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La Chinoise



La Chinoise -

1967
Jean-Luc Godard

Anne Wiazemsky : Véronique || Jean-Pierre Léaud : Guillaume || Michel Semeniako : Henri || Juliet Berto : Yvonne || Lex De Bruijn : Kirilov || Omar Diop : Omar || Francis Jeanson : lui-même
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La Chinoise
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La Chinoise
Synopsis

Cinq jeunes gens passent leurs vacances d'été dans un appartement qu'on leur a prêté. Véronique est étudiante en philosophie à l'université de Nanterre, Guillaume est acteur, Henri est scientifique, Kirilov est peintre et Yvonne est paysanne. Ensemble, ils étudient le marxisme-léninisme, pour vivre et lutter selon ces principes.

Quelques mots sur
La Chinoise





Les spécialistes de JLG parlent de ce film comme du film inaugural de la période des années Mao, pour autant il s’inscrit dans la continuité du travail et des interrogations du cinéaste.
JLG a réalisé en 1966, « Masculin féminin », un film enquête sur les modifications qui traversent la jeunesse et qu’il résume par l’intertitre, « les enfants de Marx et de Coca-cola ». Puis toujours en 1966, il signe « Deux ou trois choses que je sais d’elle », un film que lui inspire un reportage de Catherine Vimenet, « La Prostitution dans les grands ensembles ».
L’année suivante, les hasards de la vie et les caprices de l’amour le conduisent jusqu’à l’université de Nanterre, un immense campus perdu au milieu d’habitations ouvrières, de bidonvilles, et secoué par une contestation radicale animée par des groupes aussi disparates que les anarchistes (1), les marxistes-léninistes (2) et quelques trotskistes (3).
Poursuivant son travail de cinéaste au plus près des courants d’idées qui structurent la société, JLG entreprend la réalisation de « La Chinoise », avec l’intime conviction qu’il « doit au cinéma sa formation politique ». C'est-à-dire qu’il « pense que l’on peut privilégier un point de vue qui est juste aux dépens d’autres qui sont faux » (4). Et c’est bien un parti pris qu’il épouse dans ce film, rompant ainsi de la veine sociologique avec laquelle il flirtait précédemment.

Il existe deux façons de voir ce film. Ou vous le regardez d’une façon juste ou d’une façon fausse. Mais avant de développer cette lapalissade cédons la parole à JLG, qui dans un entretien aux Cahiers du Cinéma d’octobre 1967, explique :
« Cahiers. — Le film est fait d'une suite de courtes séquences qui semblent totalement indépendantes les unes des autres.
Godard. — C'est exclusivement un film de montage. J'ai tourné des séquences autonomes, sans ordre, et je les ai organisées ensuite.
Cahiers. — C'est-à-dire que l'ordre des séquences dans le film aurait pu être autre ?
Godard. — Non. Car je pense qu'il y avait un ordre, une cohérence à trouver. Et que c'était justement celui-là et pas un autre. Mais le montage a été très difficile. Nous avons tourné... dans l'ordre du tournage ! Alors que d'habitude je tourne dans l'ordre des séquences, en continuité, c'est-à-dire avec une certaine idée préalable de la chronologie et de la logique du film — même s'il m'arrive d'intervertir des séquences entières. Là, pour la première fois, l'ordre du tournage ne présupposait rien. Parfois, bien sûr je savais au moment de les tourner que deux plans iraient forcément ensemble : deux plans d'une même discussion, par exemple, et encore, pas toujours... La plupart étaient indépendants. Ils ont été reliés ensuite — ce qui fait qu'ils ne sont plus indépendants, mais solidaires, sinon cohérents. »

La façon juste de voir ce film consiste à le voir en 1967. Face à la faillite du stalinisme Russe, à son manque d’empressement à soutenir le peuple vietnamien (5)… face au conservatisme du vieux PCF incapable de secouer le carcan étouffant du gaullisme, une fraction non négligeable de la jeunesse estudiantine et une partie tout aussi importante des intellectuels (6) se tournent vers la patrie du communisme réel, capable de mettre en branle sa jeunesse pour une lutte sans pitié contre tous les conservatismes bureaucratiques : la Chine. Et les formules aussi percutantes que vivifiantes fleurissent, telles mille fleurs, dans le petit livre rouge.
Et c’est à une leçon, mise en scène sur un modèle brechtien (7), que nous convie JLG.
« L'impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier ; en apparence, ils sont terribles, mais en réalité ils ne sont pas si puissants »
« Du point de vue stratégique, il faut mépriser tous les ennemis. Et... du point de vue tactique, en tenir pleinement compte ».
etc.

La façon fausse de voir ce film consiste à le voir en 2012, car dans ce cas nous ne le voyons plus, nous ne l’entendons plus, ou plutôt nous voyons un autre film et nous entendons un autre dialogue.
Nous voyons une poignée de jeunes farfelus enfermés dans un appartement bourgeois citer à tout bout de champ des sentences infantiles de Mao, pendant que la bande-son est envahie par la chanson :
Le Vietnam brûle et moi je hurle Mao Mao
Johnson rigole et moi je vole Mao Mao
Le Napalm coule et moi je roule Mao Mao
Les villes crèvent et moi je rêve Mao Mao
Les putains crient et moi je ris Mao Mao
Le riz est fou et moi je joue Mao Mao
C'est le petit livre rouge
Qui fait que tout enfin bouge. »
Nous voyons des marxistes-léninistes en sachant ce qu’est devenu ce courant politique ainsi que les pays qui lui servaient de modèle.
Et nous n’entendons pas la tirade finale :
« C'était tout réfléchi. Avec l'été qui finissait, c'était la rentrée des classes, donc la lutte, pour moi et plusieurs de mes camarades. Mais d'un autre côté, je m'étais trompée. Je croyais avoir fait un grand bond en avant, et je m'aperçois qu'en fait j'ai seulement fait les timides premiers pas d’une très longue marche. ».

Une marche qui allait s’accélérer en Mai 68

Par contre, nous entendons le dialogue avec Francis Jeanson comme le seul raisonnable (8), alors qu’il ne l’était pas pour JLG, mais ce qui n’est pas nécessairement faux, puisque cela revient au même.



1- Principalement animé par Daniel Cohn-Bendit

2- Pro chinois, vendeurs des « Cahiers Marxistes-Léninistes », caractérisant les communistes d’Union Soviétique de révisionnismes

3- Jeunesses Communistes Révolutionnaires

4- JLG revient, à l’occasion de la sortie de « La Chinoise », sur son film « Le petit soldat » :
« Il était plausible. Je veux dire que c'est le seul film que pouvait faire dans ce cadre-là quelqu'un issu de la bourgeoisie et qui arrivait dans le cinéma. La preuve, c'est que Cavalier, quand il a voulu faire un film sur la guerre d'Algérie, a pris le même thème. Il n'y en avait pas trente-six. C'est un peu le thème des romans d'avant-guerre, « Aurélien » ou « Rêveuse bourgeoisie », parce que le cinéma était en retard sur les événements. Ce qui est dommage, c'est qu'il n'y ait pas eu de films des autres : celui du réseau Jeanson, ou le film du PCF... ils auraient été durs à faire, bien sûr. Encore une fois, si moi je ne savais pas de quoi il fallait parler, les gens qui le savaient ne savaient pas comment le faire. Mon film, lui, était plutôt juste sur le cinéma et plutôt faux sur le reste, c'était donc un film moyen. »


5- « Johnson dit qu'il lutte contre le communisme au Vietnam. Bon bon bon, d'accord, mais ça prouve donc bien qu'il y a deux formes de communisme. Ben oui, en Europe il ne lutte pas du tout contre le communisme, bien au contraire, il signe des accords avec Moscou, il invite les nageurs hongrois dans les piscines de Los Angeles, il invite aussi... il invite aussi les violonistes tchèques, pour jouer avec le Boston Symphony Orchestra, il construit des usines en Roumanie et en Pologne.
(…)
Tandis que les usines de Hanoi, elles, boum, il les détruit.
(…)
Ça prouve donc bien qu'il y a deux communismes : un communisme dangereux et un communisme pas dangereux ; un communisme contre lequel Johnson doit lutter, et un communisme auquel il tend la main. »

6- Philippe Sollers, pour n’en citer qu’un

7- Le générique nous annonce que nous allons assister à « un film en train de se faire ». Plus tard, JLG murmurera des questions à Leaut qui répondra face à la caméra de Raoul Coutard qui sera lui-même filmé

8- À partir de 1957, au plus fort de la guerre d'Algérie, il met en pratique ses idéaux anticolonialistes en créant le Réseau Jeanson chargé de transporter des fonds à destination du FLN. Ce réseau clandestin de militants sera démantelé en 1960. En fuite à l'étranger, Francis Jeanson sera jugé par contumace et condamné en octobre 1960 à dix ans de réclusion.
Il revient en France à l'occasion de son amnistie, en 1966, et est chargé par André Malraux de construire et préfigurer la Maison de la culture de Chalon-sur-Saône (1967-1971). Il participe ensuite à des expériences de « psychiatrie ouverte ». (Wikipédia)
Dans le film, il énonce : « mais tu peux participer à une révolution, tu ne peux pas l’inventer »

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