|
|
Russ Meyer |
Une brève biographie |
|
Russ Meyer voit le jour le 21 mars 1922 à San Leandro en Californie. Il sera élevé par sa mère Lydia qui à l’âge de 14 ans lui offre une caméra Univex. Et c’est dès ses 15 ans qu’il obtient ses premiers prix. La rumeur du web veut que de tempérament timide il consacre ces années-là à la lecture des « Lil' Abner Stories », bandes dessinées d'Al Capp, qui mettent en scène un homme aussi stupide que musclé et sa sculpturale épouse, Daisy Mae, avant de fréquenter assidûment les shows « burlesques » En 1942, il est affecté dans une unité des actualités de l’US Army. Sa compagnie, placée sous le commandement du général Patton, débarque à Omaha Beach en 1944, deux mois plus tard il entre dans Paris avant de prendre la route de l’Est et participer à la libération des camps de concentration. Autant de moments qu’il filme, laissant pour l’histoire de précieux documents. En décembre 1945, il regagne la Californie où il trouve un emploi dans l’industrie cinématographique. Toujours féru de shows « burlesques », spectacle érotique mêlant musique, danse, sketches et strip-tease, il réalise pour un ami, patron d’un cabaret, « The French peep-show ». Parallèlement, il se consacre à la photographie de charme et c’est ainsi qu’en 1955, deux ans après sa création le magazine Playboy accorde à son modèle favori, Eva Meyer, sa double page centrale. Pour autant la fièvre du cinéma ne la pas quitté et en 1959, il tourne son premier long métrage, « The Immoral Mr. Teas ». Ce film aurait rapporté 40 fois son coût de production. Voilà qui convainc Russ Meyer de persévérer dans cette voie. |
Le code Hays |
|
Dans une Amérique régenté par le code Hays depuis 1934, qui soumet l’industrie du cinéma à la doxa judéo-chrétienne, l’apparition du « nudie » sur les écrans, fussent-ils confidentiels, constitue une véritable déclaration de guerre aux valeurs morales qui régissent le moindre recoin de la société. En pointant les canons de la sexualité vers le cœur de l’ordre bourgeois, Russ Meyer contribue de façon décisive à l’insurrection artistique qui aboutit, en 1966, à l’abrogation du code Hays, puissant cran d’arrêt à la création. Et si l’on observe attentivement ses films, il apparaît qu’au-delà des exhibitions qui les parcourent et qui sont en soi autant d’acte d’insoumission, Russ Meyer pimente ses images de références provocatrices aux règles de la censure. Les meurtres y sont brutaux et détaillés (1). La famille et le mariage sont toujours discrédités (2). Les perversions sexuelles sont omniprésentes, jusqu’ à l’homosexualité, déviance suprême à cette époque, qui n’est jamais absente. Et il en va de la religion comme de la patrie, elle n’est jamais respectée. |
Une politique d’auteur |
|
Pour mener ce combat contre la censure et autres hypocrisies, Russ Meyer recourt à plusieurs « genres » filmiques qui confluent tous dans l’excentricité et la profusion. La première veine charrie des films tels que « Pandora Peaks », « Mondo Topless », « Europe in the Raw » ou « Erotica ». Montés à l’identique ils enchaînent nerveusement les images de « nudies », parfois identiques d’un film à l’autre, à des plans de déserts, de villa ou de monuments. Des films comme « The Immoral Mr. Teas », « Eve and the Handyman », « Wild Gals of the Naked West », « Fanny Hill » relèvent, quant à eux, de cinéma de gag si cher aux muets –d'ailleurs, certains de ces films sont effectivement sans paroles. Une troisième catégorie thématique renferme des films violents comme « Faster, Pussycat! Kill! Kill! », « Motorpsycho », « Black Snake » ou encore, mais dans une moindre mesure, « Beyond the Valley of the Dolls », « Cherry, Harry and Raquel », films souvent précurseur à bien des égards. Vient enfin la série des Vixens, sorte de résultante de ces divers apports : nudies, insolite, gag, caricature et violence. Toutes les différences s’effacent pour ne plus former qu'un seul et même système filmique fondé sur l’extravagance de scénarios que l’on imagine inexistant et l’excès en tout, en anatomie féminine, en situations incongrues ou invraisemblables, en dialogues crus, en images baroques, en angle de prises de vues improbables, en cuts nerveux et illogiques. Autant d’éléments qui fondent une politique d’auteur tout en disqualifiant ceux qui n’ont voulu voir en Russ Meyer que l’image d’une paire de seins démesurée, que le roi de la sexploitation. |