Production: Universal . Producteur: Alfred Hitchcock Directeur de production : Ernest Wehmeyer. Scénario: Ernest Lehman, d'après le roman de Victor Canning, «Flic Rainbird Pattern ». Images: Leonard South (Technicolor). Effets spéciaux: Albert Whillock. Musique: John Williams. Décors: Henry Bumstead et James Payne. Cos tumes: Edith Head Montage: Ferry Williams. Son: Jarnes Alexander et Robert Hoyt. Assistants réalisateurs: Howard Karanjian et Wayne Farlow. Studio: Universal. Distribution (Etats-Unis) : Universal Interprétation: Karen Black (Fran), Bruce Dern (George Lumley), Barbara Harris (Blanche Tyler), William Devane (Arthur Adarnson), Cathleen Nesbitt (Julia Rainbird), Ed Lauter (Joseph Maloney), Katherine Helmond (Mis Maloney), Warren J. Kemmerlin (Grandison), Edith Atwater (Mrs. Clay), William Prince (l'évêque), Nicholas Colasanto (Konstantine), Marge Redmond (Vera Ilannagan), John Lehne (Andy Bush), Charles Tyner (Wheeler), Alexander Lockwood (le pasteur), Martin West (Sanger) |
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Synopsis |
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Afin d'apaiser sa conscience et de chasser les fantômes qui la hantent, Miss Rainbird décide de léguer sa fortune au fils illégitime de sa sœur décédée voilà fort longtemps. Mais l'enfant avait été abandonné à sa naissance et Miss Rainbird a perdu sa trace. Alors, elle demande à la jeune voyante, Blanche Tyler, de l'aider à le retrouver et lui promet 10000 dollars de récompense. En fait de voyance Blanche pratique l'escroquerie, parfaitement épaulée en cela par son amant George, un chauffeur de taxi que l'attrait du gain de laisse par indifférent. L’argent promis par Miss Rainbird persuade nos deux loustics et ils partent aussitôt à la recherche de ce fils perdu. Malheureusement, lorsqu'ils retrouvent la trace de celui-ci, c'est pour apprendre qu'il est mort. En fait le fil de Miss Rainbird est on ne peut plus vivant, mais ne tient pas à être retrouvé et a pris soin d’effacer tous les indices qui pourraient conduire jusqu’à lui. Ce qui s'explique aux vues de la profession qu'il exerce avec sa compagne Fran : kidnappeur professionnel |
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De la géométrie |
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« Complot de famille » est librement inspiré du roman de Victor Canning, « The rainbird Pattern ». Librement inspiré, puisque Hitchcock et Lehman (scénariste de la « Mort au trousse ») gommèrent l'aspect « noir » de ce roman au profit de touches humoristiques ou de références aux films d'espionnage, très en vogue ces années-là. La différence la plus notable entre le film et le roman c'est que Blanche, la fausse spirite, ne meurt pas. Dans « Complot de famille », elle semble même, à la fin du film, acquérir de véritables dons de voyance. Mais peut-être les avait-elle dissimulés jusque-là… c'est du moins une interprétation possible de son clin d'œil final. Dès le générique le ton est donné. Les formes géométriques seront au centre de la construction filmique. Sphères, droites, parallèles et symétrie constituent, en effet, les figures autour desquelles est bâti ce film. La sphère ouvre, au travers de la boule de cristal, ce « Complot de famille », elle le referme au travers de l'image du diamant. Et sa projection géométrique sur le plan (sur l'écran) -la boucle- résume le parcours de la narration : la fin n'est que l'image qualitativement différente du commencement, au cristal succède le diamant. La droite est une autre des dominantes charpentant le film. Elle est, on ne peut plus, présente dans les déplacements des personnages et en particulier dans celui de Fram, lorsque grimée tel un espion d'Hollywood, elle récupère le diamant de la rançon et qu'elle traverse la rue, dans un passage pour piétons, matérialisé au sol par deux lignes droites. On la retrouve dans deux scènes phares du film, celles qui se déroulent dans un cimetière. Certes, celui-ci est comme à l'abandon et les herbes folles l'envahissent, mais chaque plan reste traversé par la trace des chemins rectilignes qui « serpentent » entre les tombes. Mais la droite, symbole de l'ordre, doit céder sa place au profit de la courbe, de la courbe de la pipe de Lumley ou de la pierre tombale que ce dernier parcourt de son doigt, et si elle s'impose de nouveau dans la scène du kidnapping de l'évêque, ce n'est que passager. A l'ordre doit succéder le désordre ; à la droite, la courbe. Et lorsque la droite devint courbe, la catastrophe n'est pas loin. La route devint sinueuse et Lumley perd le contrôle de sa voiture. Mais la droite n'est qu'une composante mineure du film. Le parallélisme en constitue le stade suprême. Dans « Complot de famille » tout est parallèle : au couple Lomley-Blanche répond le couple celui de Maloney-¦¦Fram ; à la voix désincarnée des kinappeurs de l'armateur répond celle de Blanche lors des séances de spiritisme ; à l'appât du gain de Maloney répond celui de Lomley. Et cette configuration ne s'arrête pas à l'opposition de ces deux couples, elle constitue l'ossature aussi leur vie. Chacun mène une double vie, des vies parallèles. L'un est voyant-charlatan, l'autre est patron d'une luxueuse joaillerie et kidnappeur. En fait les deux couples sont identiques, comme le reflet l'un de l'autre, comme de parfaits symétriques que rien ne prédispose à se rencontrer, qui se croise sans se voir, comme dans la première scènes de transition entre les deux couples où Fram manque de se faire renverser par la voiture de Blanche. Et lorsque la rencontre impossible se produit, la mort paraît être la seule conclusion logique. |
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Le stade suprême de la course poursuite |
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Lorsque la droite devient courbe, la mort semble être la destination finale…Cet adage est particulièrement frappant dans un moment phare du film. Blanche et Lumley ont rendez-vous avec Maloney, celui-ci est prêt à parler et à leur révéler le secret du neveu de Miss Rainbird. Mais il ne s'agit que d'un piège et nos deux loustics attendent en vain. Finalement, ils se décident à quitter le bar de montagne et à regagner la vallée. En fait, leur voiture a été trafiquée. Le flexible des freins a été sectionné et le liquide s'écoule en ligne droite dessinant sur la route de montagne une traînée sinueuse. Totalement désemparé, Lumley tente de maîtriser la voiture, devenue folle, pendant que l'attitude de Blanche transforme cet épisode dramatique en scène burlesque. Certes, Hitchcock n'invente pas la scène, inévitable, de voitures dans le film de genre policier. Ce genre de scènes foisonne dans le cinéma, jusqu'à ne constituer que le seul argument, avec plus ou moins de bonheur, comme dans la série des « Cours après moi shériff » avec Burt Reynolds ou « Duel » de Steven Spielberg. Mais il en énonce clairement la règle : le spectateur doit être assis à la place des passagers ; il doit partager leurs émotions, leurs peurs et leurs craintes et dans ce but ne voir que ce qu'ils voient. Depuis ces années-là, en matière de course-poursuite ou de course folle, tout semblait avoir été inventé. Nous avions eu les poursuites à motos, comme dans « Jamais plus jamais »; en bateaux, comme dans de multiples « James Bond » ou dans quelques « Indiana Jones »; en vélo ou en deux chevaux, comme dans quelques « Gendarmes à Saint Tropez »; à pieds, comme dans « Marathon man » ou « Blow out ». Mais il faut bien l'avouer, la forme suprême a été atteinte tout récemment dans « Les rivières pourpres 2 ». La course folle s'est enfin dégagée de sa gangue matérielle pour atteindre le concept, le sublime, l'idée même. Certes cette mutation a eu un prix, il lui a fallu renoncer à toute crédibilité et se résoudre au ridicule. Mais qu'importe, puisque la course-poursuite - ou la course folle - a retrouvé son sens premier : Courir… |