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Isabelle Huppert ... Isabelle || Hanna Schygulla ... Hanna || Michel Piccoli ... Michel Boulard || Jerzy Radziwilowicz ... Jerzy || László Szabó ... László || Jean-François Stévenin ... Le machino || Patrick Bonnel ... Bonnel || Sophie Lucachevski ... Script-girl || Barbara Tissier || Magali Campos ... Magali || Myriem Roussel ... Myriem || Serge Desarnanos || Ágnes Bánfalvy || Ezio Ambrosetti || Manuelle Baltazar |
941 lectures |
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Passion |
Retour à Jean-luc Godard |
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Passion |
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« Une ouvrière se fait renvoyer par son patron Elle tombe amoureuse d’un étranger venu pour tourner un film dans la région Mais la femme du patron tombe à son tour amoureuse de l’étranger et lui de son côté, n’arrive pas à trouver une histoire pour son film alors qu’il y en a cinquante autour de lui C’est tout. Ton scénario est fini » JLG dans Scénario Du Film Passion |
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Quelques mots sur |
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« Passion » aurait pu s’intituler fractale puisque chaque élément est à l’image de la globalité. Le film montre un film en train d’être tourné, film qui lui-même tente de mettre en scène des œuvres picturales (1), à l’image du film qui tente de mettre en scène cette mise en scène. Mais à la différence des œuvres reconstruites, où leur auteur a su capter la lumière, le cinéaste ne parvient pas à un résultat idéal. Peut-être parce que le cinéma n’a que l’idée du parfait et qu’il doit se contenter de bégayer telle Isabelle, telle la parole ouvrière qui ne peut être que lente et hésitante. Mais peut-être aussi, que cette impossibilité d’atteindre le parfait ne résulte que d’une loi non écrite qui exige une histoire en échange d’argent, argent qui servira à payer la pellicule, les techniciens, les acteurs, les figurants… Sans histoire pas d’argent, sans argent pas de film… en d’autres termes sans histoire pas de film ! Pourtant : « Il n'y a pas de loi dans le cinéma. C'est pour ça que les gens l'aiment encore. - C'est pas vrai, il y a des lois. Il y a une histoire et il faut la suivre. - Est-ce qu'il y a une loi monsieur Coutard dans le cinéma ? - Non, il n'y pas de loi. (puis, plus bas : Il y a deux lois : celle du moindre effort qui s'annule par celle de l'emmerdement maximum.) » Avec « Passion », JLG filme un film qui se réalise dans les conditions du film même. Cinéma et peinture ; le monde du travail et celui du spectacle ; Isabelle, l’ouvrière licenciée et probablement vierge, Hanna, la femme du patron et possiblement de passage ; le financier et le créateur. Parfait probable et imparfait possible, telle est la place de chacun, disjointe et donc incompatible. Comme le sont la bande-son et les images lors de la réunion revendicative, comme le sont le plateau de réalisation et l’atelier de l’usine qui ne sert que de vivier de figurants parfois sourd-muet, tel le cinéma des origines. Mais peut-on être entre les deux, entre le Parfait et l’imparfait ? « Moi je ne peux pas m’empêcher d’être à la fois dans le muet et dans le parlant. J’ai toujours été entre les deux » JLG - Cahiers du Cinéma n°336, mai 1982 Mais ceci n’équivaut-il pas à être nulle part ? D’être à l’image de ces acteurs qui : « Ont besoin d’un film de Godard, mais n’ont pas besoin de ce film de Godard » En d’autres termes, de ces acteurs qui ne sont pas où ils semblent être, qui vivent, peut-être, l’expérience comme une défloration nécessaire et totale sur le chemin du cinéma (2). 1- Rembrandt : La ronde de nuit (1642) Francisco de Goya : Le 3 mai 1808 à Madrid : Les exécutions sur la colline Principe Pio (1814) ; La maja nue (1799) ; Le parasol (1777) ; Charles IV et sa famille (1804) Jean-Auguste-Dominique Ingres : La petite odalisque (1828) Eugène Delacroix : Lutte de Jacob avec l'ange (1861) ; Entrée des croisés dans Constantinople (1840) Le Greco : Vierge de l'Immaculée Conception (1613) Jean-Antoine Watteau : Pèlerinage à l'île de Cythère (1718) 2- « Oui, par le derrière… il faut… il faut pas que ça laisse des traces » |
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