Production: Gainsborough Pictures, 1938, G. B, Réalisation: Alfred Hitchcock. Producteur: Edward Black. Scénario: Sidney Gilliat et Frank Launder, d'après le roman de Ethel Lina White « The Wheel Spins ». Adaptation: Alma Reville. Directeur de la photographie: Jack Cox. Décors: Alec Vetchinsky, Maurice Cater et Albert Jullion, Musique: Louis Levy. Montage: Alfred Roome et R. E. Dearing. Studios: Lime Grove. Ingénieur du son: Sidney Wiles. Distribution: G. B, 97 minutes, 8 650 pieds; Etats-Unis, G. B. Productions, 1938. Interprétation: Margaret Lockwood (Iris Henderson), Michael Redgrave (Gilbert), Paul Lukas (docteur Hartz), Dame May Whitty (Miss Froy), Googie Withers (Blanche), Cecil Parker (Mr Techanter), Linden Travers (Mrs. Todhunter), Lary Clare (la baronne), Naunton Wayne (Caldicott), Basil Radford (Charters) et Emil Boreo, Zelma Vas Dias, Philippe Leaver, Sally Stewart, Catherine Lacey, Joséphine Wilson, Charles Olivier, Kathleen Tremaine. |
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Synopsis |
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Une avalanche oblige les passagers d’un train, qui traverse l’Europe, à passer une nuit dans un petit hôtel de montagne. Il y a deux Anglais, Cadicott et Charters, qui sont impatients de connaître les résultats d’un test match de cricket; M. Todhunter qui attend sa nomination de juge et voyage avec sa maîtresse; Miss Froy une vieille gouvernante; Iris Henderson qui rentre à Londres pour se marier avec un Lord; un musicologue désargenté : Gilbert Redman. Au terme d’une nuit quelque peu agitée, le train peut enfin repartir. Mais en arrivant à la gare, Iris Henderson, qui aidait de Miss Froy, reçoit un pot de fleur sur la tête. Aussi s’endort-elle une fois dans son compartiment. A son réveil, elle accompagne Miss Froy jusqu’au wagon-restaurant pour y boire un thé. Iris se rendort de nouveau mais lorsqu’elle se réveille, Miss Froy a disparu… et les autres personnes du compartiment - une baronne, le signor Doppo et sa femme- disent ne l'avoir jamais vue. Caldicott et Charters affirment la même chose, Todhunter ne le dément pas. Seul Gilbert Redman accepte de croire Iris Henderson. |
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De la situation politique... |
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En 1938 Mussolini occupe l’Ethiopie, Hitler réarme la Rhénanie, annexe les Sudètes et enfin l’Autriche. Pendant ce temps Chamberlain déclare « II est horrible, fantastique et incroyable, qu'ici nous creusions des tranchées et essayions des masques à gaz, à cause d'une querelle dans un pays lointain entre des gens dont nous ne savons rien... ». A l’image du premier ministre Anglais, Charters et Caldicott, les deux personnages britanniques, refusent d’affronter la réalité et ne veulent penser qu’à leur match de cricket. Ils savent que Miss Froy a disparu, mais ils gardent le silence de peur que le train ne soit de nouveau retardé. Quant à M. Todhunter, il attend sa promotion et s’isole du monde… Seule Iris refuse cet aveuglement volontaire. Pourtant rien ne la prédestinait à agir de la sorte. Tout au contraire, Hitchcock nous la présente, durant la première partie du film, qui se déroule dans l’hôtel, totalement insouciante et parfaitement égoïste. Ce film, que l’on pourrait croire de pur divertissement, ne serait-il pas en fait l’histoire d’une lente prise de conscience? Ne serait-il pas l’histoire d’une femme qui apparaît? Charters, Caldicott et Todhunter finissent par appréhender les dangers qui les guettent pendant qu’une nouvelle Iris naît. Elle regagnait Londres pour épouser un Lord et refusait de s’intéresser au sort de ses semblables -elle fait chasser de sa chambre Gilbert Redman parce qu’il la dérange- elle n’a de cesse que de retrouver Miss Froy et se réfugie dans les bras de Gilbert lorsqu’elle aperçoit son Lord sur les quais de la gare de Londres. La position du spectateur n’est guère différente de celle des protagonistes du film. Durant toute la première partie, il assiste à un spectacle qui enchaîne les scènes amusantes : l’arrivée d’un serveur dans la chambre d’Iris et de ses deux amis; le coucher des deux anglais dans un même lit etc. Puis une vieille femme disparaît… Et le spectateur ne comprend les véritables enjeux de l’intrigue qu’au tout dernier moment. |
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Du MacGuffin... |
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Beaucoup de films d'Hitchcock sont construits autour du MacGuffin : un secret qui suscite la curiosité et cristallise toutes les tensions. Mais un secret dont la nature n’a, au final, aucune importance. Si Miss Froy disparaît, c’est parce que Dr Hartz et son homme de main, l’italien Doppo, l’ont kidnappée… Elle détient un secret qui ne doit pas parvenir jusqu’au Foreign Office. Il en va de la survie de l’axe Berlin-Rome. Mais quel est ce secret? « Une chanson qui donne, en code, les clauses d’un pacte entre deux pays d’Europe. » Mais quelles sont ces clauses et qui sont ces pays? Nous ne le saurons jamais car cela n’a aucune importance! A tel point que lorsque Gilbert tente de retrouver cette musique seule lui revient à l’esprit la marche Nuptiale de Mendelssohn! En fait, le MacGuffin peut être n’importe quoi, il doit seulement être vraisemblable au regard de l’intrigue. Ici il s’agit d’une chanson, mais cela aurait pu être la recette de la choucroute… à condition d’ajouter qu’elle contenait, « en code, les clauses d’un pacte entre deux pays d’Europe » |