Production: Universal. Producteur: Alfred Hitchcock Producteur associé: Herbert Coleman Scénario: Samuel Taylor, d'après le roman de on Uris, « Topaz », Images: Jack Hildyard (Techrcolor). Musique: Maurice jarre. Décors: John Austin et Henry Busmtead. Costumes: Edith Head et Pierre Balmain. Montage: William Ziegler Son: Waldon O Watsorr et Robert R. Bertrand Assistants-réalisateurs: Douglas Green et James Westman Assistante de Alfred Hitchcock : Peqgy Robertson, Conseillers techniques français: J.P Mathieu et Odette Ferry, Studio: Umversal. Extérieurs: Allemagne de l'Ouest, Copenhague, New York Washington, Paris. Distribution (Etats-Unis) : Universal Sortie (Etats-Unis) : décembre 1969 Durée: 125 minutes. Interprétation: Frederick Stafford (André Devereaux), Dany Robin (Nicole Devereaux), John Vernon (Rico Parra), Kann Dor (Juanita de Cordoba). Michel Piccoli (Jacques Granville), Philippe Noiret (Henri Harre), Claude jade (Michèle Picard), Michel Subor (François Picard), Rosco Lee Browne (Philippe Dubois), Per-Axel Arosenius (Boris Kusenov), John Forsythe (Michael Nordstrom), Edmond Ryan (McKittreck), Sonja Kolthoff (Mrs. Kusenov), Tina Hedstrom ('I'amara Kusenov), John Van Dreelen (Claude Martin), Don Randolph (Luis Uribe), Roberto Contreras (Muriez), Carlos Rivas (Hernandez), Lewis Charles (Mr Mendoza), Anna Navarre (Mrs. Mendoza), John Roper (Thomas), George Skaff (René d'Arcy), Roger Til (Jean Chabrier), Sandor Szabo (Emile Redon), Lew Brown (un officiel américain). |
1413 lectures |
|||
Synopsis |
||||
1962. Boris Kusenov, un haut fonctionnaire Soviétique, décide de passer à l'Ouest, avec sa femme et sa fille. En échange de l’asile politique aux U.S.A., Il doit fournir des informations aux Américains sur l'installation des missiles Russes à Cuba. Il révèle aux agents de la CIA qu'un membre de la délégation Cubaine aux Nations Unies détient des documents qui font toute la lumière sur cette affaire. Cet homme peut être approché, mais il refusera de parler aux Yankees. La CIA fait alors appel à André Devereaux, un agent français afin de contacter Uribe Au terme de multiples rebondissements, qui conduisent André Devereaux à Cuba, le transfuge révèle l'existence d'un réseau prosoviétique dans les plus hautes instances du contre-espionnage Français. |
Voir toutes les apparitions d’Hitchcock |
|||
De la couleur |
||||
Quand on repense à ce que déclarait Hitchcock, « Pour moi un film est terminé à quatre-vingt-dix pour cent quand il est écrit », on comprend que ce film ne pouvait pas être une réussite. Conscient de ne pas maîtriser les éléments essentiels, Hitchcock semble s'être rabattu sur l'aspect visuel et peaufine les résonances entre les scènes et les couples. Les couleurs sont le vecteur de ce travail. Systématiquement le vert est associé aux castristes et le rouge aux communistes. Piccoli, l'agent prosoviétique infiltré dans les services français, est souvent présenté en robe de chambre rouge, tout comme l'est Juanita de Cordoba la femme d'un dignitaire castriste. Par contre, pour signifier son appartenance aux réseaux de résistance anti-¦castriste, c'est de jaune qu'elle est vêtue, tout comme la femme de Devereaux lors de son arrivée à New York ou encore Uribe lorsqu'il accepte de travailler pour les services français. Le film est aussi construit sur les résonances entre les couples. Au couple légitime Juanita-Parra répond le couple André-Nicole, mais, en sous-mains, deux autres couples se répondent : Juanita- André et Nicole-Granville. Car, si l'agent du service ¦français est l'amant de la compagne d'un dignitaire castriste, la femme de l'agent des services français est la maîtresse du responsable du réseau pro-soviétique… Croisements de couples et de trahisons, croisements qui s'expriment, encore une fois, au travers des couleurs : Nicole est vêtue de mauve lorsqu'André part en mission à Cuba, Juanita est vêtue de la même couleur lorsque Parra découvre sa déloyauté et la tue. D'autres éléments visuels rythment ce film qui, répétons-le, est loin d'être une réussite totale. Emporté par le budget pharaonique, dont il disposait, Hitchcock multiplie les décors naturels : le stade de Charléty, l'aéroport de La Guardia, un château en Virginie, un quartier du XVII arrondissement, les Champs Elysées… quant aux décors en studio, ils sont tout aussi monumentaux : une rue de la Havane, une salle de conférence au style aristocratique… Résonances, décors somptueux… Hitchcock semble donner une leçon de cinéma, d'esthétique, le point culminant étant atteint au cours d’une des scènes centrales de Topaz. La scène de la torture du couple cubain n'évoque pas seulement La Pietà, elle est la mise en mouvement du Michel Angelo exposé dans la basilique de San Pietro. |
||||
De l'anticommuniste |
|
|||
Topaz (qui sortit en France sous le nom de l'Etau afin d'éviter toute confusion avec Topaz) est un étrange film. Pour la première fois Hitchcock y exprime ouvertement une opinion politique et adopte violemment un point de vue anticommuniste. Ce parti-pris s'exprime, de façon symbolique, dans la réponse à l'image d'ouverture que constitue celle qui referme le film. Le film s'ouvre sur un impressionnant défilé militaire traversant la place Rouge de Moscou et se termine par une vue printanière de l'avenue des Champs Elysées de Paris. Le monde est libéré de la menace des missiles soviétiques, à l'image du Paris libéré de l'occupation, à l'image des Champs Elysées débarrassés du rituel des défilés quotidiens des troupes d'occupation. Pour des raisons qui ne tiennent certainement pas à ce parti pris anti-castriste, même s'il ne peut être considère comme négligeable - en 1969 une fraction importante de la jeunesse regardait l'île des Caraïbes avec sympathie -, le film fut un échec, tant auprès du public que de la critique. F.Truffaut, l'un des plus grands admirateurs d'Hitchcock et ami personnel du cinéaste, dit de ce film : « En dépit de réelles beautés éparses - groupées essentiellement dans l'épisode cubain -Topaz n'est pas un bon film ». Pour comprendre l'échec de ce film, il convient d'examiner la genèse de ce projet. Pour la première fois Hitchcock accepta une commande et se résolut à adapter le roman d'espionnage Topaz que venait d'acquérir l'Universal et qui était un best-seller aux U.S.A.. L'auteur de ce roman affirmait que l'histoire, qu'il y narrait, était une histoire vraie, que le réseau prosoviétique, qu'il y dénonçait, existait vraiment et que le responsable en était un proche du général De Gaulle. Vrai ou faux, toujours est-il que le livre avait été interdit par la censure gaulliste. L'auteur du livre n'avait pas seulement vendu les droits, il avait aussi exigé, et obtenu, le droit d'écrire le scénario en cas d'adaptation cinématographique. Pour la première fois Hitchcock ne put choisir librement son scénariste et ce n'est que quand le fiasco fut flagrant qu'il réussit à faire appel à Samuel Taylor et qu'ensemble ils entreprirent de simplifier l'intrigue. Mais les ennuies ne s'arrêtèrent pas là. Les autorisations, pour filmer en France, tardèrent et, pire que tout, la France refusa l'une des fins envisagées : il n'était pas question que le film se termine par le passage, à l'Est, d'un proche du général De Gaulle. Alors Hitchcock imagina une nouvelle fin, une fin en accord avec lu film : le responsable du réseau Topaz se laissait tuer au cours d'un duel au stade Charlety. La scène fut tournée, mais ce coup-ci le public, qui assista à une projection « privée », la refusa… Hitchcock du se soumettre aux pressions des Studios et envisager une nouvelle fin. Mais comment faire ? Piccoli qui tenait le rôle de l'agent double n'était plus disponible… Alors on bricola une fin avec les chutes… |