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Andrew McCarthy .... Henry Miller || Nigel Havers .... Alfred || Barbara De Rossi .... Nys || Stéphanie Cotta .... Colette || Isolde Barth .... Ania || Eva Grimaldi .... Yvonne || Anna Galiena .... Edith || Giuditta Del Vecchio || Stéphane Audran .... Adrienne || Mario Adorf .... Regentag |
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Jours tranquilles à Clichy |
Retour à Claude Chabrol |
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Jours tranquilles à Clichy |
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Paris au début des années 30, passage obligé pour tout intellectuel américain. Joey rencontre Carl au chevet de la dépouille de Manouche, une vieille prostituée parisienne. Et Carl entraine son nouvel ami chez Sebastian, un disciple d'Oscar Wilde, où se déroulent des orgies somptueuses. Puis il l’introduit au Melody, entre bar et maison close, dirigé par une ancienne danseuse affublée d'une jambe de bois. Joey y rencontre Nys, une jeune femme qui fait payer ses nuits d'amour par complexité psychologique… Parallèlement, Joey et Carl recueillent Colette, une adolescente qui se présente comme la petite-fille de Manouche, et qu’ils épousent, lors d'un mariage de fantaisie, au Melody. Partis en voyage de noces, sur les traces de Proust, les jeunes mariés visitent la Normandie. Terres qui inspirent Colette à tel point qu’elle y disparait… De retour à Paris, où attentats et slogans racistes fleurissent, Joey assiste à la récitation d’une poétesse qui tire des coups de revolver en tous sens. Et c’est à ce moment que Colette réapparait en compagnie de ses parents, deux bourgeois rongés par l’inquiétude que Joey et Carl rassurent en évoquant Proust. Pris dans de violentes manifestations, Joey et Carl tentent de se réfugier au Melody, mais le bar a sauté. Rentré seul chez eux, Joey a l'heureuse surprise d'y retrouver toutes les filles du Melody... |
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Quelques mots sur |
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En 1928, délaissant femme et enfant, Henry Miller se rend en Europe et en 1930 s'installe en France où il vit jusqu'à ce qu'éclate la Seconde Guerre mondiale. C’est au cours de ce séjour qu’il rédige « Tropique du Cancer », une chronique de son quotidien fait d’errances parisiennes, rythmées par des repas gargantuesques, quelques considérations au sujet de l’art et des rencontres féminines au fil du hasard… Mais ce n’est qu’en 1956, que ce célèbre auteur américain, pourfendeur du puritanisme et fidèle des tribunaux pour pornographie (1) publie « Jours tranquilles à Clichy ». Moment de la longue biographique romancée que constitue en dernière analyse son œuvre. Il mettait en scène, dans les deux nouvelles qui composent ces jours tranquilles, Joey et Carl ainsi qu’une fillette de 15 ans (Image 3) qu’hébergeaient nos deux immigrés (2). L’un dépucelant l’une pendant que l’autre s’enamourait d’une femme aux mensurations généreuses. Claude Chabrol s’adonne ici à une sorte d’escroquerie filmique qui n’est au final qu’une fidèle adaptation cinématographique de cet épisode. Fidèle parce que le résultat est conforme à l’impression que laisse la lecture de « Jours tranquilles à Clichy ». Un objet étrange dont la trajectoire prend la source nulle part et dont la destination est tout aussi obscure. Joey et Carl se rencontrent au chevet d’une prostituée morte et se séparent… mais où se séparent-ils ? Et durant tout le trajet, ce ne sera que sauteries aussi incongrues que de fumer une cigarette sous une douche (Image 4). Escroquerie parce que l’odeur de soufre qui accompagne l’auteur des trois volets de « La Crucifixion en rose » a certainement permis au cinéaste de « mentir au mec (le producteur) en lui promettant un beau film » (3). Et, en guise de beau film, Claude Chabrol explore le pré pornographique -alors qu’il avait dû se contenter de le suggérer dans « Les Cousins » (Image 2). Pour autant, quelques soient les doutes que l’on puisse formuler à l’encontre de ces images chargées des fantasmes qui accompagnent dans l’imaginaire l’évocation des années folles, force est de constater que Claude Chabrol retrouve, au cours des dernières minutes, sa caméra à l’ironie cynique : Joey et Carl sont pris entre une manifestation communiste, une manifestation néo nazi et les forces de l’ordre qui dispersent les uns à coup de sabre du haut de leurs chevaux. Une seule chose intéresse nos deux artistes : rejoindre les filles du Melody. En d’autres termes, nos deux créatifs restent sourds au bruit de bottes qui menace l’Europe; ils vivent dans une tour d’ivoire que tapissent des photos de cul. Une dernière remarque avant de conclure. Une remarque qui a trait à la construction à rebours du récit : un vieil homme à qui se refuse une jeune fille (Image 1) se souvient de son séjour à Paris. Chabrol qui n’a jamais été un adepte du martèlement du signifié semble ici surligner l’idée de mort (Image 8). Mais il suffit de regarder la vidéo d’Henry Miller sur sont lit de mort pour se convaincre du contraire (4). Claude Chabrol ne martèle rien, ne surligne rien… peut-être ne fait-il que glisser un hommage ? 1- La publication de son livre « Tropique du Cancer » aux USA en 1961 lui coûte toute une série de procès pour obscénité, tant son livre mettait à l'épreuve les lois et la morale américaines sur la pornographie. En 1964, la Cour Suprême casse le jugement de la Cour d'État en affirmant la valeur littéraire de l'œuvre de Miller (Wikipédia). 2- L’un est américain l’autre tchèque. 3- Cahier du cinéma novembre 1990. 4- http://www.youtube.com/v/U9KI8ihPHBE&hl=fr_FR&fs=1&&showsearch=0 |
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