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Jean-Paul Belmondo : Laszlo Kovacs || Madeleine Robinson : Thérèse Marcoux || Jacques Dacqmine : Henri Marcoux, la mari de Thérèse || André Jocelyn : Richard Marcoux, le fils || Antonella Lualdi : Leda Mortoni, la voisine des Marcoux, maîtresse de Henri || Jeanne Valérie : Élisabeth Marcoux, la fille || Bernadette Lafont : Julie, la bonne || Laszlo Szabo : Vlado, l'ami de Kovacs || Mario David : Roger Tarta, le laitier || André Dino : Le commissaire de police || Raymond Pélissier : Le jardinier || Claude Chabrol : un passant |
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A double tour |
Retour à Claude Chabrol |
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A double tour |
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La famille Marcoux vit confortablement du négoce du vin dans un « château » aux alentours d'Aix-en-Provence. Aux murs de la demeure trône quelques crucifix et madame, accompagnée de ses enfants, ne manque jamais la messe Mais voilà que dans la maison voisine à cette famille, qui ne déroge jamais à la bienséance, s’installe une jeune artiste récemment débarquée du Japon. Henri Marcoux tombe follement amoureux de cette jeune femme. Laszlo Kovacs, un ami de l’artiste, devient le petit ami d’Élisabeth, la fille Marcoux. Madame Thérèse Marcoux ne peut que se désespérer et ceci d’autant plus que Laszlo multiplie les provocations et incite Henri à la quitter… Mais Thérèse trouve en son fils un allié de taille. |
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Quelques mots sur |
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Avec ce troisième film, Claude Chabrol passe à la couleur et adapte un roman de l’auteur américain de romans criminels, Stanley Bernard Ellin, « The Key To Nicholas Street » (1). Fidèle à la doxa de la « Nouvelle vague », il réalise ce film en décors naturels et s’il ne fait pas directement appel aux habitants de la région pour jouer les figurants, c’est peut-être parce qu’il élimine cette notion et préfère, pour les scènes de rue à Aix-en-Provence, faire figurer ses acteurs parmi la population (2). Lors de sa sortie, ce film a été fraichement accueilli par la critique qui, bien qu’admettant la brillance de la réalisation ou de la direction d’acteurs, a parlé de « coquille vide » et « d’œil outrancier et partial » porté sur la bourgeoisie. (3) Car tel est le sujet du film : observer et décrire les comportements de la bourgeoisie de province, celle qui ne dissimule pas ces valeurs, faites d’hypocrisie, sous le masque d’une fausse modernité. Thérèse Marcoux est prête à supporter que son mari ait une maitresse à condition que les apparences soient sauves, que les enfants, en âge de convoler depuis longtemps, n’en sachent rien. Ou du moins que chacun se comporte comme s’il n’en savait rien. Elle va jusqu’à proposer, au cours de la scène charnière, de la scène qui va précipiter le drame (4), un marché à son époux : il peut couler le parfait amour avec sa maitresse à condition que cela ne fasse pas de scandale (5) et qu’il intervienne auprès de sa fille pour qu’elle rompe avec Lazlo. Mais cette hypocrisie, cette peur du scandale, ce besoin de tout sacrifier en défense du confort… ne sont pas le seul panache de Thérèse. En la matière, Henri n’a rien à lui envier : s’il hésite à quitter sa femme, c’est pour ces mêmes raisons ; car ils sont identiques, comme elle il pense qu’interpeler les gens depuis sa fenêtre « cela fait vulgaire ». En fait « d’œil outrancier et partial » on n’en décèle aucun, car aucun des protagonistes de cette journée fatale n’est innocent et chacun cultive son rôle : - Thérèse, de victime consentante. - Henri, d’amoureux lâche et ignoble. - Lazlo, de parasite provocateur. (6) - Le fils Marcoux, de voyeur œdipien. (7) - La fille Marcoux, de sainte nitouche encanaillée. - Leda Mortoni, l’amante, d’aventurière sulfureuse et briseuse de ménage. (8) Tout au contraire, l’œil ne serait-il pas tout en retenu et impartial ? N’aurait-il pas capté comme un fragment de réalité bourgeoise ? Mais nous ne sommes qu’en 1959 et critiquer la bourgeoisie relève d’un manque de tact indiscutable. Quant à la géométrie du film, elle est toute contenue dans l’image du générique : spirale (9). Hélicoïde de l’escalier que dévale Julie (Bernadette Lafon) ; circonvolution que semble suivre Laszlo Kovacs lorsqu’il traverse Aix-en-Provence à bord de sa voiture ; spirale du récit qui s’ouvre sur des images que nous ne verrons qu’une quinzaine de minutes avant le dénouement, après de multiples flash-back sur des moments présentés sous des points de vues différents ; spirale des émotions et des mensonges. 1- Ecrit en 1952. Claude Chabrol gomme quelque peu l’aspect policier de ce roman qu’il cantonne à la dernière demi-heure et préfère se concentrer sur l’aspect psychologique de l’intrigue. 2- Particulièrement frappant lors de la scène où Laszlo Kovacs et son ami se mettent à suivre une fanfare qui parade dans les rues. 3- Répertoire général des films 1960, édition Penser-Vrai 4- La scène est d’autant plus marquante que le réalisateur capte, dans un jeu de miroirs déformants, le visage luisant de crème de Thérèse. (image 4) 5- Elle l’autorise à aller « baiser » dans les bois. Peut-être au milieu des coquelicots. Taches de sang impur ? Signes prémonitoires de la mort à venir ? 6- L’étranger dont on ne sait rien, si ce n’est qu’il a débarqué en même temps que Leda Mortoni. Réfractaire à toutes les règles de vie… figure de l’anarchiste… Figure de la jeunesse à venir ? Magistralement incarné par un Belmondo encore inconnu. 7- Nous découvrons ce futur meurtrier l’œil rivé à la serrure de la chambre de la bonne… et c’est parce qu’il écoute la dispute de ses parents qu’il assassine Leda Mortoni, à moins que ce ne soit parce que le diable le guide (image 7) 8- Peut-être a-t-elle couché avec Lazlo. Toujours est-il qu’elle transpire la sexualité libre (image 8) 9- Allusion à « Vertigo » |
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