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Emmanuelle |
D’Emmanuelle Arsan… |
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Est-elle née en 1932 ou en 1940 ? Toujours est-il qu’elle vint au monde à Bangkok et qu’elle épousa, en 1956, le diplomate français Louis-Jacques Rollet-Andriane. Trois ans plus tard, l’éditeur, Éric Losfeld, publiait un roman aussitôt interdit de publicité, dont l’auteur, qui se cachait sous le nom de plume d’Emmanuelle, serait Marayat Rollet-Andriane (1). Parallèlement à cette carrière d’écrivaine sous pseudonyme, Marayat se tourna vers le cinéma où elle interpréta le rôle Maily aux côtés de Steve McQueen et de Richard Attenborough dans « La Canonnière du Yang-Tse » de Robert Wise. En 1975, elle signa le scénario du film « Laure » avec Annie Belle (2) en vedette et elle-même dans un rôle secondaire. (3) |
… A Sylvia Kristel |
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En 1974, portée par le souffle de la libération sexuelle comme partie indissoluble de la révolution mondiale qui laboure l’esprit de toute la génération de 68 (4), Emmanuelle rencontre le cinéma sous la houlette intéressée de Yves Rousset-Rouard, dans la personne de Sylvia Kristel et sous la direction stylistique de Just Jaeckin. Le mariage entre exotisme et l’érotisme, entre saphisme et triolisme, onanisme et coït verso-recto, attire des millions de spectateurs dans les salles obscures. Loin des soucis du quotidien, à des années-lumière du 11 septembre et à une décennie du Sida, chacun peut, durant une heure trente, se convaincre de la justesse du slogan « faites l’amour et pas la guerre » (5), surtout lorsqu’est offert pour modèle de gardienne de ce paradis à venir Sylvia Kristel. Ainsi naît le mythe d’Emmanuelle (6), mythe personnifié à jamais par l’actrice néerlandaise. Et d’un film à l’autre, Sylvia Kristel se lit chaque fois un peu plus à son personnage, jusqu’à ne faire qu’une. Sylvia Kristel accède à la renommée mondiale, mais aussi à la chosification. Elle n’existe plus qu’à travers la beauté de son corps et lui seul intéresse les cinéastes et producteurs. Elle sera Lady Chatterley dans « L'amant de Lady Chatterley » (7), Mata Hari dans le film éponyme (8), Nicole Mallow dans « Leçons très particulières » (9) avant de n’apparaitre que dans des rôles secondaires. Atteinte d’un cancer, telle « Alice ou la dernière fugue » (10) elle décède le 17 octobre 2012 à Amsterdam, laissant cruellement vide le fauteuil en osier d’Emmanuelle. |
La victoire des avatars |
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Face au succès du film de Just Jaeckin, les producteurs italiens ont exploité le filon durant une décennie, conjuguant allégrement film d’exploitation à tous les modes : Blaxploitation, Sexploitation, cannibalexplotation, Shockexploitation, W.I.P.. A partir du milieu des années 90, c’est au tour de la télévision de reprendre le personnage, en le dédoublant. Puis, comme emportée par un vent mauvais, Emmanuelle traverse l’océan pour débarquer aux USA où elle embarque dans l’espace, rejoint l’an 2000, passe en collection privée avant de voyager dans le temps en 3D. (11) |
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Toutes ces pérégrinations l’ont vu prendre le corps de : • Monique Gabrielle - Emmanuelle 5- • Natalie Uher –Emmanuelle 6- • Laura Gemser –Série Black Emanuelle- • Marcela Walerstein et Sylvia Kristel - - Collection Emmanuelle - film TV • Krista Allen –Série Emmanuelle dans L'espace • Holly Sampson –Série Emmanuelle 2000 • Natasja Vermeer - Série Emmanuelle Private Collection et Emmanuelle Tango • Allie Haze –Série Emmanuelle Through Time- |
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1- Selon certains témoignages, le véritable auteur des romans serait Louis-Jacques Rollet-Andriane « Losfeld eut à la fois la chance et la malchance d’être l’éditeur d’Emmanuelle. Chance, car quand un diplomate désira raconter les récits de ses rapports pour le moins libres avec sa femme eurasienne, il eut l’idée charmante de faire attribuer ce récit à son épouse sous le pseudonyme d'Emmanuelle Arsan. Cette magnifique histoire d’amour très troublante fut immédiatement interdite, Losfeld une nouvelle fois condamné à de la prison et à une forte amende. Néanmoins, ce livre se vendit, sous le manteau, en millier d’exemplaires, voire dizaine de milliers. Comme sa vente était interdite, elle ne pouvait se faire qu’illégalement et en cash. » Francis Leroi, 70, années érotiques, éditions La Musardine, 1999 2- Elle est connue pour son rôle de vampire dans « Lèvres de sang » (1974), de Jean Rollin. Notons que le film ressort en 1975 dans une version pornographique intitulée « Suce-moi vampire » 3- Une nouvelle fois, certains affirment que ce film serait l’œuvre de Louis-Jacques Rollet-Andriane. 4- Un des best-sellers du moment est « la révolution sexuelle » de Wilhelm Reich 5- « Make Love, Not War » est aussi devenu « Faites l'amour, pas la guerre... ou bien faites-les deux : mariez-vous ! » 6- Mythe qui entre peut-être en résonance avec le mouvement de libération de la femme 7- Film de 1981, réalisé par Just Jaeckin 8- Film de 1985, réalisé par Curtis Harrington 9- Film de 1981, réalisé par Alan Myerson 10- Sublime film de Claude Chabrol réalisé en 1977 et où l’actrice démontre son immense talent. 11- Il existe une infinité d’avatars du personnage. Si l’on comprend à quel besoin répondait l’érotisme soft de l’Emmanuelle de 1974, on comprend moins quel public il séduit à l’heure de l’internet hard… |