Claude Chabrol - Le Cri du hibou - - sur le site RayonPolar


Le Cri du hibou



Le Cri Du Hibou -

1988
Claude Chabrol

Christophe Malavoy : Robert || Mathilda May : Juliette || Jacques Penot : Patrick || Jean-Pierre Kalfon : le commissaire || Virginie Thévenet : Véronique || Patrice Kerbrat : Marcello || Jean-Claude Lecas : Jacques || Agnès Denèfle : Suzie || Victor Garrivier : le médecin || Jacques Brunet : le père || Charles Millot : le directeur || Yvette Petit : la voisine de Robert || Dominique Zardi : le voisin de Robert || Albert Dray, Henri Attal et Gérard Croce : les flics || Nadine Hoffman : Josette || Isabelle Charraix : Mme Tessier || Gilles Dreu : M. Tessier || Laurent Picaudon : un garçon || Christian Bouvier : le maître d'hôtel
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Le Cri du hibou
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Le Cri du hibou
Synopsis

Robert, dessinateur industriel, vit à Vichy depuis qu'il s'est séparé de sa femme Véronique.
Juliette et Patrick vivent heureux et vont bientôt se marier.
Mais la jeune femme, qui se déclare insatisfaite, se laisse séduire par Robert qui rôde depuis trois mois autour de sa maison.
Alors pour nuire à Robert et se venger de Juliette, Patrick s’allie à Véronique, une nymphomane manipulatrice. Avec la complicité de celle-ci, il disparait afin que Robert soit accusé de meurtre.
Soumise aux pressions des uns et des autres, Juliette se suicide et Robert est aussitôt accusé d’être responsable de sa mort.
Quelque temps plus tard la police retrouve dans la rivière un corps qui pourrait être celui de Patrick.
Pour Robert la situation devient inextricable lorsqu’un inconnu le prend pour cible.

Quelques mots sur
Le Cri du hibou

Pourquoi Véronique, l’ex-femme de Robert, manipule-t-elle Patrick ? Pour nuire à Robert. Mais pourquoi veut-elle lui nuire ? Véronique et Robert sont divorcés — elle s’est occupée de tous les papiers. De plus, elle vit avec Marcello. Alors pourquoi tant de haine, tant d’acharnement ?
Nous ne le saurons jamais. Lorsque le film débute, le couple est déjà séparé et vit à quatre cents kilomètres l’un de l’autre. Et aucune allusion à la vie passée ne permettra d’établir un semblant de réponse.
Pourquoi Robert a-t-il passé trois mois à épier Juliette ? Serait-ce par amour ? Le peu de tristesse qu’il éprouvera lorsqu’elle se suicidera permet d’en douter. En fait, ses mobiles ne seront jamais clairement énoncés (1).
Pourquoi Juliette se sépare-t-elle de Patrick ? Parce qu’elle tombe amoureuse de Robert… Mais pourquoi tombe-t-elle amoureuse de cet homme qui l’espionne depuis plusieurs mois ? Peut-être parce qu’elle est perpétuellement insatisfaite et qu’il est paradoxalement rassurant ? Mais alors pourquoi se suicide-t-elle ? Parce qu’elle ne sait pas si elle est heureuse ou malheureuse, mais qu’elle sait qu’il faut cesser de vivre avant la fin de la nuit.
Pourquoi Patrick joue-t-il la comédie de la disparition ? Et pourquoi se met-il à tirer à la carabine sur Robert ? Parce qu’amoureux de Juliette, il souhaite se venger de Robert. Certes, mais l’intensité de son amour ne résiste pas aux charmes polissons de Véronique.

En fait, le comportement de chacun des protagonistes de ce film semble guidé par les raisons de leur folie. La leur n’étant pas celle des autres.
Juliette vit dans un univers fait de rêves (Image 4), de présages et d’apparitions (Image 2). Sa mort n’est que le prolongement de sa vie : une mise en scène littéraire pour son théâtre personnel (Image 7).
Robert nourrit son trouble dans la contemplation passive (Image 1). Le monde est un spectacle qu’il observe la nuit pour le reproduire en noir et blanc (Image 5). Tout n’est que tentations, pulsions refrénées (Image 3) ou imprudences expérimentées (Image 8).
Véronique peint le bleu au couteau (Image 6) et un Soulages ne pouvait que devenir l’objet de sa vengeance immotivée, source probable de sa raison de vivre. Quant à Soulages Patrick, puisque tous les garçons s’appellent Patrick, il n’a jamais quitté l’enfance et masque ses caprices sous un rigorisme fait de cartoon et de Whisky.
Malheureusement, ces folies, que l’on pourrait dire douces, s’emmêlent les uns aux autres. Tout comme à jouer avec le feu on se brûle, à jouer avec la folie des autres on meurt. Et dans la nuit retentit le « Cri du Hibou » (2)



1- « Quand j’étais malheureux, le fait de vous regarder me remontait le moral » dit-il à Juliette.

2- Une autre adaptation du roman éponyme de Patricia Highsmitha vu le jour en 2008. Elle est le résultat du travail de Jamie Thraves avec dans le rôle des protagonistes Julia Stiles, Paddy Considine, Karl Pruner, Caroline Dhavernas, Greg Wyncoop.

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