Jack : John Travolta || Sally : Nancy Allen || Burke : John Lithgow || Manny Karp : Dennis Franz || Sam : Peter Boyden || Frank Donahue : Curt May || le détective Mackey : John Aquino || un détective : J. Patrick McNamara || Jack (voix française) : Gérard Depardieu || une prostituée : Deborah Everton || le mixeur : Archie Lang || un homme au labo : James Jeter || un ami de Sailor : Tony Devon || Lawrence Henry : John McMartin || Sue : Lori-Nan Engler || : Robin Sherwood || Sailor : Tim Choate |
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Synopsis |
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Jack Terry est bruiteur pour de mauvais films où le sexe fait bon ménage avec le sang. La nuit il capte, en pleine nature, divers sons. Au cours d’une de ces nuits, son micro est attiré par le bruit d’une voiture arrivant à vive allure. Le véhicule rate la sortie du virage et plonge dans la rivière. Jack en fait de même mais ne peut que sauver la jeune femme qui accompagnait le conducteur. A l’hôpital, il apprend que le conducteur était un homme politique de premier plan. Et la police, qui l’interroge, lui demande de passer sous silence la présence de la jeune femme à ses côtés. Intrigué, Jack réécoute l’enregistrement de l’accident. Il lui semble entendre comme une déflagration quelques instants avant que la voiture ne quitte la route. Et s’il s’agissait d’un attentat? Avec l’aide de Sally, la femme qu’il a sauvée de la noyade, il va tenter de le prouver… de déjouer le complot. |
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Sous la fiction, le réel |
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Ce film est, bien sûr, un hommage au mythique Blow-Up de Michelangelo Antonioni, mais il est aussi un film qui se nourrit de l’histoire des Etats-Unis et plus particulièrement des périodes où politique et délinquance se confondent. La voiture qui plonge dans l’eau, sous les yeux de Jack Terry, est conduite par le gouverneur McRyan. La fille qui l’accompagne, se révèle n’être qu’une prostituée qui travaille de concert avec le photographe interlope Manny Karp. Tous les deux sont spécialisés dans le chantage : Sally séduit des hommes importants; Karp prend des photos de leurs ébats… C’est dans ce piège, tendu par ses adversaires politiques, qu’aurait dû tomber le gouverneur, si Burke, l’homme chargé de superviser l’opération, n’avait décidé, de son propre chef, de le tuer. Ce film tricote son intrigue sur une particularité étatsunienne : le complot politique. Mais à la différence de beaucoup d’autres, il ne se départit d’une vision réaliste et souligne l’impuissance de l’individu aux prises aux institutions politico-militaires. Mais Brian de Palma ne signe pas seulement, avec Blow Out, un triller politique au pessimisme total que ne conclut aucun happy end, il signe aussi une sorte de manifeste cinématographique. Karp, le photographe louche, était lui aussi sur les lieux de l’accident et il a photographié toute la scène. Bien sûr, le lendemain il a vendu ses photos à un journal. A partir de sa la bande-son qui a enregistré et de ces photos Jack Terry va reconstituer le film des événements. Et Brian de Palma nous donne à voir toutes les étapes techniques qui vont le conduire à la construction de ce film, à la découverte de la vérité. Il découpe les photos que le journal a publiées, les entasse et les feuillette : de la persistance rétinienne nait le mouvement, et sous ses yeux, la voiture plonge de nouveau dans la rivière. Il photographie les photogrammes, en les décalant légèrement les uns par rapport aux autres, fait développer la pellicule puis, au terme d’un long travail sur sa table de montage, il synchronise la bande sonore et la bande images : subitement la déflagration intègre le « in », à l’image la lueur du coup de feu apparaît. Ainsi donc, la vérité, le réel, se cacherait entre les images et il suffirait de les travailler, de les manipuler, pour qu’elle jaillisse. Pour voir, il suffirait de savoir regarder? Tel n’est pas vraiment la morale politique qui semble se dégager du film, mais plutôt : pour voir il faut que rien ni personne n’empêchent de voir. Car au final, si Jack Terry découvre la vérité personne n’en saura jamais rien… pire, le réel sera enfoui sous la fiction, comme il se doit. Au commencement était le cinéma : Une femme sous la douche, un bras armé d’un couteau apparaît… La femme crie… Le metteur en scène se tourne vers Jack Terry et lui dit : « Quel chat tu as étranglé pour qu’elle couine comme ça ? ». Au dénouement il ne reste que le cinéma : sous la douche, la femme crie… Le metteur en scène se tourne vers Jack Terry et lui dit : « oui ! oui ! ça c’est un cri ! ». Et comment pourrait-il en être autrement? Ce cri est celui de Sally que poignarde Burke sur le toit d’un édifice, alors que Jack, qui avait posé un micro sur elle, pour ne pas la perdre, pour la protéger, ne peut qu’assister impuissant à la scène, ne peut qu’entendre ce qui deviendra un cri de fiction. Sous les pavés la plage… et sous la fiction le réel. Telle semble bien être la conclusion esthétique de ce film. |
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