Claude Chabrol - Que la bête meure - - sur le site RayonPolar


Que la bête meure



Que La Bête Meure -

1969
Claude Chabrol

Michel Duchaussoy : Charles Thénier, l'écrivain qui mène l'enquête pour se venger || Jean Yanne : Paul Decourt, le garagiste || Caroline Cellier : Hélène Lanson, comédienne, belle-sœur du garagiste || Anouk Ferjac : Jeanne Decourt, femme du garagiste || Marc di Napoli : Philippe Decourt, le fils du garagiste || Lorraine Rainer : Anna Ferrand || Maurice Pialat : le commissaire || Louise Chevalier : Madame Levenes, la gouvernante || Stéphane di Napoli : Michel Thénier, le fils écrasé en rentrant d'une partie de pêche || Guy Marly : Jacques Ferrand || Dominique Zardi : inspecteur de police || Raymone : la mère de Paul Decourt || Michel Charrel : le casseur.
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Que la bête meure
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Que la bête meure
Synopsis

Parce que son fils est tué par un chauffard, qui s’empresse de prendre la fuite, Charles Thénier consacre son temps à mener une enquête aussi méthodique qu’obsessionnelle.
Le hasard le met sur la piste d'une comédienne, Hélène Lanson, dont il devient l’amant. Il rencontre ensuite le beau-frère de celle-ci, un garagiste infect et détestable, Paul Decourt, dont il devient l’ami.
A la mort de Paul Decourt tout désigne Charles Thénier comme l’assassin… et ceci d’autant plus qu’il a consigné les détails de son enquête dans un carnet

Quelques mots sur
Que la bête meure





La critique parle souvent de l’art de diriger les acteurs, mais bien moins souvent de celui de diriger les spectateurs. Alfred Hitchcock avait avec "Psycho" démontré de façon magistrale que cette possibilité ne relevait pas d’un inaccessible impossible. Claude Chabrol lui emboite le pas et se révèle un maître en la matière.
Les images d’avant le générique enclenchant le suspense manipulatoire qui courra tout au long de ce film.
Chabrol filme un enfant qui après une partie de pêche, en bord de mer, remballe son matériel, consulte sa montre et regagne sa maison. Parallèlement à ces images, nous suivons une voiture qui roule à vive allure. Et nous savons que ce parallélisme de montage masque une convergence de trajet : la voiture ne peut que rencontrer l’enfant. Mais nous espérons que cette rencontre n’engendrera aucun drame.
A la fin de la scène d’ouverture, de l’enfant il ne subsiste qu’un marquage au sol à la craie et une tache de sang (Image 1). Après une ellipse temporelle, durant laquelle le père aurait été hospitalisé, le film commence.
Aussitôt, nous apprenons que ce père, veuf, et maintenant orphelin de son fils va se mettre en chasse du chauffard. Et qu’importe le temps qu’il lui faudra, au terme de sa quête il tuera le meurtrier de son enfant.
Que peut faire d’autre le spectateur que d’approuver cette décision ?
Après une enquête, que nous imaginons longue et fastidieuse, le père découvre une piste qui le conduit jusqu’à une actrice parisienne.
Le spectateur qui a suivi la voiture meurtrière sait que ce n’était pas une femme qui la conduisait. Mais il sait aussi qu’une femme était assise à la place du passager. Le père est lui aussi en possession des mêmes informations puisque tel était le contenu du témoignage qu’il a recueilli.
Et le suspense est relancé.
Qu’elle est l’identité du chauffeur ? Qu’elles sont les liens de cette actrice avec cet homme ? Le père, qui lui jouait la comédie, est-il amourache d’elle ? Va-t-elle le conduire jusqu’au meurtrier ? Autant de questions qui peuvent se résumer en une seule : Le père va-t-il parvenir à ses fins, va-t-il tuer celui qui a pris la vie de son fils ?
Mais à ce stade du film, si le suspense ne s’essouffle pas, notre sympathie pour ce père s’émousse quelque peu. Car a-t-il vraiment besoin de se jouer des sentiments de cette comédienne, que nous savons et qu’il sait innocente (Image 2).
A cet instant Claude Chabrol redéploie son génie de directeur de spectateurs. Il fait entrer en scène le meurtrier et nous le présente tout au long d’un hallucinant repas de famille comme un être absolument abject (Image 3). En quelques minutes notre vague antipathie pour ce chauffard s’affermit, se transmute en une identification totale au père, à Charles Thénier. Avec lui, nous sommes dévorés par l’unique envie : que meure la bête, car il s’agit bien d’une bête et non d’un homme.
Au terme de cette première partie, Chabrol nous a menés d’une saine compréhension des sentiments qui animent le père à une franche approbation de ces projets, à une sorte de complicité active. Et le suspense se déplace autour du carnet où le père consigne ses recherches et ses projets. Ne voudrait-il pas mieux qu’il le détruise ? Paul Decourt, l’assassin de l’enfant, ne va-t-il pas le découvrir ?
Puis vient le temps des déconvenues. Intrigué par ce carnet rouge, Paul Decourt s’en empare et déjoué le piège que lui avait tendu Charles Thénier. Armé d’un revolver, il le contraint à regagner le port avant de le chasser de Brest. En compagnie d’Hélène Lanson, la belle-sœur de Decourt, il quitte la ville et fait halte dans une auberge où au cours du repas celle-ci lui narre l’accident après qu’il lui ait révélé sa véritable identité. Et nous assistons à total décalage entre les propos dramatiques qu’échangent les deux protagonistes et les images banales d’un service au restaurant (Images 4 et 5).
Ce père vengeur va-t-il renoncer à son projet et se contenter de déguster une cuisse de canard ?
Une fois de plus Claude Chabrol relance le suspense en cadrant un écran de télévision qui annonce la mort par empoisonnement du garagiste chauffard, Paul Decourt.
Mais qui a assassiné cette bête immonde ?
Nous toucherons du doigt la vérité lors de l’échange entre Charles Thénier et le commissaire chargé de l’enquête (Maurice Pialat - Image 6). Nous la toucherons du doigt et constaterons que le metteur en scène nous a, tout au long du film, abusé, peut-être pour mieux nous exposer la solitude finale (Images 7 et 8).

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