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Woody Allen >> Andrew ||| Mia Farrow >> Ariel ||| José Ferrer >> Leopold ||| Julie Hagerty >> Dulcy ||| Tony Roberts >> Maxwell ||| Mary Steenburgen >> Adrian ||| Adam Redfield >> Student Foxx ||| Moishe Rosenfeld >> Mr. Hayes ||| Timothy Jenkins >> Mr. Thomson ||| Michael Higgins >> Reynolds ||| Sol Frieder >> Carstairs ||| Boris Zoubok >> Purvis ||| Thomas Barbour >> Blint ||| Kate McGregor-Stewart >> Mrs. Baker |
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Comédie érotique d'une nuit d'été |
Retour à Woody Allen |
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Comédie érotique d'une nuit d'été |
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Andrew et sa femme Adrian reçoivent deux autres couples pour le week-end dans leur maison en lisière de forêt. Leopold, cousin d’Adrian, et fiancée, Ariel, ancien amour d’Andrew ; Maxwell, médecin érotomane, et sa conquête du moment, Dulcy une de ses infirmières. Les esprits de la forêt vont se charger de dérégler ce bel assemblage et de déchainer les libidos |
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Quelques mots sur |
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Pour cette désertion des décors urbains et contemporains, le réalisateur a mélangé les références et les allusions. « Comédie érotique d'une nuit d'été », comment ne pas penser aussitôt au « Songe d'une nuit d'été » de William Shakespeare, cette pièce où la forêt, ses esprits, ses souverains et ses elfes participent activement au désordre amoureux de deux couples qui pensaient y trouver refuge? Comment ne pas y penser, de par la similitude des titres, de part la place que la forêt y occupe, de part la confusion des sentiments qui y règne (1) ? Mais comment ne pas penser aussi à « Sourires d'une nuit d'été » d’Ingmar Bergman? Leopold, le cousin d’Adrian, professeur de philosophie rationaliste, ne serait-il pas le clone presque parfait du maître Fredrik Egerman? L’un, Leopold, doit épouser une jeune fille beaucoup plus jeune que lui, l’autre Fredrik a déjà épousé une jeunette… Par contre, si dans à « Sourires d'une nuit d'été » c’est Fredrik qui retrouve son ancienne maîtresse, ici ce n’est pas Leopold mais Andrew qui revoit son amour d’antant. Shakespeare, Bergman… Bergman encore autour de la balancelle où s’installent Ariel et Adrian, tout de blanc vêtues, à la manière d’Agnès, Maria, Karin et Anna dans « Cris et chuchotements ». Est-ce encore pour rendre hommage à ce grand cinéaste que Woody Allen affuble Maxwell d’une barbe identique à celle qu’arborait Erland Josephson?(2). Bergman, Shakespeare… Shakespeare de nouveau par le canal de la musique de Felix Mendelssohn dont l'une ses œuvres les plus célèbres est le concerto pour violon « Songe d'une nuit d'été ». Et cette intertextualité ne se cantonne pas à ces deux noms. Il y a du Jean Renoir et du « Déjeuner sur l’herbe » dans le pique-nique qu’organisent les trois couples. Peut-être aussi du Dante Rossetti et de l’« Helen de Troie » dans la coiffure de Mia Farrow, de quelques peintres paysagistes dans les plans campagnards, du Fellini dans la patiente qu’enlace Maxwell lors de sa première apparition à l’écran, et, peut-être, du Tarzan et Jane dans l’image où celui-ci et Ariel sont perchés sur la branche d’un arbre (3) - à moins que ce ne soient les arbres que peuplent Robin des Bois et ses partisans (4). C’est sur ce melting-pot référentiel, qui induit un enchevêtrement d’esthétiques diverses (5), que le cinéaste déploie son propos : les sauts, sursauts, retour de flamme et confusion de six libidos grisées par les odeurs champêtres. Quelque 10 ans plus tôt le cinéaste signait « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander », ce film vient confirmer que son intérêt pour cet objet du désir ne s’est pas émoussé. Maxwell tombe amoureux d’Ariel, qui doit épouser Leopold. Pendant ce temps Leopold rêve d’enterrer sa vie de garçon dans les bras de Dulcy. Andrew, qui n’a plus de rapports sexuels avec sa femme Adrian, déclare son amour à Ariel qui hésite entre les trois. Pourtant, lorsque Maxwell lui révèle qu’il a couché avec son épouse Adrian, son trouble est à son comble. Cette débandade des libidos atteint son apogée au milieu du film, lorsque chacun et chacune tentent d’échapper à la surveillance de son conjoint pour rejoindre l’élu de son cœur au bord d’un ruisseau, sous l’arche d’un pont (6)- même si en guise de cœur mieux vaudrait parler de cul. Car autant ce film parle de sexe, autant il parle peu d’amour et encore convient-il de préciser que le sexe y est primitif, animal. De ce point de vue les dialogues sont des plus éclairants. « Adrian : Je t'ai bien vu lorgner ses plantureuses amies. Andrew : Je l'admets, je regarde et je salive… Je salivais le jour où je t'ai rencontrée. » Et lorsque Maxwell parle de sa nouvelle amie Dulcy, c’est en ces termes : « Elle émet des vibrations animales » Plus tard lors de leur première rencontre, Ariel et Maxwell échangent ces propos : « - Nous nous reconnaissons à l'odeur. - Chez les animaux, nous serions mariés. » Quant à Andrew et Ariel, ils n’évoquent pas leurs souvenirs en des termes poétiques : « - J'étais timide et nous n'étions pas amoureux. - C'était du désir animal. - C'était juste ce que j'attendais. » Ou encore « - Tu ne pensais qu'à la passion animale. - Et à quoi pensais-tu? » Maxwell ne fait guère preuve de plus de délicatesse lorsqu’il parle des femmes et plus particulièrement d’Ariel : « Le couvent en fait des chaudes au lit. » En conseillère conjugale, Dulcy va droit au but : « Souvenez-vous, voici la règle... pas assez de spermatozoïdes et ils sont irrationnels. Trop et alors, ils feront ce que vous voulez. » Et lorsqu’Adrian confesse sa liaison avec Maxwell, elle est des plus explicites : « C'était une nuit de pleine lune, juste parfaite. Il m'a touché la poitrine et mon sang s'est mis à bouillir. » Quant au brillant professeur Leopold, il n’est pas en reste lorsqu’il s’adresse à Dulcy : « - Nous étions comme deux sauvages. C'était à l'ère préhistorique, et j'étais un Neandertal, affrontant mes ennemis avec des armes primitives... et vous faisant l'amour sans inhibitions. » Mais il est vrai que celle-ci ne demande pas mieux « - Léopold, mords-moi. Plus fort… plus fort. Léopold : Je ne peux pas. Ce sont de fausses dents. » 1- « Les fantômes n'existent que dans Shakespeare » déclare Leopold lorsque Andrew fait fonctionner sa boule spirituelle 2- Acteur fétiche d’Ingmar Bergman 3- Maureen O’Sullivan, la mère de Mia Farrow a tourné dans la série des « Tarzan » de la MGM avec Johnny Weissmuller, en particulier dans "Tarzan the Ape Man" (1932) 4- Voir « Les Aventures de Robin des Bois » de Michael Curtiz et William Keighley (1938, VM), avec Errol Flynn 5- Les ruptures les plus marquantes étant celles où le cinéaste s’attarde à filmer la nature 6- Dans la pure tradition du théâtre de boulevard. |
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