwell. Réalisation: Alfred Hitchcock, Scénario: A. Hitchcock, d'après la pièce et le roman de Jefferson Farjeon. Directeur de la photographie: Jack Cox. Studios: Elstree. Distribution: Wardour & F., 1932. Interprétation: Léon M. Lion (Ben), Anne Grey (la jeune fille), John Stuart (le détective), et Donald Calthrop, Barry Jones. Garry Marsh |
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Synopsis |
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Fordyce marche dans la rue, une rafale de vent arrache son chapeau. Et alors qu’il tente de le rattraper, il aperçoit de la lumière dans une maison abandonnée. La curiosité le pousse dans cette maison. Au deuxième étage, il tombe nez à nez avec un marin semi-vagabond. Les deux hommes poursuivent la visite de la demeure et découvrent un homme gisant sur le sol. Ben, le marin, fouille l’homme et ramène du fond de ses poches des menottes et un pistolet. Poursuivant plus avant leur investigation, ils aperçoivent une ombre à travers une verrière. Une femme tombe soudain à travers cette verrière. Rose Ackroyd leur explique qu’elle recherche son père, qu’un certain Barton lui a télégraphié de surveiller cette maison et qu’elle a reçu une carte à jouer… Très vite elle identifie l’homme gisant sur le sol comme étant son père. A la porte la sonnette retentit… le père de Rose disparaît, une main glisse une carte à jouer à travers l’ouverture de la boite aux lettres. Fordyce ouvre la porte et déclare au couple qui se dresse devant lui qu’il est agent immobilier. Un troisième individu se joint au couple. Très vite la situation se complique : Rose, Fordyce et Ben sont neutralisés par les visiteurs qui ont rendez-vous avec un certain Sheldrake afin de gagner un train en partance pour le continent. Alors que la bande rejoint le train, la femme revient sur ses pas et aide Rose et Fordyce à se libérer. Et les uns partent à la poursuite des autres... Mais seul Ben parvient à grimper dans le train. Fordyce n’a pas d’autre choix que de détourner un bus pour se lancer à la poursuite du train. Au final la bande est neutralisée et Fordyce se révèle être un policier. De son côté Ben a fait main basse sur le collier après lequel courrait tout ce petit monde |
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Du Quota Act |
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Numéro 17 est l'adaptation d’une pièce, elle-même tirée d’un roman de Joseph Jefferson Farjeon, déjà porté à l’écran en 1928 en Allemagne. Il s’agit d’un film que les studios BIP imposent à Hitchcock et qui s’inscrit dans la politique de Quota Act ( loi de 1927 qui fixe aux salles de diffuser un minimum d’œuvres nationales). Ce film, qui dure moins d’une heure, se divise en deux parties distinctes tant par le décor que par le ton. A une action empreinte de mystère succède le délire d’une poursuite frénétique La première partie se déroule entièrement dans une maison abandonnée (plus précisément dans l’escalier) où se retrouvent les personnages « improbables » d’un inconnu qui passait par là, d’un clochard qui était là, d’une « pucelle anglaise » qui tombe du ciel, de trois bandits qui attendent le train et d’une aventurière. Et de marche en marche, de paliers en rez-de-chaussée, les protagonistes courent après un collier venu de nulle part. Quant à la seconde partie, elle est conforme aux canons de l’époque qui voulaient qu’ un thriller se conclue par une poursuite, généralement entre un train et une auto. Espérant gagner le continent, la bande grimpe dans un train de marchandises. Et la course au collier reprend : chacun soupçonne chacun de l’avoir dérobé. Dans la mêlé les conducteurs du train sont tués ( plus précisément l’un est victime d’une balle alors que l’autre s’effondre mystérieusement). Et de bien entendu, le train fou fracasse le ferry-boat qui l’attend, l’inconnu sauve l’aventurière de la noyade avant de l’embrasser puis d’éternuer en cœur. Numero 17 constitue une sorte d’hommage à expressionnistes allemands. Les ombres allongées et inquiétantes des protagonistes sont exploitées par le cinéaste à la manière de Friedrich Wilhelm Murnau. Et l’hommage se poursuit lorsque dans le bus qui poursuit le train se dresse la silhouette de Nosferatu… C’est certainement cette atmosphère qui sauve ce film à l’intrigue confuse. |
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Des chats aux oiseaux |
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Ce dernier film d'Hitchcock, pour les studios BIP, est pour le réalisateur comme un laboratoire où il expérimente une multitude d’effets visuels et d’idées. La maison qui occupe toute la première partie du film et en constitue un personnage à part entière préfigure, à n'en pas douter, celle de Psycho ou de Rebbeca. Et que dire de l’escalier, élément de décor et d’action que l’on retrouvera aussi bien dans « Vertigo », « Soupçons », « Psycho », pour ne citer que ces films. Il en va de l’escalier comme des menottes ou de la nourriture, ces éléments présents dans ce film le seront tout au long de son œuvre. Et il en sera de même pour certaines « images ». Lorsque Sheldrake décide de se débarrasser de Ben, il le jette dans une baignoire. Le corps de Ben disparaît, seuls ses pieds dépassent. Cette scène, Hitchcock la reprendra quasi à l’identique dans « The Trouble with Harry ». Tout comme il « revisitera » le dénouement du film avec « Torn Curtain ». Mais l’essentiel n’est pas là. A Truffaut qui l’interroge au sujet de ce film le réalisateur explique : « J’ai pensé que ce serait une idée assez intéressante d'imaginer que cette maison abandonnée était le refuge de tous les chats vagabonds du quartier. Ainsi, à chaque coup de fusil, une centaine de chats monteraient ou descendraient des escaliers; ces plans devaient être séparés de l'action pour plus de commodité et pour que je puisse en jouer à ma guise au montage. Donc, un matin, nous étions prêts à tourner tous ces trajets de chats et j'avais installé la caméra en bas de l'escalier. En arrivant, je m'aperçois que le studio est rempli de gens. Je dis.- « Pourquoi tous ces figurants? » On me répond: « Ce ne sont pas des figurants, ce sont les propriétaires des chats. » En bas des marches, on avait installé une barrière. Chacun est venu déposer son chat. Enfin, nous étions prêts. Le cameraman a mis le moteur et l'accessoiriste a tiré un coup de fusil. Tous les chats, sans exception, se sont élancés par-dessus la barrière, pas un seul ne s'est engagé dans l'escalier! Ils erraient partout dans le studio et, pendant des heures, on a pu voir les propriétaires se promener dans les décors à la recherche de leur chat : « Minou, minou, minou... Ce chat est à moi... non, non c'est le mien », etc. Finalement, on a recommencé en installant un grillage. Tout était prêt de nouveau. « Moteur! »... « Bang! » Cette fois, il y a eu trois chats dans l'escalier, alors que tous les autres se sont accrochés au grillage, désespérément. J'ai dû renoncer à mon idée. » Trente ans plus tard, cette idée peut enfin voir enfin le jour avec l’adaptation d’un roman de Daphné du Maurier. Certes les chats sont devenus des oiseaux, mais il est vrai aussi que d’un simple effet visuel, l’idée est devenue le cœur de l’intrigue. |