|
|
|
Donald Sutherland: L'inspecteur Carella || Stéphane Audran: Mrs Lowery || Aude Landry: Patricia || Lisa Langlois: Muriel || Laurent Malet: Andrew || David Hemmings: Armstrong || Donald Pleasence: Doniac || Micheline Lanctôt: Mme Carella || Ian Ireland: Klinger || Tommy Tucker: Jean Hanley || Julie Anna: Mme Hanley || Gregory Giannis: Louis Sully || Victor Knight: le médecin-légiste || Marguerite Lemir: Helen || Penelope Bahr: l'amie des Carella || Nina Balogh: la fille des Carella || Tim Henry: le capitaine Mariott || Jan Chamberlain: la grand-mère |
691 lectures |
|||||||
Les Liens de sang |
Retour à Claude Chabrol |
|||||||
Les Liens de sang |
||||||||
Au sortir d’une soirée d’anniversaire, Patricia et Muriel sont agressées par un détraqué sexuel. Après avoir été contrainte à une fellation, Muriel est sauvagement poignardée. Patricia réussit à fuir jusqu’au commissariat le plus proche. Au commissaire Carella, elle dresse le signalement de l’agresseur : un homme brun aux yeux bleus. Confrontée à sept suspects, elle identifie avec certitude l’individu. Mais ce ne peut être lui ! Quelques jours plus tard, elle avoue que le meurtrier n’est autre que son frère… Cet aveu plonge Carella dans un océan de perplexité que ne dissipe pas la lecture du journal intime de Muriel, retrouvé dans une poubelle… |
||||||||
Quelques mots sur |
||||||||
Une très jeune fille court dans les rues obscures de la ville en hurlant. Elle se dresse derrière la porte battante du commissariat. Ses mains sont ensanglantées, son visage en quête de secours. (Image 1) L’intégralité de ce film Américain de Claude Chabrol, adaptation du roman Ed McBain (1), « Blood relatives », est probablement contenue dans cette simple image qui conjugue la violence et l’innocence. Brutalité du rouge sang du meurtre qui macule des mains tendues comme en défense ou en appel à l’aide. Franchise de cette moue désespérée, de ce regard baissé, de ce visage d’ange suppliant ; pureté de cette vérité offerte mains ouvertes face à la transparence de la vitre. Patricia n’a rien à cacher, parce qu’à son âge c’est la vérité qui sort de la bouche. Et elle ne cachera rien des circonstances de l’agression qu’elle vient de vivre, ni des circonstances du meurtre de sa nièce (Image 2). Car c’est bien la vérité qu’elle narre au commissaire Carella lorsqu’elle lui révèle que Muriel a été contrainte de s’agenouiller pour pratiquer une fellation (Image 3). Mais sa vérité est filtrée par l’ingénuité de sa jeunesse, courtepointe de sentiments, d’envies et de besoins contradictoires. Et la construction du film colle de ce patchwork tantôt assemblé, tantôt appliqué. Chabrol a franchi l’Atlantique pour poser sa caméra en terre canadienne. Durant la première demi-heure, il filme à la manière des thrillers made in USA : commissariat sordide ; toits des voitures de police ; ville que l’on devine tentaculaire ; ruelles obscures et débordantes d’immondices ; déviant sexuel ; gamine à la casquette de baseball… A ce morceau de film, il assemble un autre fragment qu’il coud à l’aide d’une scène d’enterrement donnant lieu à un débordement de désespoir. Durant la demi-heure qui suit, nous quittons subrepticement la ville. Place à la campagne et à ces verts pâturages avec en arrière plan un troupeau de vaches qui broute paisiblement. Exit la ville décor de tous les thrillers, le film bascule dans le drame familial : mère ivre ; père à la rigueur moral étouffante ; grand-mère mutique ; meurtre fratricide ; coup de folie aux mobiles obscurs. Vient ensuite le temps du romantisme, que Chabrol coud au moment précédent grâce à un journal intime. Les sens s’embrasent, l’amour bouscule les conventions, renverse les interdits, tourmente les cœurs. Mrs Lowery marche dans l’eau du lac pendant que Muriel et son neveu partent pour une promenade en barque durant laquelle les corps succomberont à la sensibilité de l’âme. Mais comment exalter la nature lorsque celle-ci a cédé sa place aux buildings de verre ? Et le romantisme se dissout dans un frénétisme où le désir absolu se heurte à son impossible réalisation. Le dilemme écartèle Andrew jusqu’au sordide (Image 3) Et la couture qui relie les différents fragments de genre filmique se déchire, les morceaux se superposent. Patricia avait déclaré au commissaire Carella que leur agresseur avait contraint Muriel à s’agenouiller devant lui, Carella apprend à la lecture du journal intime de Muriel, que cette scène a eu lieu dans la chambre d’Andrew quelques jours plus tôt. Le patchwork disparait sous le cri de Patricia qui annonce un flashback occultant l’heure vingt de film. Chabrol a franchi l’Atlantique pour poser sa caméra sur le continent américain. Quoi de plus naturel que de conclure par la scène primitive du meurtre : celui de Norman Bates? Est-ce Patricia qui brandit le couteau ou Norman Bates ? Est dans le ventre de Muriel qu’il s’enfonce ou dans celui de Marion Crane (Image 5) ? Sommes-nous dans une ruelle sombre et est-ce la pluie qui fouette le visage extatique de Muriel (Image 4) ou sommes-nous sous la douche du motel de Norman ? Et à qui appartient cette main que taillade ce couteau (Image 6-7-8) ? 1- Ed McBain ou Evan Hunter, de son vrai nom Salvatore Lombino est un écrivain américain, né le 15 octobre 1926 à New York et mort le 6 juillet 2005. Sa notoriété s'affirmera avec la série qu’il consacre aux inspecteurs du 87e District (une soixantaine de romans). Steve Carella est l’un de ces inspecteurs. |
|