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La Mutante |
De la légèreté… |
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Tel un naufragé sur une île déserte qui jette une bouteille à la mer, dans l’espoir qu’elle traverse les océans avant de s’échouer sur une côte hospitalière, une équipe de scientifiques lance dans l’espace infini une sonde porteuse d’un message. Quelques années plus tard (1) une réponse leur parvient du fin fond de l’univers sous la forme d'un échantillon d'ADN extraterrestre qu’accompagne un mode d’emploi (2). Et que croyez-vous que font nos chercheurs ? Ils se conforment aux instructions que les extraterrestres ont pris soin de joindre à leur colis. Ils mixtionnent cet ADN avec de l’ADN humain ! Histoire de voir comment se comportera l’être hydrique qui en résultera. Le résultat dépasse leurs espérances : une quadrilogie nait… |
De l’être. |
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Mais l’affaire, déjà fort mal emmanchée, connait immédiatement de nouvelles avanies. Si Ben Kingsley (3) est tout indiqué pour camper l’« apprenti sorcier » hautain, impassible et responsable de tous les déboires à venir, les comparses (4), dont il est flanqué, se révèlent peu convaincants dans leurs rôles de chasseur de monstre. Mais ceci serait de peu d’importance si l’hybride n’était pas affublé de l’anatomie d’une jeune débutante nommée Natasha Henstridge. Le Bien est trop insipide face à ce Mal éblouissant ! Et le spectateur dérouté hésite quant au parti à adopter. Doit-il se ranger derrière les combattants de l’humanité menacée ou aux côtes de la belle Natasha Henstridge (5) ? Certes, à la fin du métrage, la Mutante se débarrasse de sa charmante enveloppe féminine (6), mais le mal est fait et la messe est dite. |
Au néant. |
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Probablement alertés de ce mal qui ronge la saga en gestation, les scénaristes tentent désespérément d’infléchir radicalement la distribution des personnages lors de la deuxième apparition sur les écrans de la mutante. Natasha Henstridge passe du Mal au Bien et rejoint le camp de Michael Madsen et de Marg Helgenberger, seuls survivants de l’opus précédent. Quant au Mal, il revêt les apparences d’un homme assoiffé de sexe qui ne tue, dans d’atroces souffrances, que des femmes plus belles les unes que les autres. Les studios auraient-ils découvert le Saint-Graal permettant d’assurer à la saga longévité ? Malheureusement, le spectateur avide de sensations et de beauté déchante très vite. La métamorphose de Natasha Henstridge s’accompagne visuellement par son enfermement dans une cage en verre, ce qui la cantonne dans un second rôle de peu d’intérêt. Certes, les apports esthétiques du cinéma gore mêlés à ceux du cinéma de charme pimentent le métrage de quelques moments forts, mais ce cocktail ne parvient pas à dissimuler la vacuité scénaristique (7). |
De la légèreté de l’être au néant |
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Le troisième volet des mésaventures de la Mutante marquerait-il la Renaissance du séduisant hybride ? Que nenni ! Que nenni ! Le regardeur déçu s’imaginait avoir touché le fond lors du précédent épisode. Ce n’était qu’illusion. Cette mutante, troisième génération, fait fi de tout (8) et en premier lieu de la moindre étincelle d’esthétique, pour se couler dans la médiocrité visuelle d’un téléfilm bâclé. Mais force est de constater que le néant est à double fond puisque le curieux a droit, trois ans après ce désastre, au salmigondis d’une mutante 4 (9). |
1- 20 ans plus tard. Ce qui situerait le fin fond de l’univers à une distance maximale de 190000 milliards de km 2- Probablement en code binaire 3- Mais que faisait-il dans cette galère lui qui venait de tourner « La Jeune Fille et la Mort » de Roman Polanski 4- Michael Madsen, Marg Helgenberger et Forest Whitaker ont du mal à masquer le désintérêt qui les habite. 5- Et ceci d’autant plus qu’elle ne rechigne pas à exposer sa nudité 6- Pour sombrer dans le ridicule 7- En fait le scénario de ce métrage le cantonne le susdit métrage au statut de remake. 8- Mais il fait fi aussi du moindre semblant de vraisemblance quant à l’élément déclencheur 9- La nullité de ce métrage métamorphose les précédents en véritable chef-d’œuvre. |