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Nikolaï Tcherkassov : Ivan || Loudmila Tchelikovskaïa : Anastasia || Serafina Birman : Euphrosinia || Piotr Kadotchnikov : Vladimir || Mikhaïl Naznavov : Kourbsky || Andrei Abrikosov : Kolitchev || Mikhaïl Jarov : Skouratov || Amvrosi Boutchma : Basmanov || Vsevolod Poudovkine : Nikola, le fanatique |
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Ivan le terrible, Partie II |
Retour à Serguei Eisenstein |
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Ivan le terrible, Partie II |
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Malgré ses doutes et remords, face aux complots qui ont causé la mort de sa femme, Ivan ne peut assurer son pouvoir qu’en devenant « Ivan le Terrible ». Et lorsque son cousin, quelque peu simplet, se trahit et lui révèle qu’Euphrosyme s’apprête à le faire assassiner, il n’hésite pas. Il revêt Vladimir de ses vêtements… Abusée par ce subterfuge, Euphrosyme fait tuer son fils. |
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Quelques mots sur |
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Pour la première partie d’« Ivan le terrible », Eisenstein reçoit, en 1945, Prix Staline. Fort de cette distinction, le cinéaste oublie quelque peu les règles de bienséance stalinienne et se tourne vers Freud pour un flash-back œdipien où il explique la haine que nourrit Ivan envers les boyards. Ceux-ci auraient assassiné sa mère avant de souiller sa couche de leurs bottes boueuses. Mais bien plus que cette digression psychanalytique, Eisenstein s’aventure dans une identification insultante, parce que psychologique, pour les locataires à vie du Kremlin. Si les égalités, Staline= Ivan, Beria=Maliouta et opritchnina= KGB, étaient acceptables en temps de guerre, elles sont devenues politiquement suspectes, et donc condamnables, à l’époque de l’Yalta. Staline le fera vertement savoir au cinéaste en interdisant ce film et en l’invitant « chaleureusement » à revoir au plus vite sa copie. (1) Staline. — Avez-vous étudié l'histoire Eisenstein. — Plus ou moins. Staline — Plus ou moins? J'ai moi aussi quelques connaissances historiques. Votre peinture de I'opritchnina est fausse. L'opritchnina était une armée royale. [...] Vous la faites ressembler au Ku-Klux-Klan. Eisenstein. — Ils portent des capuches blanches, les nôtres sont noires. Molotov. — ca ne fait pas une différence fondamentale. Staline. —Votre tsar s'avère indécis, comme Hamlet. Chacun lui dit ce qu’il doit faire, il ne prend pas de décision seul. Le tsar Ivan était un grand dirigeant avisé et si vous le comparez avec Louis XI (vous connaissez Louis XI, qui a préparé la vole a l'absolutisme de Louis XIV) il l'écrase de toute sa hauteur. La sagesse d'Ivan le Terrible repose sur sa perspective nationale et sur son refus de permettre la présence d'étrangers sur son sol, le protégeant ainsi de la pénétration des influences étrangères. En montrant Ivan le Terrible de la façon dont vous l'avez fait, nombre d'aberrations et d'erreurs se sont glissées. Le grand œuvre d' Ivan le Terrible est d'avoir introduit le monopole du commerce extérieur. Ivan le Terrible fut le premier, Lénine était le second. Jdanov. — Ivan le Terrible selon Eisenstein ressemble à un neurasthénique. Molotov. — Le film a une façon de s'appuyer sur le psychologisme ; une emphase extraordinaire sur les contradictions psychologiques intimes et les expériences personnelles. Staline. — Les figures historiques doivent être représentées dans un style correct. Dans la première partie, par exemple, il est improbable que le tsar ait embrassé si longtemps sa femme. Ca ne se faisait pas à l'époque. Jdanov. — Le film reflète une tendance byzantine. Cela aussi ne se faisait pas. Molotov. — La deuxième partie est trop confinée aux caves et aux voûtes. On ne voit rien du tohu-bohu de Moscou, on ne voit pas le peuple. Vous pouvez montrer les conspirations et la répression, mais pas seulement ça. Staline — Ivan le Terrible était très cruel. Vous pouvez le décrire comme un homme cruel, mais vous devez montrer pourquoi il devait être cruel. Une des erreurs d'Ivan le Terrible fut de s'arrêter juste avant de décapiter les cinq clans féodaux essentiels. L'aurait-il fait, il n'y aurait pas eu de temps des Troubles. Et quand Ivan le Terrible avait fait exécuter quelqu'un, i1 passait beaucoup de temps en repentance et en prières. Dieu était un problème pour lui de ce point de vue. II aurait dû être plus décidé. Une rencontre avec Staline. dans Serguei Eisenstein - Le Monde les Cahiers du Cinéma 1- Il fut censuré jusqu'en 1958, soit une dizaine d’années après la mort du cinéaste et cinq ans après celle de Staline. |
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