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Photo/petite fille/Algérie/muet |
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Quelques mots sur |
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En 1967, à l’occasion de la sortie de « La Chinoise » JLG dans un long entretien avec les « Cahiers du Cinéma » (n° 194, octobre 1967) déclarait : « J'ai eu un moment l'intention de filmer « Ah ! les beaux jours ». Je ne s'est pas fait, car on voulait que je prenne Madeleine Renaud et moi je voulais des jeunes. J'aurais aimé cela, car j'avais un texte, et il n'y avait plus rien a faire que le filmer. J'aurais fait juste un travelling. Un travelling qui partait de loin et qui finissait en gros plan. On serait parti d'aussi loin qu'il aurait fallu pour, au bout d'une heure et demie, arriver en gros plan au moment de la dernière phrase du texte. C'était donc purement une question d'arithmétique de classe de 4e, basée sur un petit calcul de vitesse et de temps. » À l’occasion de la sortie de « For ever Mozart », Godard, sollicité par Laure Adler, participe à l’émission « Le Cercle de Minuit », sur Antenne 2. Il a souhaité la présence d’un écrivain, Philippe Sollers, de deux philosophes, Jean-François Lyotard et Alain Finkielkraut, et d’un critique de cinéma, Jean-Claude Biette. (1) A cette occasion, il se livre à deux petits exercices, d’une paire de minutes chacun. C’est cette idée, de 1967, qu’il semble reprendre pour ce court (2) qu’il appelle ses gammes, en référence aux musiciens. Sur une image muette d’un journal, filmée dans un travelling avant, il lit en direct un texte de Chesterton. « Avec les cheveux roux d’une gamine des rues, je mettrai le feu à toute la civilisation moderne. Puisqu’une fille doit avoir les cheveux longs, elle doit les avoir propres ; puisqu’elle doit avoir les cheveux propres, elle ne doit pas avoir une maison mal tenue ; puisqu’elle ne doit pas avoir une maison mal tenue, elle doit avoir une mère libre et détendue ; puisqu’elle doit avoir une mère libre et détendue, elle ne doit pas avoir un propriétaire usurier ; puisqu’elle ne doit pas avoir un propriétaire usurier, il doit y avoir une redistribution de la propriété ; puisqu’il doit y avoir une redistribution de la propriété, il doit y avoir une révolution. Cette gamine aux cheveux roux est l’image sacrée de l’Humanité. Autour d’elle, l’édifice s’inclinera et se brisera en s’écroulant, les colonnes de la société seront ébranlées. » Et étrangement, au fur et à mesure que la caméra se rapproche de la petite fille, le texte, qui était en total décalage, fusionne avec l’image pour rendre visible une autre réalité, une autre nécessité. « le cinéma rend visible ce que l’on ne voit pas » 1- http://www.pileface.com/sollers/article.php3?id_article=1130 2- Connu aussi sous le titre « Le monde comme il ne va pas ». |
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