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Harvey Keitel : M. White / Larry Dimick || Tim Roth : M. Orange / Freddy Newandyke || Michael Madsen : M. Blonde / Vic Vega || Steve Buscemi : M. Pink || Chris Penn : Eddie « le Gentil » Cabot || Lawrence Tierney : Joe Cabot || Quentin Tarantino : M. Brown || Edward Bunker : M. Blue || Kirk Baltz : Marvin Nash || Randy Brooks : Inspecteur Holdaway || Steven Wright : la voix du disc jockey de la radio K-Billy |
345 lectures |
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Reservoir Dogs |
Retour à Quentin Tarantino |
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Reservoir Dogs |
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Le braquage vire à la catastrophe : un des truands est abattu par les flics ; un autre écope d’une balle dans le ventre. L’heure est maintenant aux règlements de comptes… L’un d’entre eux a balancé la bande aux flics : la confrontation prend vite un caractère extrêmement violent. |
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Quelques mots sur |
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« Reservoir Dogs », devenu aujourd’hui un film culte (1), s’ouvre sur un pré-générique au cours duquel le spectateur découvre huit hommes, attablés dans un restaurant, qui discutent paisiblement de choses anodines : musique, notamment de « Like A Virgin », de Madonna ; faut-il laisser un pourboire aux serveuses ? (2) Puis ces hommes quittent la cafeteria et s’avancent vers leurs voitures. L’allure est plantée : costume noir, chemise blanche lunettes noires… dans la lignée des Blues Brothers. Seuls deux individus échappent à cet uniforme noir et blanc (3). Et lorsque le générique se termine, nous retrouvons deux de ces hommes à bord d’une voiture. L’un d’entre eux, gravement blessé, pisse le sang sur la banquette arrière. Qu’est-il advenu durant cette ellipse emplie par le générique ? Nous l’apprenons au fil de la conversation nerveuse : le braquage auquel ils viennent de participer a très mal tourné. D'évidence, quelqu’un les avait balancés à la police. Quentin Tarantino, nous entraine, durant les 80 minutes qui suivent, dans un film en forme de puzzle qu’entrecoupent des écrans noirs annonçant quel personnage sera le principal protagoniste de l’analepse qui débute. Cette narration, à la linéarité zigzagante entre un présent brut et un passé confus, baigne à chaque instant dans une agressivité verbale qui endigue la violence physique latente. Car ce n’est que lorsque la parole disparait que les armes parlent que la brutalité se déchaine (4). A la façon de Jean Luc Godard (5), Tarantino ne raconte pas d’histoires. Il filme des instants de l’avant braquage où seul le verbe compte pour définir les individus (Images 1-3-4), un verbe qui parfois raconte des histoires, comme celle que narre Monsieur Orange au sujet des chiottes et autour de laquelle il échafaude un décor imaginaire, reflet mental de l’histoire. Il capte le présent sans fioritures, dans un hangar désert et épuré, où le verbe prend des aspects de dispute entre adolescents dont les vantardises tiennent lieu de masculinité (Image 2). Mais le cinéma n’est pas que plans, dialogue et musique, il est aussi couleur. « Reservoir Dogs » est un film d’homme qu’aucune femme ne vient rassurer quant à sa virilité aussi, le noir et blanc se teinte-t-il de rouge sang (Image 6-7-8) dans cet entrepôt où se joue un drame à l’aspect d’un monologue théâtral, que ponctue des balles chemisées d’acier (Image 5). C’est le sujet qui dicte la mise en scène, et le sujet n’est pas le vol à main armée, que nous ne verrons d’ailleurs jamais, mais la violence qui imprègne notre réminiscence. Alors, quoi ne plus jouissif que cette mise en scène à la précision et à la concision chirurgicales, au style dépollué de toute recherche esthétique. Quentin Tarantino ne cherche pas à dévoiler un contenu qui n’existe pas aux moments qu’il filme, il filme seulement ce qu’ils contiennent. Et c’est cela qui fait sa beauté, à la fois efficiente et terrifiante. 1- Selon Quentin Tarantino, « Reservoir Dogs » serait une relecture de « L'Ultime Razzia » (1956) de Stanley Kubrick. Des critiques ont vu dans ce film des références à : « Quatrième Homme », film de Phil Karlson (1952) ; « Association criminelle », film de Joseph H. Lewis (1955) ; « Les Pirates du métro » de Joseph Sargent (1974) ; « Le Doulos » et « Bob le flambeur » de Jean-Pierre Melville ; « City on Fire » (1987) de Ringo Lam. 2- Nous ne verrons jamais de serveuses… 4- L’antinomie entre parole et cruauté atteint son acmé lors de la scène de torture du policier. En effet avant de lui couper l’oreille, Monsieur Blonde le bâillonne pour lui interdire de parler. 5- « Ne raconte pas d’histoires », conférence de presse au Festival de Cannes, 1990. |
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