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Vicky Cristina Barcelona |
Retour à Woody Allen |
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Vicky Cristina Barcelona |
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Deux jeunes américaines passent l’été à Barcelone… lorsqu’un soir, Juan Antonio, un artiste peintre croisé dans un restaurant, leur propose de l’accompagner à Oviedo... Le charmeur ne cache pas ses intentions et même si les deux amies ont une approche différente de la vie, elles acceptent l’invitation. On pensait que Juan Antonio ferait l’amour avec Cristina et c’est avec Vicky qu’il goûte aux plaisirs de la chair On pensait que le séjour barcelonais de Vicky allait prendre une nouvelle direction et c’est Cristina qui s’installe chez Juan. On pensait que Juan et Cristina allaient former un couple heureux et c’est ex-femme de Juan qui s’installe avec eux… |
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Quelques mots sur |
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Pour son quatrième film européen le réalisateur a planté sa caméra dans un Barcelone estival et un Oviedo sensuel, dans un Barcelone enfiévré et un Oviedo nocturne, alors qu’il semble avoir bâtit son scénario autour d’un chiffre et d’un trou noir : le chiffre trois et un extrait d’un film en noir et blanc d’Alfred Hitchcock. La présence du chiffre trois s’étend jusqu’au titre du film : Vicky Cristina Barcelona. Et c’est bien autour de cette figure que vont s’organiser les rapports entre les personnages du film. Lorsque Juan Antonio invite pour un week-end les deux filles à Oviedo, il ne tente pas de séduire l’une ou l’autre des filles, mais les deux. Et il n’hésite pas, par la suite, à les inviter toutes les deux dans sa chambre d’hôtel. Plus tard, lorsque Cristina se sera installé chez Juan Antonio, le chiffre trois fera une irruption volcanique en la personne de Maria Elena. Puis il s’installera naturellement dans l’amour partagé… On pensait les amis qui accueillaient les deux Américaines à Barcelone être un couple, on découvre à la fin du film que l’épouse a un amant : l’associé de son époux. Mais la présence du chiffre trois n’est pas seulement visible à l’écran, elle envahit le hors-champ des relations pour un imbroglio sentimental et sexuel que l'on imagine sans conséquences. Au couple éphémère que constituent Vicky et Juan Antonio, s’ajoute, en arrière-plan invisible et parfois de façon drolatique, Doug, le fiancé de Vicky, quand ce n’est pas Cristina que l’on sait clouée dans son lit de douleur. De façon symétrique, sur le couple, un temps paisible, Cristina - Juan Antonio plane l’ombre de Vicky que l’on devine envahie par le doute. Et les trios se font et se défont au rythme des sentiments, des circonstances, des silences et des renoncements. Ils se font et se défont… pourtant un élément en semble invariant ; Juan Antonio est de toutes les combinaisons. Dans ces conditions, ne peut-on pas dire qu’il est le personnage central, celui autour de qui s’organise la vie? Mais si tel est le cas qui est-il? La réponse est peut-être contenue dans l’extrait du film d’Alfred Hitchcock, « L'ombre D'un Doute », que Woody Allen glisse au milieu de « Vicky Cristina Barcelona ». Dans ce film, une jeune fille, prénommée Charlie, voue une admiration sans limites à son oncle, qui n’est autre qu’un tueur de veuves. A la fin du film (l’extrait inséré ici) l’oncle, qui se sait découvert, tente de tuer sa nièce. Et si Juan Antonio était cet oncle rapace qui vit au crochet de ceux qu’il croise et n’hésite pas à détruire. C’est ce que semble dire Maria Elena qui l’accuse de lui voler son inspiration artistique, c’est ce que semble découvrir Cristina lorsqu’en fin de course elle se retrouve seule, c’est peut-être la conclusion qui s’impose à Vicky lorsqu’elle ment à son fiancé. Sous l’apparente légèreté des propos de ce film, ne se cache-t-il pas un autre film? Un film à la noirceur infinie, une leçon de morale politique, une réflexion désabusée sur les rapports humains exclusivement fondés sur des rapports de force qui se dissimulent derrière la beauté et le charme. |
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