Production: M. O P., 1944, G. B., ministère de l'Information (British Ministry of Information) Réalisation: Alfred Hitchcock. Directeur de la photographie: Gunther Krampf Décors: Charles Gilbert. Studios: Associated British Interprétation: T'he Moliere Players. |
519 lectures |
|||
Synopsis |
||||
A Londres trois comédiens se préparent à monter sur scène. L'un des trois doit interpréter un officier allemand, mais il ne saisit pas bien les nuances de ce personnage. Alors, son collègue Clarusse lui raconte son histoire, afin qu'il puisse s'inspirer d'un personnage réel. Avant d'être comédien, il exerçait la profession d'avocat à Madagascar et l'une des affaires, qu'il plaida, l'amena à accuser Michel, le directeur de la Sûreté Générale de l'île, de corruption. Sur ces entrefaites l'armistice est proclamé par le maréchal Pétain. Pour les anciens combattants résidants dans l'île, il est hors de question de se soumettre. Un moment, l'autorité militaire penche de leur côté, mais l'intervention légaliste de Michel la ramène sous le giron de Vichy. Clarusse organise la résistance et en particulier les départs clandestins de l'île que le gouverneur a coupé du reste du monde. Dénoncé, il est jeté en prison puis exilé au Sahara. Par chance le bateau qui le conduit loin de Madagascar est intercepté par un bateau britannique. En mai 1942 Les Britanniques débarquent à Diego-Suarez et libèrent Madagascar. Malgré ces tentatives de ralliement au nouveau pouvoir, Michel est emprisonné. |
Voir toutes les apparitions d’Hitchcock |
|||
De l'idée... |
||||
Ce film, ainsi que Bon Voyage, fut tourné en 1943. Pour les réaliser Hitchcock se rendit à Londres et fit appel au Ministère de l'information. Bien évidemment les moyens dont il disposa furent dérisoires (à cette époque Londres était soumise aux bombardements) et il ne put consacrer que deux mois à la réalisation de ces deux films. Ces conditions matérielles expliquent la forme qu'il adopta pour la construction de ‘L'aventure Malgache’. Pour porter à l'écran cette histoire inspirée de faits véridiques, il n'était pas question de se lancer dans une mise en scène sophistiquée. En particulier les transitions entre chaque scène ne pouvaient reposer que sur un procédé simple. Hitchcock résolu le problème en intercalant entre chaque plan-séquence un même plan-séquence où il nous montre Clarusse contant son histoire aux deux autres acteurs. Malgré l'aspect spartiate du film certaines scènes constituent de véritables leçons de cinéma. En particulier celle où la fiancée d'un résistant apprend que celui-ci doit quitter Madagascar dans la nuit. Dans un premier temps l'homme et la femme se font face. La femme explique à son fiancé qu'elle est contre le fait qu'il rejoigne la résistance. Puis l'homme se retire, la femme demeure seule. Comment filmer ses sentiments, son amertume, sa rancœur ? Par une scène d'hystérie, des larmes, des cris ? Hitchcock choisit la sobriété, la quasi-immobilité. La femme tourne lentement sa tête vers la caméra, s'immobilise, mais ses yeux poursuivent le mouvement. La caméra fait un travelling arrière et, en premier plan, apparaît le téléphone sur lequel est posé son regard. D'abord floue, l'image du téléphone devient nette au fur et à mesure qu'elle envahit l'écran. Ce qui est filmé ici ce n'est pas une femme mais le cheminement dans son esprit de l'idée de dénonciation. Ceci ne constitue-t-il pas une véritable leçon de cinéma ? |
||||
De la colonisation... |
|
|||
‘Aventure Malgache’ ainsi que ‘Bon Voyage’ furent tournés dans des buts de propagande (voir la fiche sur Bon Voyage).Ils devaient être diffusés en France dans les zones libres, au fur et à mesure de l'avance des troupes alliées. ‘Aventure Malgache’ ne le fut jamais. La propagande est un domaine sensible. Le film évoque les rivalités coloniales entre la France et Grande-Bretagne. Clarusse justifie son ralliement aux Anglais par le fait qu'il préfère plier le genou devant eux que devant les allemands, quant à Michel il rappelle que les Anglais ont déjà volé à la France les Indes et le Canada. Avec de telles répliques, on comprend que le ministère de l'Information Britannique n'ait pas diffusé ce film. Les autorités françaises n'ont pas dû s'opposer à cette décision et ceci d'autant plus que quelques allusions sur l'état des colonies émaillent le début du film et qu’il n’est jamais fait référence aux forces libres ou au général De Gaulle. |