Brian de Palma - Obsession - - sur le site RayonPolar


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Filmographie de Brian de Palma

Obsession -

1976

Michael Courtland : Cliff Robertson || Elizabeth Courtland / Sandra Portinari : Geneviève Bujold || Robert Lasalle : John Lithgow || Amy Courtland : Wanda Blackman || L'inspecteur Brie : Stanley J. Reyes || Le docteur Ellman : Stocker Fontelieu || D'Annunzio : Andrea Esterhazy || Ferguson : Don Hood || Un kidnappeur : J. Patrick McNamara || La serveuse : Sylvia Kuumba Williams || Mme Portinari : Nella Simoncini Barbieri || Farber : Nick Kreiger
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Obsession

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Synopsis

Obsession
1959. Pour le richissime promoteur immobilier, Michael Courtland, cette année sera maudite. Elisabeth et sa fille, Amy, sont kidnappées et l’intervention de la police se solde par un carnage : Elisabeth et Amy sont tués.
Seize ans plus tard, Courtland effectue un voyage en Italie. Alors qu’il visite l'église San Miniato al Monte, où il avait rencontré son épouse, il croise une jeune étudiante en histoire de l'art qui est le sosie d’Elizabeth.
Sandra, la jeune étudiante, repart avec lui pour la Nouvelle-Orléans… Michaël espère, en l’épousant, renouer avec sa vie antérieure...
Mais il découvre que Sandra n’est autre que Amy…
Son oncle Lasalle avait commandité le kidnapping et avait expédié la fillette en Italie où elle avait été élevée dans la haine de son père… dans l’espoir d’assouvir sa vengeance.


Obsession

Du voyage impossible

 
 
L’anecdote raconte qu’à la sortie d’une projection de « Sueurs froides », totalement sous le charme, le cinéaste et son ami Shrader se sont immédiatement mis à la rédaction du scénario de ce film. Le résultat fut une intrigue en plusieurs temps, quelque peu complexe, que Brian de Palma décida de simplifier en supprimant la dernière partie.(1)
« Obsession » serait donc une relecture de « Sueurs froides », c’est du moins ce qu’affirme Brian de Palma.
A la question de Samuel Blumenfeld et Laurent Vachaud (2):
« Obsession renoue avec l'inspiration hitchcockienne, mais différemment de Sœurs de Sang, puisque c'est littéralement à une variation autour de l'idée de Vertigo d'Hitchcock que vous nous conviez... »
De Palma répond :
« Tout à fait. C'était exactement ce qu'on s'était dit avec Schrader(co-auteur du scénario du film) lorsqu'on a eu l'idée du film : quelle variation pourrait-on imaginer à partir de Vertigo? »
La filiation entre les intrigues de ces deux films relève de l’évidence. Mais si l’inspiration hitchcockienne dans ce domaine est patente, elle ne se cantonne pas à ce seul aspect. Le spectateur peut identifier aisément une scène qui rappelle « Rebecca » et une autre qui renvoie au « Le crime était presque parfait ». Il peut aussi déceler des répliques ou des plans qui évoquent « Marnie » ou « Psychose ».
Envisagé sous cet angle « Obsession » ne serait qu’une sorte de mix des œuvres d’Hitchcock. Et rien ne serait plus faux, car aveuglant.
Certes, dans le cas de « Sueur froides » comme dans celui d’« Obsession » l’intrigue peut se résumer ainsi :
Un homme perd l’objet de son amour et sa vie se fige. La perte le paralyse, il est incapable de combler cette absence. Subitement il redécouvre dans la personne d’une autre femme l’objet de son amour. Non pas un nouvel amour, ou un nouvel objet de son amour, mais le même. Subitement l’objet de son amour semble ressusciter et il n’aura de cesse que de parfaire cette réincarnation (3).
On pourrait aussi encadrer ce résumé ainsi :
Une machination se met en place, mais ni nous, ni la victime, ne le savons […] Nous découvrons les rouages et les enjeux du complot en même temps que la victime.
Les deux films sont donc construits autour d’un étrange trouble psychologique : la nécrophilie.
Certes, Brian de Palma, à la manière d’Hitchcock, situe son film géographiquement : lorsqu’Hitchcock filme la Hollande, il nous montre des moulins; lorsqu’il filme Paris, il nous montre les Champs Elysée; Lorsqu’il filme l’Amérique, il nous montre la statue de la liberté; lorsque Brian de Palma filme Florence, il nous montre des églises, les ruelles et la peinture de la Renaissance.
Mais là s’arrêtent les similitudes (4), ou plutôt divergent en s’approfondissant.
A la nécrophilie, Brian de Palma ajoute l’inceste -qui n’est involontaire que pour Courtland-
Dans l’église de San Miniato al Monte, Sandra restaure la fresque représentant Une Madone de Bernardo Daddi, « La Vierge et l'Enfant » : Sandra serait-elle l’enfant ? La Vierge serait-elle Elisabeth?
« L’humidité s’est infiltrée dans le retable qui a commencé à s’écailler révélant un tableau plus ancien. Alors, les historiens d’art ont dû prendre une décision : fallait-il détruire l’œuvre de Daddi pour mettre à nu ce qui semble être une ébauche rudimentaire? Ou valait-il mieux restaurer l’original et ne jamais savoir ce qu’il dissimule? Qu’est-ce que vous feriez ? » Demande Sandra à Courtland.
« Je garderai le tableau. La beauté doit être préservée » répond celui-ci
Sandra sait ce qui se dissimule sous « La vierge et l’enfant » : la permutation des rôles; l’enfant va devenir la Vierge. Alors que Courtland ne veut pas savoir ce qui se cache sous le hasard de la rencontre il ne veut en retenir que la beauté de la rencontre, la résurrection de sa femme, d’Elisabeth.
Et cette résurrection n’est pas une simple renaissance.
Courtland a rencontré Elisabeth dans l’église de San Miniato al Monte alors qu’il était en garnison à Florence. Tout naturellement le monument funéraire qu’il a fait construire sur la tombe de sa femme est la reproduction de la façade de cette église. Derrière celle-ci, se dresse sa femme, il lui suffirait de pousser la porte pour la retrouver, pour la ramener. Mais il ne peut pas faire ce voyage, seul Dante peut l’entreprendre…
Pourtant c’est bien cette excursion qu’il réalise.
Son associé La Salle le conduit devant l’église de San Miniato al Monte… Il gravit les marches qui mènent à l’église…. Travelling subjectif… en haut de l’image apparaît la façade de l’église… Courtland pousse la porte… Derrière cette façade, l’attend la réincarnation d’Elisabeth.
Et il la suivra dans les ruelles obscures de Florance jusqu’à « l’église où Dante venait contempler Béatrice, la bella dona » pour s’asseoir à la place du jeune Dante. Puisque comme lui il a fait le voyage.
Et il écoutera Sandra le réciter :
« Tandis que la vie se poursuit A votre Dame jamais ne soyez infidèle Qui dans la mort vie Ainsi parle mon cœur puis soupire »
Avant d’entendre bien plus tard, lorsqu’il aura ramené Sandra en Amérique :
« Je suis revenu pour te donner une seconde chance de prouver ton amour »


1- Arrivée à l’aéroport, alors qu’il s’apprête à tuer Sandra, Courtland est arrêté et emprisonné. Quinze ans plus tard, il repart pour Florence, toujours décidé à tuer Sandra. Mais il découvre qu’elle est dans un état de prostration complète. Le psychiatre qui la traite décide de lui faire revivre le choc matriciel. Et Courtland arrive avec une valise de billets. Chacun revit mentalement l’un des kidnappings. L’expérience est un succès : le père et la fille se retrouvent
2- Blumenfeld Samuel, Vachaud Laurent, Brian De Palma, entretiens avec Samuel Blumenfeld et Laurent Vachaud
3- Vertigo est une adaptation d’un roman de Pierre Boileau et Thomas Narcejac, « D'entre les morts ».
4- Il en existe, bien sûr, une autre : dans les deux cas, la musique est signée : Bernard Herrmann
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