Production: British International Pictures, 1931 Producteur: John Maxwell Réalisation : Alfred Hitchcock. Scénario: A. Hitchcock et Alma Reville, d'après la pièce de John Galsworthy Dialogues additionnels: Alma Reville. Directeur de la photographie: Jack Cox, assisté de Charles Martin. Montage: René Harrison et A, Gobet Studios: Elstree. Distribution: Wardour & F., 1931, 85 minutes; Etats-Unis, British International, 1931. Interprétation: Edmund Gwenn (Mi. Hornblower), Jill Edmond (Jill), John Longden (Charles), C. V, France (Mr. Hillcrest), Helen Haye (Mrs. Hillcrest), Phyllis Konstam (Chloe), Frank Lawtn (Rolfe) et Herbert Ross, Dora Gregory, Edward Chapman, R.E, Jeffrey, George Bancroft, Ronald Frankau |
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Synopsis |
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Dans la campagne anglaise, l’affrontement entre les familles Hillcrist et Hornblower fait rage. Hornblower, riche propriétaire terrien, tente de sauvegarder son mode de vie, face aux agissements de M. Hornblower, puissant industriel. Celui-ci, toujours à la recherche de terrain pour installer ses usines, espère acquérir « la Gentry », une propriété mitoyenne à celle des Hillcrist. Les deux hommes s’opposent dans une vente aux enchères, et c’est Hornblowe qui arrache l’affaire. Mais Hillcrist ne s’avoue pas vaincu, il embauche un détective privé dans l’espoir de ruiner la réputation de son adversaire. La manœuvre se révèle payante : le détective met à jour le passé trouble de Chloé, la belle-fille de Hornblowe. Avant son mariage, elle servait de prétexte à des hommes mariés voulant obtenir le divorce. Soumis au chantage, Hornblowe cède « la Gentry » aux Hillcrist. Malgré ses promesses, Hillcrist ne garde pas le secret et le scandale éclate. Chloé se suicide. Les Hornblower quittent la région |
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De la culpabilité |
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« La qualité exceptionnelle de Murder, les progrès considérables qu'ils révélaient, et son succès commercial plus qu'honorable, rendent mystérieuses les raisons pour lesquelles Hitchcock accepta ensuite un film d'après la pièce de John Galsworthy, The Skiu Game (1931). De raison, on ne voit guère que celle-ci :Galsworthy, auteur réputé, permettrait à Hitchcock de prouver la grandeur de ses ambitions. La pièce était mauvaise, démodée avant l'heure, mais peut-être Hitchcock estima-t-il pouvoir en " tirer quelque chose " Dans ce cas, il dut déchanter assez vite, car non seulement Skin Game est le plus mauvais film qu'il ait jamais signé, mais c'est aussi un ouvrage bâclé, dont l'auteur paraît s'être totalement désintéressé. » Rohmer-Chabrol Quant à Hitchcock, il dira à Truffaut au sujet de ce film : « il n’y a rien à en dire » L’affaire est entendue, Hitchcock n’avait pas choisi de tourner ce film aussi s’en désintéressa-t-il totalement. Pourtant ce film renferme trois éléments typiques de sa filmographie : le passé, la culpabilité et le chantage -chacun se nourrissant des autres. Et comme il est d’usage dans les triptyques, l’élément central, la culpabilité, est au cœur du drame, la cause de la perdition des protagonistes. Chloé est doublement coupable, coupable de son passé, coupable de donner prise au chantage. Mais elle n’est pas la seule fautive. Le comportement des Hornblower est lui aussi moralement condamnable. Ils n’hésitent pas à renier leur parole et à expulser de pauvres gens qui vivent sur des terres qu’ils ont récemment acquises. Quant aux Hillcrist sous leurs airs aristocratiques, ils sont tout aussi coupables. Pour préserver leur mode de vie, la quiétude de leur campagne, ils font appel à un personnage trouble –coupable-, recourent au chantage et seront responsables du suicide de Chloé. |
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Du bruitage |
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Dans "The Lodger", Hitchcock associait aux meurtres un éclairage particulier, il procède, ici, de façon identique avec la bande-son. Le film commence par une banale rencontre entre Jill Hillcrist et Rolf Hornblower. Jill est montée sur son cheval alors que Rolf est à bord de sa voiture. L’affrontement des deux familles n’est pas seulement visuel -cheval contre voiture- il est aussi sonore. Le bruit d’un moteur et les hurlements d’un klaxon deviennent la marque de la famille Hornblowe. Cette « figure de style » cinématographique semble négligeable aujourd’hui tant elle est utilisée, mais il convient d’avoir à l’esprit des conditions de tournage de l’époque. "Nous faisions les prises de vues avec quatre caméras et une seule bande sonore, car on ne pouvait pas couper le son" Hitchcock Le bruitage ne pouvait pas être ajouté par la suite, il fallait le produire au moment des prises de vues, en son direct. "Le son ajouté peut être diégétique ou extradiégétique selon que le son fait partie de l'action de la scène ou n'est qu'un son d'ambiance." Wikipedia Les bruits d’ambiance comme celui du vent, de la pluie, de la mer… dans la mesure où ils ne font pas partie de l'action, peuvent être considérés comme extradiégétique et sont, quoiqu’il en soit, traité de façon différente qu’un bruit d’un pas, de moteur, de klaxon… Si de nos jours, tous les bruits peuvent être issus d'un séquenceur musical, où ils ont été enregistrés, ou être des bruits totalement de synthèse, en 1930 ils résultaient de l’ingéniosité du bruiteur. De deux noix de coco naissait le galop d'un cheval ; d’une pastèque, que l'on frappait, jaillissait un coup de poing, et la mer entrait dans les studios sous la forme d’une tôle. Comme on peut le constater en matière de bruit le réel n’a pas cours. Voilà ce que semble avoir oublié, dans Blow Out (Brian de Palma), Jack Terri (John Travolta). Ce preneur de son, pour des films de série Z, se rend la nuit sur un pont près d'une forêt pour enregistrer des sons. Les bruits qu’il utilise sont réels, le hurlement d’une femme que l’on assassine, à l’écran, le sera aussi… |