|
![]() |
|
L'étranger:Clint Eastwood - Sarah Belding:Verna Bloom - Callie Travers:Marianna Hill - Dave Drake:Mitchell Ryan - Morgan Allen:Jack Ging - Major Jason Hobart:Stefan Gierasch - |
631 lectures |
|||||||
L'Homme des Hautes Plaines |
![]() Retour à Clint Eastwood |
|||||||
| ||||||||
L'Homme des Hautes Plaines |
||||||||
Un cavalier solitaire arrive à Lago. Il tue trois hommes au saloon et viole une femme qu’il croise dans la rue. Impressionnés, les villageois l’engagent pour les défendre de trois tueurs. L’étranger accepte et leur fait repeindre la ville en Rouge… |
||||||||
Quelques mots sur |
![]() |
|||||||
Clint Eastwood reprend le schéma classique du western : Un homme (le héros) surgit de nulle part (la ligne d’horizon) et bouleverse la vie d’une communauté (les éleveurs, des mineurs, des colons, etc.) Sur cette trame, appliquée mille fois, le réalisateur greffe l'imagerie de Sergio Leone : un héros crasseux et taciturne, des gros plans sur des visages ruisselants de sueur, des coups de feu qui claquent pour des plans détaillés, des scènes récurrentes au sadisme rude. L’autre élément qui rapproche ce film de ceux de Sergio Leone, tout en le différenciant radicalement, est le personnage du pistolero. Il se matérialise littéralement dans la brume qui masque la plaine lointaine et s’avance au milieu du cadre durant tout le générique avant de traverser la petite bourgade sous œil méfiant des habitants. Il se dématérialisera dans la même brume en fin de film. Qui est-il? Où va-t-il? Que veut-il? Nous ne le saurons jamais vraiment. Mais là où Sergio Leone affublait son homme sans nom de sobriquets (Joe, « le Manchot » ou Blondin) le réalisateur le laisse réellement sans nom. Et dans la petite ville de Lago chacun pressent que ce fait n’est pas sans conséquences. Mordecai, le nain, est certainement le premier à s’en inquiéter lorsqu’il lui demande « Comment t'as dit que tu t'appelais déjà ? ». Plus tard un groupe de villageois tentera de le « détruire » à coups de manche de pioche… Seul Sarah Belding semble deviner qui il est et ce qu’il veut, lorsqu’au sortir d’une nuit d’amour elle lui parle du Marshall mort sous le fouet. Et comment ne pourrait-elle pas le comprendre puisqu’elle seule a des rapports humains avec lui? Alors qui est l’Etranger? Le frère du Marshall que les habitants de la ville ont regardé mourir? Ou son fantôme, hanté par le souvenir du lynchage, jeté dans une tombe sans nom et qui, incapable de trouver le repos, erre parmi les vivants? Si la question demeure sans réponse tout au long du film, aucun doute n’est possible quant à sa nature : il n’est pas un archange de miséricorde, il n’est pas non plus un démon mais châtiment divin, le pistolet de Jéricho. « Je venais prendre un bon bain et acheter du whisky » ment-il à un groupe de villageois, alors qu’il vient pour tuer les assassins du Marshall, mettre les habitants de Lago face à leur couardise et quand sonnera l’heure du jugement l’enfer sera détruit… Créature divine aux relents démoniaques il l’est jusqu’à l'ubiquité, comme le prouve la scène finale. On le croit sur un toit, il fouette déjà le bandit qu’il a extirpé du saloon d’un coup fouet tombé du ciel. On le croit dans la rue en feu, il est sur un toit d’où il jette une corde et pend un autre bandit. Est-il toujours sur le toit ou derrière une maison en feu? Ses éperons cliquettent à droite, il apparaît à l’arrière, au milieu de la rue, sur le point de dégainer. On n’amende pas l’enfer, on le détruit. Et lorsque le soleil se lève Lago, la ville que l’étranger avait fait repeindre en rouge n’est plus qu’un champ de ruines, débarré de ses habitants les plus influents et les plus lâches, ceux pour qui les affaires méritaient que l’on ferme les yeux sur un lynchage ou un viol. |
|