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Macha Méril : Charlotte || Bernard Noël : L'amant || Philippe Leroy : Le mari || Roger Leenhardt : L'ami philosophe || Rita Maiden : La bonne || Margaret Le-Van : une fille à la piscine || Véronique Duval : une autre fille à la piscine || Christophe Bourseiller : L'enfant |
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Une femme mariée |
![]() Retour à Jean-luc Godard |
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Une femme mariée |
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Charlotte est une femme mariée à un pilote d'avion. Charlotte est une femme mariée dont l’amant est comédien Charlotte est une femme qui aime, mais qui ne sait pas qui est le père de l’enfant qu’elle attend… |
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Quelques mots sur |
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« On catalogue le cinéma ou comme un tout, ou comme une partie. Si vous faites un western, surtout pas de psychologie » Cahiers du cinéma, n°159, octobre 1964 JLG échappe à cet emprisonnement en filmant le spectacle de la vie, fait de « poursuites en taxi » et de discutions philosophiques, fait visuellement de plans fixes sur un fragment de corps, d’un mélange de mains, de paroles qui se perdent dans le brouhaha, de l’absence de champs et contre champs, de caméra qui coure, de plan sur les pages de magazines, de mains qui caressent un corps nu, de la parole répétitive d’un enfant, d’adultes qui se poursuivent. JLG filme une société en mutation, où des salles de bains avec mitigeur et les télévisions sont les témoins du progrès, où la consommation devient la norme, où les triangles équilatéraux de vingt centimètres de côté et de sommet la base du cou constituent le gabarit de la grâce. Il filme un monde où seules les machines conservent la mémoire du passé alors que celle de l’extermination des juifs se perd. Il filme un moment où l’instant présent émerge comme valeur de modernité. Fiction ou réalité ? Image du corps, image des corps de revues de mode, tout se mêle dans ce tourbillon pré post gaulliste. Charlotte - Macha Méril, ne brandit aucun drapeau noir, elle ne s’insurge pas contre les carcans de la morale bourgeoise et chrétienne. Elle se situe ailleurs, sur le contient de l’anti-morale. Elle n’est pas infidèle, elle est non monogame, à la recherche du plaisir physique, de l’amour débarrassé de la maternité. Elle pressent le futur : la sexualité libérée de l’enfantement et la pilule contraceptive comme instrument de ce découplage ; l’accouchement libère de la douleur et l’accouchement sans celle-ci comme méthode de cette émancipation. Mais avant de conclure, il convient de dire quelques mots sur les conditions de réalisation de ce film ainsi que sur les conséquences qui ont suivi sa présentation. Au sortir du Festival de Cannes de mai 64, Jean-Luc Godard promet au directeur du festival de Venise de lui réserver un film pour septembre. Et quatre mois plus tard, JLG livre « La femme mariée » au festival de Venise, où il fait forte impression. Mais voilà que dans la foulée, la commission de censure juge le film pornographique et émet un avis interdiction auprès du ministre de l'information, Alain Peyrefitte. Celui-ci, qui n’aurait pas souhaité que son nom soit associé à la censure, mais est tenu par l’électorat gaulliste, reçoit Godard en octobre 64 et lui propose de présenter un nouveau montage à la commission de censure. JLG accepte, fait disparaitre une scène de seins nus et change le « La » du titre en un « Une » édulcorant. Au terme de ces modifications insignifiantes, le film sort sur les écrans… et voilà JLG, victime de la censure, devenu, pour la gauche, le symbole de la lutte contre le bâillonnement gaulliste. Deux ans plus tard, fort de ce statut, JLG s’élèvera violemment face à la censure de « La religieuse » de Rivette par ce même pouvoir gaulliste, dans « une lettre au ministre de la Kultur », parue dans le nouvel obs du 6 avril 1966. S’adressant à Andrée Malraux, il écrit : « Si ce n'était prodigieusement sinistre, ce serait prodigieusement beau et émouvant de voir un ministre UNR de 1966 avoir peur d'un esprit encyclopédique de 1789 (…) vous ne comprendrez pourquoi dorénavant j'aurai peur aussi de vous serrer la main, même en silence. Oh ! ce n'est pas que vos mains ressemblent à celles sur qui ne s'effacera jamais le sang de Charonne et de Ben Barka. Absolument pas. Vous avez les mains pures comme le kantisme. Mais il n'a plus de mains, disait Peguy. Aveugle donc, et sans mains, juste les pieds pour fuir la réalité, lâche en un mot, ou peut-être tout bonnement faible, vieux et fatigué, ce qui revient au même » |
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