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Grigori Aleksandrov : Gloumov 2 || Aleksandr Antonov : Joffre || Sergei M. Eisenstein : Himself || Mikhail Gomorov : Turusina || Junior Inkizhinov : L'enfant || Vera Muzykant : Mashenka, Mary McLack || Ivan Pyryev : Clown || Maksim Shtraukh : Milyukov-Mamaev || Vera Yanukova : Mamaeva || Ivan Yazykanov : Gloumov 1 |
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Le journal de Gloumov |
Retour à Serguei Eisenstein |
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Le journal de Gloumov |
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Ce court métrage, de 4 minutes, est une mise en image des pensées du protagoniste principal du spectacle inspiré de la pièce « Un homme sage » de Nicolas Ostrovsky. | ||||||||
Quelques mots sur |
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Le cinéaste fut un grand admirateur de Griffith et de Chaplin et il admirait ce dernier parce qu’il se transformait à l’écran en un corps qui oscillait entre homme et machine. En d’autres termes parce qu’il entrait en résonnance avec les préoccupations de mouvement comme la FEKS (1) qui rejetait la dictature de la Parole « installée en maitresse absolue » et se revendiquait d’un théâtre du mouvement, puisant son inspiration dans les pratiques méprisées par l’art bourgeois, à savoir le cirque, le carnaval, etc. Baignant dans cette mouvance théorique, quoi de plus naturel que le premier film (2) d’Eisenstein soit une sorte de mise en images, dans la discontinuité, de l’attraction des corps de l’acteur-acrobate-clown. Pour autant, les gags qu’assemble dans l’inventivité le réalisateur ne semblent pas être captés au hasard. Et le noyau qui semble les relier a de quoi surprendre ceux qui identifient la production artistique de l’URSS au seul réalisme soviétique. Examinons quelques scènes. Elle s’ouvre comme elle se clôture sur un visage grimaçant. Mais là ne réside probablement pas l’essentiel Une femme est abordée par un homme (un clown blanc). Elle n’y prête aucune attention. Mais elle tombe en pâmoison lorsqu’il se transforme en un roi. (Image 2) Un homme (le clown blanc) s’approche d’un homme juché sur un tank. Celui-ci lui tourne le dos (lui montre son cul). Le clown blanc se métamorphose en canon. L’homme se précipite pour embrasser la bouche du canon. (Image 3) Le clown blanc accoste un individu qui fume une cigarette. Celui-ci l’ignore jusqu’au moment où il se transforme en croix gammée. (Image 4) Le clown blanc s’avance vers une femme qui se tient au milieu de marches. Elle ne se précipitera vers lui que lorsqu’il se transformera en enfant. (Image 5) Le clown blanc aborde un autre homme. Celui-ci lui crache dessus, mais il lui serrera la queue lorsqu’il sera devenu un âne. (Image 6) Deux travestis se marient… et le film se clôture sur les images 7 et 8. Quel est le fil qui met en relation ces diverses saynètes ? Les images 1, 7 et 8 semblent indiquer qu’il ne s’agit de rien d’autre que du sexe et de ses perversions. 1- « Fabrique de l'acteur excentrique » Mouvement cinématographique soviétique d'avant-garde fondé en 1922 par Grigori Kozintsev, Leonid Trauberg, Sergueï Ioutkevitch et Sergueï Guerassimov. S'inspirant des traditions du cirque, du music-hall et du théâtre, ce courant préconisait pour les comédiens de cinéma un jeu scénique volontairement outrancier et schématique. Le premier film tourné selon ces directives fut les Aventures d'Octobrine (1924), de Kozintsev et Trauberg. (Larousse) 2- Sergueï Eisenstein réalise ce court métrage afin qu'il soit diffusé au théâtre avant la représentation de la pièce « Un homme sage » d'Alexandre Ostrovski. Vertov, le cinéaste de la Kino-Pravda, qui devait conseiller le jeune réalisateur refusa de l’aider. Sergueï Eisenstein lui rendit la politesse en déclarant lors de la sortie du film « l’Homme à la caméra » qu’il s’agissait d’un grand n’importe quoi. |
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