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Giallo |
 Retour à Dario Argento |
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Giallo |
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| Dans la ville de Turin, un serial killer sème la terreur en kidnappant puis en torturant et assassinant de jeunes touristes charmantes… L’inspecteur Enzo Avolfi traque vainement ce dangereux psychopathe que l’une de ces victimes agonisantes lui décrira comme jaune. Linda, que la disparition subite de sa sœur inquiète, contacte Enzo. D'abord retissant, celui-ci accepte d’associer Linda à son enquête. Tous deux vont se mettre en chasse d’un inquiétant chauffeur de taxi… |
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Quelques mots sur |
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| Voilà l’exemple type du film victime de la doxa qui se propage pour tourner en boucle sur la toile : « Giallo (…) s’avère probablement le plus mauvais film du cinéaste » Et chacun, chacune, d’apporter sa vaine pierre à l’édifice de destruction, mais il est vrai que depuis une dizaine d’années le cinéaste ne trouve plus grâce auprès de ses anciens zélateurs (1). Avant de tenter de considérer ce film pour ce qu’il est, il convient de cerner ce qu’il n’est pas. Paradoxalement, « Giallo » (2) n’est pas un giallo compte tenu du fait qu’aucun scénario de type whodunit ne structure son intrigue. Si l’enjeu de l’enquête de l’inspecteur Enzo Avolfi est de neutraliser un dangereux psychopathe qui a pour mauvaise habitude de trucider de jolies femmes, pour ce faire il ne doit nullement résoudre une énigme liée à l’identité des victimes. Quant au spectateur, à qui la violence des meurtres coupe le souffle, il ne devra pas patienter jusqu’au dénouement pour connaitre l’identité du serial killer. En fait, « Giallo » relève du thriller classique, c'est-à-dire du film à suspense dans la mesure où le spectateur, sorte de démiurge, suit parallèlement l’action de la police et les exactions du criminel. Cette situation de connaissance absolue, qui induit un sentiment d’urgence, plonge le spectateur dans la tension et la peur (3). L’horizon ainsi dégagé, il devient enfin possible d’appréhender ce film sans aprioris, de tenter d’en dégager l’élément central et de lui rendre justice. Dario Argento a organisé certains de ses films autour de figures géométriques, comme la ligne droite et les parallèles (4), le carré ou le rectangle (5), il semble qu’il bâtisse celui-ci sur le nombre deux. Deux jeunes touristes japonaises quittent l’opéra (Image 1) et se rendent dans une discothèque… l’une d’entre elles décide de regagner l’hôtel. Kidnappée par le chauffeur du taxi qu’elle a emprunté, elle se réveille sur le sol d’un lieu incertain (Image 2), alors que sur une table git le corps d’une seconde jeune femme (Image 3). Linda et Celine conversent au téléphone (Image 4)… Kidnappée à son tour par le chauffeur de son taxi, Celine reprend connaissance et découvre sur une table le corps ensanglanté d’une seconde victime (Image 5). Deux touristes, deux femmes séquestrées, deux sœurs… et à nouveau deux femmes séquestrées, l’une ayant cédé la place à l’autre sur la table de torture. Inquiète, Linda contacte la police et est dirigée vers l’inspecteur Enzo Avolfi, un italien d’origine new-yorkaise… Deux voitures se suivent… L’inspecteur Enzo Avolfi bloque le taxi qui le file. Linda en descend… Tous les deux vont associer leurs efforts afin de retrouver Celine (Image6). Et l’apparition du nombre deux se poursuit inlassablement jusque dans les moindres détails (6). Mais ce nombre n’est pas seulement synonyme de duo, il est aussi porteur de géométrie et plus précisément de symétrie, celle qui lie l’inspecteur au tueur et que révèlent les rêves récurrents de l’un et l’autre (7). A sa naissance, le tueur a été confié par sa mère, une toxicomane, à des religieuses. Atteint par une grave maladie du foie qui lui jaunit la peau, il a grandi dans un institut religieux où il a été victime des quolibets de tous… et sa folie résulte de l’antagonisme binaire entre le laid (lui) et le beau (ses victimes). De l’autre côté du miroir, reflet quasi parfait, se dresse l’inspecteur. Enfant, il a assisté, impuissant, au meurtre de sa mère… adolescent, il a poignardé sauvagement le meurtrier de la mère… Ainsi, la simplification de la relation Enfant-Mère-Tueur en Inspecteur-Tueur aurait pu se décliner en Tueur-Inspecteur. Loin de « toucher le fond avec ce nouveau long-métrage » ou « de creuser carrément des souterrains », loin de constituer « une abomination cinématographique malade », « Giallo » mérite d’être vu et revu tant sa complexité s’avère jubilatoire. 1- « Phenomena » (1985) serait son dernier film acceptable 2- Giallo fait référence à la couleur de la peau du tueur qui souffre d’une hépatite voire d’un cancer du foie 3- Dario Argento ne peut s’empêcher de rendre hommage à Hitchcock avec la scène de la douche… où il glisse l’escalier de Vertigo (Image 7). Et lors du dénouement quand il suspend le meurtrier dans le vide (Image 8) 4- « Le Sang Des Innocents » 5- « Card Player » 6- Par exemple dans l’alternance de tonalité ou dans la nécessité pour l’inspecteur de faire traduire les paroles de la victime japonaise 7- Du type « Il était une fois dans l’ouest » |
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