|
|
|
Maruschka Detmers : Carmen X || Jacques Bonnaffé : Joseph Bonnaffé || Myriem Roussel : Claire || Christophe Odent : Le chef || Pierre-Alain Chapuis || Bertrand Liebert : Le garde du corps || Alain Bastien-Thiry : Le valet du grand hôtel || Hippolyte Girardot : Fred || Odile Roire || Valérie Dréville : La nourrice || Christine Pignet || Jean-Michel Denis || Jacques Villeret : L'homme qui mange des yaourts dans les toilettes de la station-service || Sacha Briquet : apparition (non crédité) || Jean-Luc Godard : Oncle Jeannot (non crédité) || Jean-Pierre Mocky : Le malade qui crie 'Y a-t-il un Français dans la salle?' (non crédité) |
669 lectures |
|||||||
Prénom Carmen |
Retour à Jean-luc Godard |
|||||||
Prénom Carmen |
||||||||
Carmen demande à son oncle Jean de lui prêter son appartement en bord de mer afin de tourner un film. Elle lui suggère aussi de venir les aider. Carmen, avec quelques complices attaque une banque. Là, elle rencontre un jeune policier, Joseph, avec qui elle s’enfuit jusqu’à l’appartement. En fait, cette histoire de film n’est qu’un subterfuge pour dissimuler le kidnapping d’un riche homme d’affaires. Mais lors de l’opération, alors que l’oncle Jean dirige le tournage dans les salons d’un hôtel de luxe et que Carmen tente d’enlever l’homme d’affaires dans ce même hôtel, une fusillade mortelle éclate. Joseph tire sur les policiers, puis sur Carmen. Et pendant ce temps entre chaque scène, quatre musiciens répètent des quatuors de Beethoven. |
||||||||
Quelques mots sur |
||||||||
La nouvelle « Carmen », de Prosper Mérimée qui inspira à Georges Bizet un opéra-comique éponyme, a connu de multiples adaptations au cinématographe. En 1915, Cecil B. DeMille puis Charlie Chaplin l’ont portée à l’écran. Ernst Lubitsch récidive en 1918 et Otto Preminger en 1954. (1) Au fil du temps et des succès, la bohémienne et cigarière, Sévillane fatale du XIX siècle, s’est hissée au rang de mythe qui agite étrangement le milieu des années 80 – peut-être faut-il y voir les ultimes soubresauts du féminisme radical de la précédente décennie. Carlos Saura, Francesco Rosi, Peter Brook et JLG lui redonnent vie sur les écrans blancs. Mais à la différence de celle de tous les autres cinéastes, la Carmen de JLG n’a finalement que le prénom comme lien de parenté avec son égérie (2). Et comme pour mieux signifier cette évidence Bethoven succède à Bizet pour un quatuor à corde qui rythme le film et le découpe tel le chœur dans la tragédie grecque dont le coryphée serait la jeune violoniste Claire, double inversé de la sulfureuse Carmen. Partant de la dédicace sur laquelle se referme le film, « en mémoire des courts métrages », certains critiques l’ont analysé comme un collage de courts que relieraient des images de la mer auxquelles répondraient celles de métros se croisant dans la nuit. D’autres ont discerné dans ses images de vagues, le chaos dans lequel baigneraient les personnages, en particulier celui de Joseph Bonnaffé incapable de communiquer autrement qu’en cognant, frappant, se cognant aux portes ou aux fenêtres… ou en se masturbant sauvagement sous la douche ; le chaos nait du hold-up, des fusillades ou cavalcades ; le chaos d’avant les choses que l’on nomme, des êtres que l’on prénomme ou des images et sons que l’on ordonne. Mais, un métro pouvant en cacher un autre, nous pourrions émettre une autre hypothèse quant à ce film qui peut-être engloberait toutes les analyses : JLG démythifie un mythe, peut-être pour le remythifié, mais il ne s’agit pas de celui de Carmen, mais du sien. Ce film ne serait plus à analyser, mais à voir, à voir pour ce qu’il est, une succession des scènes godardiennes entrecoupées d’apparitions de JLG s’auto caricaturant. Considéré sous cette optique « Prénom Carmen » acquière la force dévastatrice du burlesque et s’auto éclaire aux répliques de l’oncle Jean : « Je sais que si je vous mets le doigt dans le cul, et que vous comptez jusqu’à 33, la, do, ré, mi, fa, sol, la, j’aurai de la fièvre » « Ah oui, ça peut faire du dialogue » « N’importe où, n’importe quand, les classiques, ça marche toujours » « Elle (sa nouvelle caméra) fait de la musique, je l’ai fabriqué avec des ouvriers de la cuisine » « Le président Mao a dit : il faut avoir les chiffres en tête. On l’a bien oublié, hein, celui-là pourtant c’était un grand cuisinier. Ben oui. Il a donné à manger à toute la Chine » « Une bande d’ordures, hein ces jeunes, ils ont pas inventé la cigarette, pas le blue-jean » « Vous en avez mis du temps pour compter jusqu’à 33 » 1- • 1915 : Carmen, film américain de Cecil B. DeMille ; Burlesque on Carmen de Charlie Chaplin • 1918 : Carmen, film allemand muet d'Ernst Lubitsch • 1926 : Carmen film de Jacques Feyder avec la chanteuse Racquel Meller • 1927 : The Loves of Carmen, film américain de Raoul Walsh • 1945 : Carmen, film français de Christian-Jaque • 1951 : Carmen revient au pays, film de Keisuke Kinoshita • 1954 : Carmen Jones, film américain d'Otto Preminger d'après la comédie musicale de Oscar Hammerstein II • 1983 : Carmen, film espagnol de Carlos Saura • 1983 : Prénom Carmen, film français de Jean-Luc Godard • 1984 : Carmen, film d'opéra de Francesco Rosi avec Julia Migenes et Placido Domingo • 1984 : La Tragédie de Carmen, trois films de Peter Brook d'après sa production théâtrale • 2001 : Karmen Geï de Joseph Gaï Ramaka - Première adaptation africaine de Carmen. Elle fut tournée sur l'île de Goree (Sénégal) • 2001 : Carmen, a hip hopera, film américain de Robert Townsend et Michael Elliot avec Beyoncé Knowles, Mos Def, Jermaine Dupri, Lil Bow Wow... • 2003 : Carmen, film espagnol de Vicente Aranda • 2003 : Carmen, film de Franco Zeffirelli avec Marina Domaschenko • 2004 : Carmen de Khayelitsha (U-Carmen e-Khayelitsha), film sud-africain de Mark Dornford-May • 2006 : Car men, film de Boris Paval Conen et du chorégraphe Jiri Kylian • 2006 : Carmen, avec Marina Domaschenko et Rolando Villazon, sous la baguette de Daniel Barenboim 2- Certains y voient plutôt le personnage l’Electre de Giaudoux. Parce qu’il est explicitement cité : — JLG : Tu as toujours eu des problèmes avec elle. — Carmen : Avec qui ? — JLG : Avec le bord de la mer, avec ta mère, comme la petite Electre. Ou parce que les dernières paroles de Carmen agonisante sont une situation de l'épilogue d'Electre : —« Comment cela s'appelle-t-il quand le jour se lève comme aujourd'hui, et que tout est gâché, que tout est saccagé, et que l'air pourtant se respire, et qu'on a tout perdu, que la ville brule, que les innocents s'entretuent, mais que les coupables agonisent, dans un coin de jour qui se lève ? — Cela a un très beau nom... Cela s'appelle l'aurore. |
|
|
|