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Anthony Franciosa - Peter Neal || Daria Nicolodi - Anne || John Saxon - Bullmer || John Steiner - Christiano Berti || Giuliano Gemma - Détective Germani || Carola Stagnaro - Détective Altieri || Christiano Borromeo - Gianni || Veronica Lario - l'ex femme de Peter Neal || Ania Pieroni - Elsa Manni || Mirella D'Angelo - Tilde || Lara Wendel - Maria Alboretto || Lamberto Bava - le réparateur de l'ascenseur || Michele Soavi - Petit ami de Maria, garçon sur la plage || Eva Robin's - la jeune femme de la plage || Dario Argento - Narrateur |
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Ténèbres |
![]() Retour à Dario Argento |
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Ténèbres |
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L’écrivain américain, Peter Neal, en tournée de promotion pour son dernier roman policier « Tenebre », débarque à Rome quelques heures après qu’un meurtre particulièrement féroce ait été commis. La victime a été retrouvée égorgée, avec des pages de « Tenebre » enfoncées dans la bouche… (Image 1) Et la série de meurtres va se poursuivre avec toujours autant de sauvagerie : • Tilde, une journaliste lesbienne, et son amie bisexuelle sont assassinées au rasoir (Image 3-4) • Maria, la fille du propriétaire de l’hôtel où séjourne Neal, est tuée à coups de hache (Image 5). • Christiano Berti, un journaliste de télévision, a le crâne fendu d’un coup de hache(Image 6). • Bullmer, l’éditeur italien de Neil, est poignardé. • Sa maitresse, la femme de Neil, est massacrée à la hache (Image 8) • Gianni, attaché de presse de Neil, est étranglé (Image 7) La prochaine victime de ce tueur en série sera-t-elle Neal ? |
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Quelques mots sur |
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Après avoir réalisé les deux premiers volets de ce qui deviendra la « Trilogie des Enfers » ou « Les trois Mères », le réalisateur se tourne de nouveau vers son genre de prédilection, le giallo, polar au scénario « classique » (1) qui mélange sexe et sang, arme blanche et gants noirs. (2) Ce retour aux sources, marque aussi la réintroduction de l’élément onirique dans la narration, à la manière d’« Il était une fois dans l’Ouest » puisque ses scènes rêvées contiennent la clé du mystère (3), c'est-à-dire les motifs du basculement dans la folie meurtrière, mais maitrisée. Contrairement à ce que laisse présager le titre de ce métrage, l’ambiance lumineuse ne sera pas au sombre, mais au blanc éclatant, y compris lors des scènes nocturnes. Autant dire que les flots de sang, qui vont se déverser sur l’écran, empêcheront le spectateur d’identifier le meurtrier et ceci d’autant plus que le cinéaste s’amuse à mêler des affaires distinctes à des scènes de rêves difficilement discernables, voire à introduire de « fausses images » ou à en retirer d’autres (4). Le spectateur devra attendre que Gianni lui explique ce qui dans le meurtre du journaliste Christiano Berti infirme la thèse du tueur unique alors qu’ils ont tous les deux assisté à la même scène. Mais à la différence de Gianni, le spectateur est obnubilé depuis le commencement du film par les abondantes éclaboussures de sang sur les murs blancs ou les moquettes claires. Au moins trois moments du film méritent une attention particulière, car ils dévoilent quelques dessous du cinéma horrifique : • Lors du dénouement, au terme d’une dizaine de minutes de violence hallucinante, l’assassin, que l’inspecteur Giermani menace de son revolver, met fin à ses jours en s’égorgeant. Giermani, en compagnie d’Anne, quitte la maison puis, quelques minutes plus tard, revient sur les lieux. Le corps de l’assassin a disparu ! Giermani s’accroupit devant la flaque de sang, saisit le rasoir qu’a utilisé l’assassin pour se suicider. Et Dario Argento nous révèle en une image le truc central du cinéma gore : tout ça c’est pour de faux. Alors inutile de l’accuser de sexisme puisque rien n’est vrai au cinéma (5). • Abandonnée pour d’obscures raisons au milieu d’un quartier résidentiel, Maria n’a d’autres choix que de rentrer à pied. Passant devant un portail, elle déclenche la rage d’un chien… Contre toute attente, celui-ci franchit la haute clôture et se lance à la poursuite de la malheureuse. Chien savant, chien fou ou possédé par le démon (6) ? Dario Argento recycle avec adresse le concept des « oiseaux », de ces attaques inexpliquées d’animaux domestiques ou réputés inoffensifs (6). • L’amie de Tilde, après une heure ou deux d’amour avec un homme, est rentrée et c’est une serviette autour du corps qu’elle apparait en haut de l’escalier. La dispute entre les deux femmes est immédiate. Folle de jalousie Tilde se réfugie dans sa chambre du bas pendant que son amie gagne une pièce du premier étage où elle enclenche un disque. Un bruit attire Tilde à la fenêtre. La caméra la cadre depuis l’extérieur puis elle l’abandonne pour un travelling ascendant en très gros plan le long de la façade. Elle passe devant des fenêtres aux volets fermés, semble pénétrer dans la chambre de l’amie de Tilde. Mais elle y renonce, et reprend son trajet jusqu’au toit. Les ardoises défilent latéralement dans le cadre. La caméra atteint le bord du toit avant d’entreprendre un mouvement descendant… jusqu’à cadrer une tenaille qui cisaille les attaches d’un volet. (7) Ce mouvement de caméra, qui symbolise le trajet supposé du tueur, n’est pas seulement annonciateur du massacre à venir, il est de par la rupture de focalisation, la préfiguration de la place qui nous sera dévolue. 1- Dans le roman policier classique, le meurtre est clairement défini comme la défaite de la raison. Sous le poids de la passion (cupidité, jalousie, haine, amour… ), les barrières morales cèdent et le meurtrier commet son ignoble forfait. II s'ensuit un trouble social auquel le détective doit mettre un terme. 2- Ce film a connu quelques déboires avec la censure. Aux États-Unis, le film est sorti en salle en 1984, dans une version expurgée, d’environ 10 minutes. Au Royaume-Uni, le film a été raccourci de 5 secondes de « violence sexuelle » puis il a été inscrit sur la liste des 39 vidéos interdites des vidéos-clubs lors de la loi du « Video Recordings Act », en 1984. (Wikipédia) 3- Flash-back qui révèle « l’enfance » 4- Comme un avion qui décolle en destination de Paris ou un contre-champ absent lors du meurtre de Bullmer. 5- La journaliste Tilde profère des accusations de sexisme à l’encontre de Peter Neal qu’à ce moment du film on peut identifier au réalisateur. 6- Serait-ce une référence au « Chien des Baskerville » dont il sera question au cours du métrage et qui contient une des clés de l’énigme ? 7- Notons que lorsque Maria sera poursuivie par le tueur, le chien aura miraculeusement disparu. 8- Hitchcock a recours à un travelling semblable dans « Junon Et Le Paon » (1930) |
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