Production: Gainsborough, Gaumont British, 1937. Producteur: Edward Black. Réalisation: Alfred Hitchcock. Scénario: Charles Bennett et Alma Reville, d'après le roman de Joséphine Tey « A Shilling for candles ». Directeur de la photographie: Bernard Knowles. Décors: Alfred Junge. Musique: Louis Levy, Montage: Charles Frend. Studio: Lime Grove et Pinewood. Distribution: G.F.D., 1937, 80 minutes; Etats-Unis, G.B. Prod., 1938. Interprétation: Derrick de Marney (Robert Tisdall), Nova Pilbeam (Erica), Percy Marmont (le colonel Burgoyne), Edward Rigby (le vieux Will), Mary Clare (la tante d'Erica), John Longden (Kent), Georges Curzon (Guy), Basil Radford (l'oncle Basil), et Pamela Carme, George Merritt, J.H. Roberts, Jerry Verne, H.F. Maltby, John Miller, Torin Thatcher, Peggy Simpson, Anna Konstam, Beatrice Varley, William Farzan, Frank Atkinson, Fred O'Donovan, Albert Chevalier, Richard George, jack Vyvian, Clive Baxter, Pamela Bevan, Humberston Wright, Gerry Fitgerald, Syd Crossley. |
637 lectures |
|||
Synopsis |
||||
Par une nuit d’orage, un couple se dispute. Au petit matin, Robert Tisdal, qui se promène sur la plage, découvre le cadavre de l’actrice Christine Clay. Robert Tisdal quitte le bord de mer en courant. Deux jeunes filles l’aperçoivent et le désignent à la police comme le coupable. Conduit au commissariat, Robert Tisdal apprend que Christine Clay lui lègue par testament une somme importante… et qu’elle a été étranglée avec la ceinture de son imperméable. Robert Tisdal a beau clamer son innocence, rien ni fait : pour la police, et même pour son avocat, il est le coupable que tout accuse. Heureusement Erica Burgoyne, la fille du colonel chargé de l’enquête, ne voit pas en lui un criminel. |
Voir toutes les apparitions d’Hitchcock |
|||
Du couple |
||||
Avec « Jeune et innocent » le réalisateur délaisse les films d’espionnage, qui lui avaient assuré le succès, pour adapter un roman policier de Joséphine Tey, créatrice de l’inspecteur Allan Grant. Mais comme à son habitude, avec son scénariste Charles Bennett, il s’éloigne de l’histoire originale, au point de réduire le héros de Joséphine Tey à un second rôle. Et c’est le personnage la jeune Erica qui devient le personnage central du film conformément aux désirs d’Hitchcock qui souhaitait construire l’intrigue autour d’un couple de jeunes gens, peut-être parce ils sont les seuls à avoir la vie devant eux et qu’une accusation de meurtre à leur encontre n’en est que plus dramatique. Certes Hitchcock abandonne pour une instant le film d’espionnage et avec lui le MacGuffin, mais il ne tourne pas pour autant le dos à sa thématique préférée : le faux coupable. Et avec elle, la course-poursuite qui conduit les protagonistes de la culpabilité à l’innocence, sorte de ligne droite - constamment mise en images- qui ramène le film à sa configuration initiale, ici le couple. Car n’est-il pas frappant que le film s’ouvre sur un couple qui se dispute et se ferme sur un couple qui se forme… comme si le début était la fin et la fin le commence? Notons, pour conclure cette brève approche que ce film contient au moins deux scènes qui seront reprises plus tard par le réalisateur : la découverte du cadavre qui préfigure « Frenzy » et la scène dans la mine qui annonce « La mort aux trousses » |
||||
Du travelling |
|
|||
« Jeunes et innocent » contient le plus beau travelling avant de toute l’histoire du cinéma » Rohmer-Chabrol De quoi s’agit-il? De substituer aux discours un simple mouvement de caméra afin d’informer le public d’un élément essentiel qu’ignorent les protagonistes et de créer ainsi le suspense. Nous savons que le véritable meurtrier est un homme dont le visage est agité par des tics nerveux. Erica conduit le vieux Will (un clochard qui est le seul capable de l’identifier) au grand hôtel dans l’espoir de le localiser. Mais le hall de l’établissement est le théâtre dans gigantesque bal. Découragés Erica et Will s’installent à une table. "La fille habille le vieux vagabond d'un bon costume et elle l'emmène dans un grand hôtel où l'on donne un thé dansant. Il y a là beaucoup de monde. Le vagabond dit à la fille: « C'est un peu ridicule de chercher un visage avec un tic nerveux dans le regard parmi tous ces gens. » Juste après cette phrase de dialogue, je place la caméra dans la position la plus haute de la grande salle de l'hôtel, près du plafond et, juchée sur la grue, elle traverse la grande salle de bal, passe à travers les danseurs, arrive jusqu'à la plate-forme où se trouvent les musiciens noirs, isole l'un de ces musiciens, qui est à la batterie. Le travelling continue sur le gros plan du batteur, qui est noir également, jusqu'à ce que ses yeux remplissent l'écran et, à ce moment, les yeux se ferment. c'est le fameux tic nerveux. Tout cela en une seule prise.(...) et la question qui se pose est: Comment le vagabond et la jeune fille vont-ils découvrir cet homme?" Alfred Hitchcock. |