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Jacques Charrier : Albin Mercier || Stéphane Audran : Hélène || Walter Reyer : Andreas Hartmann || Daniel Boulanger : un policier || André Badin : un policier || Jean Davis || Claude Romet || Erika Tweer |
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L'oeil du Malin |
Retour à Claude Chabrol |
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L'oeil du Malin |
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Albin Mercier, écrivain raté et journaliste de profession, débarque en Allemagne pour un reportage. Là, il fait la connaissance des Hartman, un couple qui vit en harmonie… et à qui tout réussit. Albin, que le bonheur des autres indispose, va tout faire pour détruire ce couple. Et après avoir tenté vainement de séduire la femme, il va révéler au mari que celle-ci entretient une relation adultérine. |
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Quelques mots sur |
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Ce film, peu connu du réalisateur, est bâti autour d’une fausse linéarité narrative. Il s’ouvre sur un gros plan inaugural d’Albin Mercier qui fume nerveusement et durant les minutes qui suivent sa voix off nous décrit non pas la situation comme se déroulant, mais comme s’étant déroulée dans un passé présent à l’écran. Cet écart temporel entre la voix off narrative, qui court tout le long du film, apparentant souvent « l’Œil du malin » à un spectacle muet, et les images engendre un climat insolite. Nous sommes dans la même position qu’Albin Mercier, nous sommes étrangers à l’intrigue comme il est l’étranger dans cette Allemagne que poursuit le souvenir de la guerre (1). Il ne comprend pas plus la langue que nous la comprenons (2) et il a besoin d’une traductrice (3) pour communiquer avec les gens qui l’entourent, comme nous avons besoin de son récit en off pour comprendre son comportement. Il a besoin d’un objectif photographique pour observer à la dérobé Hélène, pour l’espionner et la dominer (4), nous observons ce film tel des préparateurs qui étudient des souris dans leur laboratoire. Comme lui, nous ne franchirons jamais le mur rectiligne qui abrite la quiétude (5). Et qu’importe qu’elle repose sur le mensonge ou des signes inquiétants d’une folie qui couve (6). Alors qu’il chemine paisiblement et logiquement (7) vers l’ignominie, fruit des ses délires de solitaire aigri et envieux, nous resterons à distance de ce couple, finalement superficiellement décrit et de cet amant inconnu que nous n’entrevoyons qu’au détour d’une virée à Munich. Avec cet « Œil du malin » Claude Chabrol nous invite à le suivre sur les pentes escarpées et incompréhensibles de la folie ordinaire, de celle qui se dissimule sous des comportements policés, de celle que seul le cinéma peu mettre en lumière, car il peut recourir à des procédés de laboratoire (8). 1- Il est fait plusieurs fois allusion à la guerre, une première fois lors d’un piquenique et la seconde fois lors d’une soirée dans un cabaret munichois 2- A l’exception de la phrase qu’énonce Andreas Hartmann après le meurtre d’Hélène aucun des dialogues en allemand n’est sous-titré. 3- C’est d’ailleurs à cause de ce fait qu’il rencontre Hélène 4- Albin affirme à plusieurs reprises à Hélène qu’il l’aime, mais sa voix off « dit » tout le contraire 5- Albin consacre la majeure partie de son temps à espionner les faits et gestes des Hartmann qui vivent derrière ce mur (Image 8) 6- Plusieurs plans de Andreas Hartmann présagent du dénouement (Images 1-2-5) 7- Chacune des bassesses d’Albin trouve sa justification à ses yeux. 8- Ici la voix off qui introduit la distance nécessaire à l’étude objective. |
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