|
|
|
Jean Poiret : Inspecteur Jean Lavardin || Jean-Claude Brialy : Claude Alvarez || Bernadette Lafont : Hélène Alvarez, veuve Mons || Jean-Luc Bideau : Max Charnet || Jacques Dacqmine : Raoul Mons || Hermine Clair : Véronique Manguin || Pierre-François Dumeniaud : Marcel Vigouroux || Florent Gibassier : Francis || Guy Louret : Buci || Jean Depussé : Volga || Marc Adam : Adam || Michel Dupuy : Frogman || Serge Feuillet : Priest || Michel Fontayne : Bouncer || Philippe Froger : Stage Manager || Chantal Grebbet : Eve || Claire Ifrane : Tobacconist || Hervé Lelardoux : 1st Man || Lisa Livane : Woman || Robert Mazet : Léon || Guy Parigot : 2nd Man || Maurice Regnaut : Pierre Manguin || Odette Simoneau |
975 lectures |
|||||||
Inspecteur Lavardin |
Retour à Claude Chabrol |
|||||||
Inspecteur Lavardin |
||||||||
Le corps nu, avec le mot « Porc » inscrit en rouge sur son postérieur, du notable Raoul Mons, écrivain catholique qui vient de faire interdire une pièce de théâtre blasphématoire, est retrouvé sur une plage de Bretagne. Hélène est veuve pour la seconde fois puisque son premier mari a disparu en mer. Elle fut un amour de jeunesse de l'inspecteur Lavardin chargé de l'enquête |
||||||||
Quelques mots sur |
||||||||
Un film c’est 24 images par seconde… d’où nait l’illusion d’une image animée. Mais un film c’est aussi des yeux qui regardent et un cerveau qui s’approprie le signifiant des images. Que voit-on sur l’image 1 ? Le corps ensanglanté d’un homme nu avec sur le dos inscrit le mot porc. Or, nous savons que cet homme était un écrivain catholique qui imposait le bénédicité à sa famille avant chaque repas. Catholique fervent et militant, il l’était jusqu’à l’intransigeance puisqu’il venait, quelques images plus tôt, d’interdire la représentation d’une pièce de théâtre pour blasphème. Fort de cette connaissance, nous interprétons le mot porc dans son acception morale. Sous l’apparence d’un fondamentaliste se dissimulerait un libidineux. Et la suite ne fera que renforcer cette hypothèse. Que voit-on sur l’image 2 ? Une femme un casque aux oreilles, de blanc vêtue, installée sur fauteuil, les jambes posées sur un repose-pieds, qui écoute de la musique. Son regard semble perdu dans le vague de sa rêverie, à moins qu’il ne soit absorbé par la musique. Cette image, au halo légèrement David Hamilton (1), brosse un parfait portrait psychologique du personnage. Hélène Alvarez est hermétique aux événements qui l’entourent car elle ne vit que dans le souvenir du bonheur perdu, qu’au temps où elle n’était pas veuve Manguin. Que voit-on sur l’image 3 ? Un homme qui décroche le crucifix qui trône au-dessus de son lit. Serait-ce un mécréant de peu de morale ? Lorsqu’il raccrochera ce crucifix, nous saurons que s’il n’est pas dénué de morale celle-ci ne puise pas ses préceptes dans le Décalogue, mais qu’elle s’accommode fort bien d’arrangements avec la vérité. Tout ceci nous l’avons vu sans avoir conscience de nos yeux. Et brusquement, alors que l’inspecteur Lavardin, secondé par le gendarme Marcel Vigouroux, fouille la garçonnière du très intégriste et notable Raoul Mons, la caméra devient démonstrative, comme si nos yeux quittaient leurs orbites et allaient se figer au plafond ! (Image4). Que s’est-il passé ? La caméra serait-elle en recherche d’effet de style pour déserter à ce point sa place objective ou subjective ? La réponse viendra quelque temps plus tard. Et aura de quoi surprendre ! En fait, la caméra du cinéaste qui servait de relais à nos yeux avait cessé d’exister pour devenir un objet du film. Nous ne regardions plus le film, nous étions à l’intérieur de celui-ci. Lorsque Lavardin découvre la collection de cassettes vidéo du mort et qu’il s’installe devant un écran de télévision (Image 5), ce même phénomène se produit de nouveau – mais en se révélant et en révélant le fin mot de l’histoire (Image 6). A cette exploitation de la caméra comme objet immoral de l’intrigue, Claude Chabrol adjoint un flashback (Image 7) qui non seulement innocente la coupable du meurtre, mais éclaire d’un jour nouveau l’inscription qui maculé le corps de la victime : Raoul Mons est mort en grouinant. Et lorsque nous sortons de l’analepse, lorsque tout est devenu limpide, la caméra interne au scénario s’efface au profit de celle du cinéaste : nous regardons la télévision (Image 8)… 1- Photographe britannique, au style clairement et immanquablement reconnaissable. Il réalise aussi quelques films • Bilitis (1977) • Laura, les ombres de l'été (1979) • Tendres Cousines (1980) • Premiers désirs (1983) (avec Emmanuelle Béart) • Un été à Saint-Tropez (1984) À la fin des années 1990, les conservateurs chrétiens aux États-Unis l’accusent de pornographie enfantine… |
|
|
|