Dr Robert Elliott : Michael Caine || Kate Miller : Angie Dickinson || Liz Blake : Nancy Allen || Peter Miller : Keith Gordon || le détective Marino : Dennis Franz || Dr Levy : David Margulies || Warren Lockman : Ken Baker || Betty Luce : Susanna Clemm || un patient à l'hôpital Bellevue : Mark Margolis (non crédité) || Cleveland Sam : Brandon Maggart || la femme de ménage : Amalie Collier || la femme au restaurant : Mary Davenport || l'infirmière : Anneka Di Lorenzo || Ted : Norman Evans || Chase Cabbie : Bill Randolph || le flic dans le métro : Samm-Art Williams |
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Synopsis |
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Au sortir de chez son psychiatre, à qui elle a narré ses déceptions sexuelles, Kate Miller se rend au musée. Elle y rencontre un homme qui l’invite dans son lit. Lorsqu’elle quitte son amant d’un instant et alors qu’elle monte dans l'ascenseur, elle croise une femme blonde aux yeux dissimulés par de grosses lunettes de soleil. La femme tranche la gorge de Kate. Liz Blake, une prostituée, est témoin du meurtre… Le lendemain, Liz, le docteur Elliot et Peter Miller, le fils de Kate, sont convoqués au commissariat. Les soupçons de la police se portent sur Liz. Quelques jours plus tard, la mystérieuse blonde tente d’assassiner Liz. Elle ne devra la vie qu’à l’intervention de Peter. Ce dernier met au point une caméra pour surveiller le cabinet du médecin, convaincu qu’il est que la tueuse est une patiente de celui-ci. De son côté Liz tente de charmer le psychiatre afin de lui dérober son carnet de rendez-vous |
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De la sexualité |
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Ce film commence à la façon de « Blow Out » : alors qu’une femme est en train de se doucher, un homme apparaît. Dans le cas de « Blow Out » l’inconnu est armé d’un couteau et en veut à la vie de la femme, dans ce cas l’homme n’est armé que de ses mains et en veut au sexe de la femme. Les similitudes s’arrêtent-elles au caractère générique de la scène? Absolument pas, elles s’imposent de nouveau : dans le cas de « Blow Out », il s’agissait d’un film dans le film; ici, il s’agit d’un rêve dans le film. Si pour Brian de Palma cette scène de la douche, tout droit issue de « Psychose », constitue une convention du genre, à l’image des violons dans les scènes d’amour et une fausse alarme, elle annonce aussi un film dont la structure doit beaucoup à « Psychose ». Bien sûr, nous retrouvons dans ce film le thème du dédoublement de la personnalité, thème qui charpentait l’intrigue de « Psychose », mais là n’est probablement pas l’essentiel. Au terme d’une demi-heure, Marion Crane, que nous pensions être l’héroïne de « Psychose », est poignardée par Norman. Il en va de même avec ce film : au terme d’une demi-heure et d’une sorte de chorégraphie amoureuse, Kate Miller est égorgée par une femme inconnue. Dans un cas, comme dans l’autre, nous avons été dupés par le réalisateur. Mais à la différence de « Psychose », où après le meurtre de Marion Crane aucune relève ne venait combler le vide, le témoin est ici passé aussitôt à Liz Blake. Et Brian de Palma ne se contente pas de le lui transmettre symboliquement, il met en image cette passation. La porte de l’ascenseur où gît Kate Miller coulisse alors que sur le palier Liz Blake attend la cabine. Kate Miller tend la main vers Liz Blake. Celle-ci répond à son geste… Au même moment elle aperçoit dans un reflet la tueuse. D’un point de narratif, Liz Blake prend le relais que lui présente Kate Miller et devient simultanément le témoin du meurtre. A partir de cet instant le film prend son envol. Brian de Palma s’éloigne du maître du suspense, ou plutôt en perce le secret, se glisse au cœur de son propos : le sexe ou plus précisément les perversions qui l’accompagnent. L’enquête de la police débute par une description de la victime des plus révélatrices : « Cette pétasse avait le feu au cul et chercher le bon coup… le type qu’elle a dragué lui a brouté la nature dans le taxi! Avouez qu’il faut le faire! Le chauffeur m'a fait une description tout ce qu’il y a de réaliste… après elle va se faire tromboner chez le mec… et en sortant elle tombe sur un dingue dans l’ascenseur » Et toute l’intrigue s’ordonne autour d’une seule nécessité, d’une seule urgence : la mise à jour de la sexualité de chacun. Dès les premières images, le cinéaste nous a dévoilé celle de Kate Miller : elle est frustrée, vit entre rêves et réalité et n’aspire qu’à combler les fantasmes qui peuplent sa douche. Et c’est ce qui lui vaudra d’être assassinée… A l’opposé, Liz Blake rêve de respectabilité et ne souffre d’aucun complexe d’ordre sexuel. Et elle n’aura aucune gêne à s’offrir au Dr Robert Elliott. Pour ce dernier, il est l’une en rêvant d’être l’autre… homme respectable, il nourrit des désirs de femme fatale et vengeresse… de son impuissance à être ce qu’il ne peut être… Quant au quatrième personnage de ce « drame », Peter, le fils de Kate Miller, il ne découvre pas seulement le meurtrier de sa mère, il perçoit simultanément la beauté féminine et avec elle le désir -teinté de perversité…- . Trois scènes sont porteuses de cette découverte. Liz Blake est agressée par la femme blonde dans le métro. Elle doit son salut à l’intervention de Peter. Nous la retrouvons dans le plan suivant en pyjama aux côtés de celui-ci… Un empilement de draps et de couvertures sur le canapé, nous informe que leurs intentions sont louables. Seul le regard désorienté de Peter semble contredire l’ambiance bonne enfant. Plus tard, Liz Blake rend visite au Dr Robert Elliott. Pour endormir sa méfiance elle se livre à un striptease… De l’autre côté de la rue, Peter épie la scène à l’aide d’une paire de jumelles… Enfin, à la fin du film, alors que Liz Blake s’apprête à quitter la ville, Peter l’invite chez lui. Elle accepte… Et au sortir d’un cauchemar de douche Hitchcockien, elle se blottit dans les bras de Peter. La boucle est bouclée, d’un rêve à l’autre Peter peut vivre sa sexualité… |