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Jean-Louis Trintignant : Paul Thomas || Jacqueline Sassard : Why || Stéphane Audran : Frédérique || Nane Germon : Violetta || Serge Bento : Bookseller || Henri Frances : || Henri Attal : Robèque || Dominique Zardi : Riais |
331 lectures |
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Les Biches |
Retour à Claude Chabrol |
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Les Biches |
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La très riche et très oisive bourgeoise, Frédérique, s’entiche d’une jeune fille sans attaches qui dessine des biches à la craie sur le pont des Arts. Frédérique entraîne Why dans sa villa tropézienne pour y vivre leur amour… Mais Why tombe amoureuse de Paul, un séduisant architecte. Elle menace ainsi d’échapper à l’emprise de Frédérique, ce que celle-ci ne saurait admettre. Alors, elle séduit Paul et s’installe avec lui. La relation Why Frédérique est détruite. Un ménage à trois va-t-il éclore ? Ce serait ignorer la frustration née de l’abandon et de la jalousie. |
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Quelques mots sur |
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Sorti en 1968, ce film fut probablement auréolé d’une odeur de scandale puisqu’il semblait poser au centre de l’intrigue une relation homosexuelle entre femmes, relation explicitement désignée dès les premières minutes (Images 1-2-2) (1). Que reste-t-il de cette odeur de soufre une quarantaine d’années plus tard ? (2) Peu de choses, ce qui constitue une chance puisque « Les Biches » y a gagné en visibilité. Car si l’homosexualité féminine est présente dans ce film, elle n’en constitue nullement le thème, elle n’y occupe pas plus de place que les deux personnages de parasites qui vivent dans le sillage de Frédérique. Why et Frédérique nouent une relation. Mais est-on certain qu’il s’agisse d’une relation amoureuse ? Ne conviendrait-il pas mieux d’ébaucher l’hypothèse que Frédérique s’achète une dame de compagnie ? Comme elle semble s’être offert deux zigotos à la sexualité indéfinie, qu’elle rémunère jusqu’au jour où leurs plaisanteries ne l’amusent plus (3). Et serait-il absurde de penser que ses rapports avec Paul ne relèvent que du besoin d’affirmer sa puissance ? Lorsque Why rencontre Paul, Frédérique se positionne en surveillante, elle veille jalousement sur son bien (Image 4). Elle expédie d’ailleurs ses deux zigotos pour épier le couple lorsque celui-ci quitte la soirée. Confrontée à l’amour qu’éprouve Why à l’égard de Paul, elle pressent les risques de voir Why s’émanciper de son emprise. Sa riposte est à la hauteur de la menace : elle séduit Paul et assure ainsi son ascendant sur l’un et l’autre. Ne peut-on conclure, qu’en ce qui concerne Frédérique, ses rapports aux autres ne sont ni homosexuels, ni hétérosexuels, ni bisexuels, mais plus prosaïquement de pouvoir? Le regard que poserait Frédérique sur le monde serait perverti par son besoin de domination, mais qu’en est-il de Why ? (4) Elle dessine des biches à la craie sur le pont des Arts… La biche, l’animal fétiche de l’enfance… et c’est bien un comportement enfantin, parce que mimétique, qu’elle déroule jusqu’au dénouement. Est-elle amoureuse de Frédérique ? Est-elle amoureuse de Paul ? Est-ce les gémissements de Paul ou de Frédérique, qu’elle espionne derrière la porte de leur chambre par une nuit d’amour, qui la plonge dans le désespoir ? Ou souhaite-t-elle entamer une relation à trois (Image 7) ? Nous ne le saurons jamais, car chaque instant du film affirme contraire du moment précédent. A moins qu’elle désire être Frédérique, se métamorphoser en elle, fusionner jusqu’à ne plus faire qu’une afin de vivre une relation à trois réduite à deux. C’est cette hypothèse que suggèrent aussi bien les scènes où Why se maquille et s’habille comme Frédérique (Images 5-6), que les paroles qui les accompagnent. Et c’est cette hypothèse que suggère le dénouement sanglant du film. 1- Notons que l’homosexualité se concentre sur des images contemplatives. 2- Ce rôle trouble valut à Stéphane Audran L'Ours d'argent de la meilleure actrice au Festival de Berlin cette année-là. 3- Mais rien ne prouve qu’ils soient les auteurs de la plaisanterie qui conduit Frédérique à les chasser 4- Le rôle de Why est incarné par Jacqueline Sassard. Née le 13 mars 1940 à Nice, elle est connue pour avoir joué dans les films suivants : Eté violent (Valerio Zurlini 1959), Faibles femmes (Michel Boisrond 1959), Accident (Joseph Losey 1967) et enfin Les Biches (Claude Chabrol 1968). "Après avoir été cette étrange “Biche” pour Claude Chabrol en 1968, elle disparaît complètement, absorbée dans un anonymat dont nul ne connaît le “sésame”." (selon "La Saga des Etoiles Filantes" |
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