Carrie White : Sissy Spacek || Margaret White : Piper Laurie || Sue Snell : Amy Irving || Tommy Ross : William Katt || Billy Nolan : John Travolta || Chris Hargenson : Nancy Allen || Miss Collins : Betty Buckley || Norma Watson : P.J. Soles || Madame Snell : Priscilla Pointer || M. Fromm : Sidney Lassick || Le principal Morton : Stefan Gierasch || Le garçon sur le vélo : Cameron De Palma || Helen : Edie McClurg || Freddy : Michael Talbott || The Beak : Doug Cox || Freida : Noelle North || Ernest : Anson Downes |
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Synopsis |
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L’intrigue se déroule dans un lycée des U.S.A., une de ces écoles mille fois vues au cinéma ou à la télévision. Le film s’ouvre sur une scène de basket et se « conclut » par le bal de fin d’année… Carrieta White est jeune fille de seize ans, gauche et disgracieuse, soufre douleur de ces camarades. Après un cours d’éducation physique et sportive, alors qu’elle se douche, elle a ses premières règles. Affolée par le sang qui macule ses doigts, elle se précipite dans les vestiaires en pleurs. Ces camarades, de grandes filles dégourdies, se moquent d’elle. La prof de gym la prend sous sa protection et au terme d’une entrevue avec le directeur, elle est renvoyée chez elle, pour la journée... Peut-être pour y chercher calme et réconfort Mais sa mère lui réserve un étrange accueil. Elle se lance dans des prières et, alors que sa fille lui crie qu’elle aurait dû la prévenir, elle lui explique que ceci est le fruit de ces péchés et l’invite à expier ses fautes avant de l’enfermer dans un placard où devant un crucifix Carrie se décide à prier. La vie semble reprendre son cours normal dans l’établissement scolaire. Carrie qui a remarqué ses étranges pouvoirs - elle a renversé un cendrier, explosé une lampe, et brisé un miroir- s’intéresse à la télékinésie. Ses « camarades » de classe assistent à un nouveau cours d’éducation physique et sportive mais apprennent que leur attitude leur vaut une heure de colle journalière… Aussitôt des idées de vengeance germent au sein d’un groupe mené par Chris Hargenson. A la demande de sa petite amie Sue Snell, Tommy Ross accepte d'inviter Carrie au bal de fin d'année. Pendant ce temps, Chris demande à Billy Nolan de lui rendre un grand service… Dans un premier temps, Carrie pressent un piège et refuse l’invitation, mais face à l’insistance des uns et des autres elle accepte. Au terme d’un violent affrontement avec sa mère, Carrie se rend au bal de fin d’année alors que le complot est fin prêt… |
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De la religion |
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La salle de bal baigne dans une musique sirupeuse et en compagnie de son beau cavalier, Carrie vit des moments de bonheur intense… Leur couple est même élu roi et reine du bal… Mais nous savons que le vote a été truqué et que sous l’estrade se cachent Chris et Billy. Dans un mouvement ininterrompu de la caméra, le metteur en scène suit une corde qui part de sous l’estrade et grimpe le long d’un pilier. Au terme de ce parcours, nous découvrons un seau plein de sang qui surplombe la tribune. Certes, il ne s’agit que d’un récipient, mais aux vues de ce que nous connaissons des pouvoirs de Carrie, il a valeur de bombe. A partir de cet instant nous savons qu’une déflagration va avoir lieu et le suspense s’installe. La bande-son est de nouveau saturée par une musique douce. Carrie et son cavalier s’avancent vers le podium. Brian de Palma dilate le temps, la progression de Carrie est interminable. Elle sourit, le bonheur la submerge… Alors que la caméra nous montre les comploteurs et se substitue à eux, Carrie monte les marches et vient se placer au centre de l’estrade. Privée de bal, Sue Snell s’est introduit dans la salle. Dissimulée dans les coulisses, elle observe la scène… Et Brian de Palma dilate le temps à l’infini, alternant les plans du couple et ceux du seau, alternant les fonds musicaux… Sue Snell repère la corde. Ses yeux la suivent. Elle localise les comploteurs… Va-t-elle déjouer le traquenard? Nous l’espérons durant un moment et ceci d’autant plus que la prof de gym, Miss Collins, semble lui venir en aide… Mais il n’en sera rien! Hitchcock expliquait à Truffaut : « Il y a peut-être une bombe sous cette table et notre conversation est très ordinaire, il ne se passe rien de spécial, et tout d'un coup: boum, explosion. Le public est surpris, mais, avant qu'il ne l'ait été, on lui a montré une scène absolument ordinaire, dénuée d'intérêt. Maintenant, examinons le suspense. La bombe est sous la table et le public le sait, probablement parce qu'il a vu l'anarchiste la déposer. Le public sait que la bombe explosera à une heure et il sait qu'il est une heure moins le quart - il y a une horloge dans le décor; la même conversation anodine devient tout à coup très intéressante parce que le public participe à la scène. Il a envie de dire aux personnages qui sont sur l'écran: « Vous ne devriez pas raconter des choses si banales, il y a une bombe sous la table, et elle va bientôt exploser. » Dans le premier cas, on a offert au public quinze secondes de surprise au moment de l'explosion. Dans le deuxième cas, nous lui offrons quinze minutes de suspense. » Que fait d’autre Brain de Palma, que de nous dire qu’il y a une bombe dans la salle de bal? (1) Par contre, lorsque celle-ci explose ces effets ne sont pas que ravageurs. Le sang macule Carrie, à ses pieds gît son cavalier… Bian de Palma « coupe » la bande-son… Subitement nous sommes propulsés dans le cerveau de Carrie : elle crie mais nous ne l’entendons pas, nous n’entendons que les paroles de sa mère; des éclats de rire mélangés à des souvenirs… Le regard de Carrie parcourt la salle : tous rient, y compris Miss Collins, celle qui l’avait convaincue de venir au bal… La culpabilité de Chris et Billy se diffuse à l’ensemble des participants. Il n’y a plus d’innocents, il ne reste que des coupables… qui mouront tous. De retour chez elle, Carrie implore l’aide de sa mère. En guise de soutien, celle-ci lui conte sa naissance : « Son souffle empeste le whisky … et il m’a prise… comme une brute… au milieu de la chambre, dans cette odeur de vinasse… et j’ai aimé ça !… j’ai aimé ça !…, j’ai aime ses caresses écœurantes et ses mains qui fouillaient ma chair… j’aurai dû te confier à dieu quand tu es venue au monde. » Puis au terme de ce discours, comme explicitant ce que signifie « te confier à Dieu », elle poignarde sa fille. Malheureusement, pour cette brave maman, Carrie n’est pas morte. Elle fait appel à ses pouvoirs et expédie un couteau dans chacune des mains de la mère, la crucifiant ainsi à deux poutres. Puis recourant de nouveau à la seule force de sa pensée, elle lui transperce le torse de quatre couteaux. Autant de couteau que de flèches sur le corps du Christ devant lequel se réfugie Carrie Certains évoquent, tant par le supplice que par la posture, l’image de Saint Sébastien. Certes… mais comme l’avait dit un jour Godard « Pour bien voir un film, il faut fermer les yeux durant la projection ». Si l’on ferme les yeux que reste-t-il de cette scène? La bande-son d’un orgasme, les cris d’une femme qui aime à sentir des mains fouiller son corps… Et nous voilà, peut-être, au cœur du sujet : la religion. Si Carrie est le soufre douleur de ses camarades, la faute n’en incombe-t-elle pas à sa mère qui la maintient dans l’ignorance ? C’est à dire, en dernière analyse, à la religion. Nous pourrions penser que Brian de Palma utilise l’intrigue de Stephen King pour dénoncer l’extrémiste religieux, mais alors comment expliquer le rôle et le sort Miss Collins? Celle-ci est présentée comme une amie de Carrie, comme sa protectrice, pourtant elle n’hésite pas à se joindre à la meute et à se moquer d’elle. Alors une question se pose : Qu’est-ce qui pousse Miss Collins à prendre le parti de Carrie dans la première partie du film? Ne serait-ce pas la charité? La Charité, sentiment au combien religieux! Alibi perpétuel et permanent à l’injustice… Sentiment antinomique de la solidarité, qui ne résiste pas à l’épreuve des faits puisqu’il ne repose que sur les sables mouvants de la bonne conscience. (1) La musique utilisée lorsque Carrie est le siège d'une émotion intense est la même que celle de Psychose, quand Norman Bates s'apprête à tuer Marion Crane. |