Production: Kenneth Mac Gowan, 20 th Century Fox, 1943 Réalisation: Alfred Hitchcock. Scénario: Jo Swerling, d'après une histoire originale de John Steinbeck. Directeur de la photographie: Glen Mac Williams. Effets spéciaux: Fred Sersen, Décors: James Basevi et Maurice Ransford. Musique: Hugo Friedhofer, dirigée par Emil Newman. Costumes: René Hubert. Montage: Dorothy Spencer Ingénieurs du son: Bernard Freericks et Robert Heman. Studios: Fox, 1943. Distribution: 20 th Century Fox, 1943, 96 minutes. Interprétation : Tallulah Bankhead (Constance Porter, dit: « Connie »), William Bendix (Gus Smith), Walter Slezak (Willy, le capitaine du sous-marin), Mary Anderson (Alice Mackenzie), John Hodiak Qohn Kovac?, Henry Hill (Charles S Rittenhouse), Heather Angel (Mrs Higgins), Hume Cronyn (Stanley Garett), Canada Lee (George Spencer, dit “Joe”, le stewart) |
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Synopsis |
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Un navire américain est coulé par un sous-marin allemand. Neuf personnes, qui survivent au naufrage, se réfugient sur un canot de sauvetage. L’une d’elles est, en fait, le capitaine du sous-marin qui a lui sombré au cours de l’attaque. Seul capable de se diriger en mer, il profite des dissensions et de l’indécision des autres rescapés pour prendre le contrôle de l’embarcation. |
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Du microcosme |
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Ce film était une commande de la marine américaine qui souhaitait que le réalisateur tourne un film de propagande et qu’il apportât ainsi sa contribution à l'effort de guerre. Pour ce faire Hitchcock fit appel à Steinbeck pour l’écriture du scénario, puis d’autres scénaristes reprirent le travail de l’auteur. L’idée était simple : il s’agissait de traiter des attaques que subissaient les navires US de la part des sous-marins nazis. Mais Hitchcock se débarrassa très vite de cet argument et le réduisit à un prétexte pour un huit clos en haute mer. Alors qu’un paquebot est torpillé, sur un canot de sauvetage grimpent, tour à tour, une journaliste, un ingénieur légèrement communiste, un industriel fascisant, un marin, un noir fortement croyant, une infirmière et une mère de famille anglaise dont le bébé est mort. En quelques minutes se rassemble sur le radeau un échantillon (représentatif) de la société US. Nous devinons, qu’entre des personnages aussi dissemblables, l’entente risque de ne pas être cordiale. Mais arrivée du dernier rescapé, un marin allemand, va conférer à l’embarcation une autre symbolique. De microcosme de la société américaine, le canot de sauvetage devient le microcosme mondial. Tout comme dans le monde, le nazisme s’affronte aux démocraties, sur l’embarcation le marin allemand s’oppose aux autres rescapés. Et de la même manière que le nazisme profite de l’indécision et des divergences des démocraties pour étendre son pouvoir, le marin allemand (qui est en fait le capitaine du sous-marin) met à profit les conflits psychologiques des survivants pour prendre le contrôle du canot et pour le diriger vers un port allemand. Malheureusement la propagande n’admet que le manichéisme : les survivants ne peuvent être que bons, courageux, intelligents et unis ; l’allemand ne peut être que cruel, stupide et veule. En ne respectant pas cette règle Hitchcock a récolté une volée de bois vert de la part de la critique (Steinbeck a, quant à lui, exigé que son nom soit retiré du générique). Et l’accueil virulent qu’a connu ce film a certainement trouvé matière dans la scène durant laquelle les protagonistes tuent le nazi. Scène de mise à mort qui s’apparente au lynchage et où les personnages sont présentés telle une meute de chiens - remarquons que Joe, le rescapé noir n’y participe pas et qu’il tente même d’empêcher Alice MacKenzie d’y participer- |
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Du décor |
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Dans le studio de tournage, un immense bassin avait été aménagé et un premier canot avait été arrimé par des câbles au fond de ce réservoir. Une seconde embarcation avait été installée sur un système de bascules, à un mètre du sol.(1) D’énormes ventilateurs, disposés tout autour du bassin, étaient capables de provoquer de véritables rafales de vent. Enfin, pour simuler les tempêtes, quatre bouches déversaient de gigantesques quantités d’eau dans le bassin en très peu de temps. Fait rarissime à l’époque, ce film avait été entièrement scénarimagé, c’est à dire que chaque plan avait été dessiné afin de produire un storyboard. Enfin notons trois autres éléments important de la réalisation : Hitchcock décida de tourner en suivant la chronologie de l’histoire, de supprimer la musique et de ne jamais planter sa caméra hors du bateau, de ne jamais le filmer depuis l’extérieur. (1)Tallulah Bankhead (la star du film) était connue pour ses excentricités et ses scandales. La petite histoire raconte qu’elle refusait de porter des sous-vêtements aussi bien dans le privé que sur le plateau. Cette habitude ne manqua pas de soulever des protestations |