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Nikolaï Tcherkassov : Ivan || Loudmila Tchelikovskaïa : Anastasia || Serafina Birman : Euphrosinia || Piotr Kadotchnikov : Vladimir || Mikhaïl Naznavov : Kourbsky || Andrei Abrikosov : Kolitchev || Mikhaïl Jarov : Skouratov || Amvrosi Boutchma : Basmanov || Vsevolod Poudovkine : Nikola, le fanatique |
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Ivan le terrible, Partie I |
Retour à Serguei Eisenstein |
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Ivan le terrible, Partie I |
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En 1547, Ivan IV atteint sa majorité et est couronné tsar. Il promet une guerre sans merci aux boyards qui depuis la mort de sa mère, avec la complicité du clergé, complotent afin de prendre le pouvoir. Il projette, par ailleurs, grâce à leur argent de bouter les étrangers hors des frontières de la Russie. Face aux menaces qui l’entourent, Ivan n’a d’autre choix que d’organiser « sa garde personnelle » : les opritchnicks Mais sa tante, alliée des boyards, entreprend de déstabiliser son pouvoir et dans ce but fait empoisonner la Tsarine. Et lorsque le fidèle Kourbski le trahit, Ivan renonce au pouvoir pour se réfugier dans un monastère. Mais le peuple ne l’entend pas de cette oreille, il le supplie de revenir ! |
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Quelques mots sur |
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Si le traité germano-soviétique marque la fin provisoire de l’exploitation d’« Alexandre Nevski », ce film n’est pas pour autant voué aux gémonies (1). Tout au contraire, il vaut à Eisenstein un retour en grâce qui se traduit en 1941 par le fait que Jdanov le désigne pour qu’il réalise « Ivan le Terrible ». Mais il est vrai que le 22 juin 1941, l’Allemagne nazie rompt ce pacte de non-agression, signé le23 août 1939, et lance l'opération « Barbarossa ». Face à l’attaque d’une armée forte de plus de cinq millions de soldats, de 3800 chars et 5000 avions qui menacent Leningrad, Moscou et Kiev (2), les maitres du Kremlin se tournent vers le cinéaste pour lui commander un film entièrement dédié à l’exaltation de l’URSS et à la glorification de son guide infaillible. Il serait facile aujourd’hui de reprocher à Eisenstein d’avoir tissé, au travers d’« Ivan le Terrible », une héroïsation du nouveau « Petit père des peuples » et une plaidoirie en défense de la dictature stalinienne. Ce serait facile et injuste, car ce serait oublier qu’en décembre 1941 les armées nazies n’étaient qu’à une vingtaine de kilomètres de Moscou, que Leningrad était assiégée et L'Ukraine conquise, d’une part et d’autre part qu’Eisenstein n’a certainement pas eu le choix (3). Pourtant et malgré la surveillance dont il a dû être l’objet, Eisenstein ne renonce pas à ce qui a fait sa marque. Cinéaste des visages, il saisit des figures inquiétantes, grimaçantes et comploteuses comme au temps de ses premières armes (Images 1-2-3). Mais cinéaste aussi des anonymes, de la constitution des masses non plus en soi, mais pour soi, il filme les méandres de la conscientisation dans leur esthétique formelle, esthétique faite de formes géométriques traversant et structurant le cadre (Image 4). Cinéaste, aussi bien du pouvoir que de sa nécessité, il capte les ombres redoutables (Image 5) ou sinistres, aux relents de Nosferatu (Image 6), les yeux ennemis et les regards omniscients (Image 7). Elève du formalisme, il n’hésite pas à figurer la symbiose entre peuple et dirigeant d’une graphie à la symétrie quasi parfaite (Image 8). 1- Le film sortit en URSS le 1er décembre 1938. La signature du pacte germano-soviétique, le 23 août 1939, provoqua la suspension de son exploitation. Puis, en 1941, avec la rupture du pacte, il est de nouveau sur les écrans. 2- En mai-juin 1937, un troisième procès s'ouvre à Moscou. Instruit en secret, il se déroule à huis clos et vise exclusivement les plus hauts généraux de l'Armée rouge. Parmi les accusés, d'Organisation militaire trotskiste antisoviétique, il y a : Mikhaïl Toukhatchevski (Maréchal et vice-commissaire à la Défense) Iona Yakir (Commandant la région militaire de Kiev) Ieronim Ouborevitch (Commandant la région militaire de Biélorussie) Robert Eideman (Chef de l'organisation de la défense civile) Avgust Kork (Chef de l'Académie militaire) Vitovt Poutna (attaché militaire à Londres) Boris Feldman (Chef de l'administration de l'Armée rouge) Vitali Primakov (Commandant adjoint de la région militaire de Léningrad) (Wikipédia) 3- Pour ne citer qu’un cas : Serge Tretiakov, poète, écrivain, dramaturge et théoricien constructiviste russe, important animateur du futurisme et du LEF, collaborateur de Sergueï Eisenstein et défenseur de l'avant-garde esthétique Soviétique, ne sera pas épargné par les purges de 1937 et cela malgré son ralliement au Réalisme-Socialiste au nom de la lutte contre le fascisme. Il sera arrêté et emprisonné avant d'être fusillé en 1939. |
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