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Kristin Griffith >> Flyn ||| Mary Beth Hurt >> Joey ||| Richard Jordan >> Frederick ||| Diane Keaton >> Renata ||| E.G. Marshall >> Arthur ||| Geraldine Page >> Eve ||| Maureen Stapleton >> Pearl ||| Sam Waterston >> Mike ||| Missy Hope >> Joey jeune ||| Kerry Duffy >> Renata jeune ||| Nancy Collins >> Flyn jeune ||| Penny Gaston >> Eve jeune ||| Roger Morden >> Arthur jeune ||| Henderson Forsythe >> Juge Bartel |
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Intérieurs |
Retour à Woody Allen |
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Intérieurs |
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Arthur et Eve sont mariés depuis de longues années. Ils ont eu trois filles. Eve est décoratrice d’intérieur, une décoratrice obsessionnelle qui flirte avec la dépression nerveuse. autant de raisons qui poussent son époux à prendre du recul. Ce recul sera définitif et renverra les trois filles à leurs obsessions. |
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Quelques mots sur |
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Avec «Intérieurs» (1) Woody Allen signe son septième film en tant que réalisateur et déserte, pour la première fois (2), l’écran pour se retirer derrière la camera. Woody Allen a conçu une immense admiration pour Ingmar Bergman depuis l’époque où il fréquentait le lycée. Cette découverte, il la doit au film «Monika», film au sujet duquel JL Godard écrivit en juillet 1958, dans le numéro 680 de la revue Arts : «Il faut avoir vu Monika rien que pour ces extraordinaires minutes où Harriett Andersson, avant de recoucher avec un type qu'elle avait plaqué, regarde fixement la caméra, ses yeux rieurs embués de désarroi, prenant le spectateur à témoin du mépris qu'elle a d'elle-même d'opter involontairement pour l'enfer contre le ciel. C'est le plan le plus triste de l'histoire du cinéma.» Et c’est un vibrant et explicite hommage que le réalisateur rend ici au cinéaste Suédois (3). Par l’introduction d’images issues directement des films de Bergman (4), par l’histoire fort similaire à celle de «Cris et chuchotements», mais aussi de par la construction en un permanent «flash-back» (5) et surtout de par une esthétique particulière. Design des décors d’intérieurs où la couleur cède la place au gris et autres beiges sans éclats; absence quasi totale de localisation des lieux, entre ville et bord de mer balayée par le vent; utilisation quasi perpétuelle du plan fixe frontal et d’une succession de plans et de contre-plans en l’absence de toute amorce. Lorsque la famille est réunie autour du repas et que le père annonce son intention de faire un break dans sa vie de couple, la caméra cadre successivement chaque visage comme s’il était seul au milieu de nulle part, comme s’il était le monde (6). «Le gros plan n'arrache nullement son objet à un ensemble dont il ferait partie, dont il serait une partie, mais, ce qui est tout à fait différent, il l'abstrait de toutes coordonnées spatio-temporelles, c'est à dire il l'élève à l'état d'entité. Le gros plan n'est pas un grossissement et, s'il implique un changement de dimension, c'est un changement absolu» Gilles Deleuze. Et pour abstraire un visage, Woody Allen ne se cantonne pas au gros plan, il supprime aussi, à la manière de Bergman, la profondeur de champ. La scène où les trois filles assistent au mariage de leur père en fournit un exemple parfait. Les filles et leurs amis sont alignés, la caméra fait le point sur le profil de la Joey puis elle passe à celui de Renata, laissant dans le flou Joey et son ami, enfin elle cadre le profil de Flyn, repoussant Joey, Renata et leurs amis au-delà de la profondeur de champ. Quant aux thèmes, ils ne sont par très éloigné de ceux qu’abordait Ingmar Bergman : la peur de la solitude, le déchirement des couples (7), l'absence de Dieu et donc la peur de la mort. La création ne serait qu’un moyen pour surmonter ces peurs (8). C’est ce que semble dire Renata dans un face à face avec la caméra « Qu'est-ce que j'essaie de créer de toute façon? Dans quel but? Pourquoi, à quelle fin? M'importe-t-il qu'on lise mes poèmes après ma mort? Est-ce censé être une sorte de compensation? J'avais l'habitude de penser... que ce l'était, mais... » Si Woody Allen abandonne aussi les dialogues brillants et débordants d’esprit pour des échanges banals - que l’on pourrait croire plat- il ne serait pas lui même s’il n’introduisait pas, à un moment ou à un autre, une pirouette dans son propos. Et cette tâche est dévolue à la nouvelle compagne du père. Vêtue de rouge (9), couleur criarde parmi les tons neutres des intérieurs, elle symbolise la joie de vivre, l’absence de peurs et pourtant ce n’est pas dans l’art qu’elle puise sa force, mais la cuisine, le vin, la danse (10) et les après-midi au soleil (11)… 1- «Intérieurs»… mais de quels intérieurs s’agit-il? De l’intérieur de chacun? Des intérieurs que décore Eve ? Le lien entre les deux est peut-être au cœur de la dépression d’Eve, de cette femme qui s’est enfermée dans son intérieur? 2- Le film aurait-il eu la même force s’il avait fait un autre choix? 3- En l’absence de toute charge érotique, si l’on excepte la courte scène du garage 4- La main que pose contre la vitre l’une des filles n’est-elle pas celle que l’on voit dans la séquence d’ouverture de « Persona » ? Le visage de la mère qui regarde la télé ne sort-il pas tout droit de «Cris et chuchotements» ? 5- «Bergman est le cinéaste de l'instant. Sa caméra cherche une seule chose : saisir la seconde présente dans ce qu'elle a de plus fugitif et l'approfondir pour lui donner valeur d'éternité. D'où l'importance primordiale du «flash-back» puisque le ressort dramatique de chaque film de Bergman n'est constitué que par une réflexion de ses héros sur le moment et sur leur état présent» JL Godard dans Arts n°680 -1958 Notons que Bergman rompra avec cette technique quelque temps plus tard 6- Des scènes à la structure semblable se déroulent tout au long du film - l’une d’entre elles étant celle où le père annonce aux filles qu’il va se remarier. 7- Notons que le père annonce à sa femme son intention de divorcer dans une église 8- «Depuis longtemps, je vivais avec la peur de mourir et j’avais écrit entre autres «Le septième sceau» à cause de cette peur. Cette expérience m’a apaisé.» Bergman 9- Faut-il y voir une autre référence à «Cris et chuchotements», à ses murs rouges et ses fondues au rouge ? 10- Elle est la seule à danser sur une musique de Jazz au cours du mariage, dans ce film quasiment sans bande musicale. 11- « Je préfère les plages (…) C'est assez des ruines. Combien de ruines peut-on voir? Mais le sable chaud, la mer bleue, je n'en ai jamais assez. » |
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