Production: Alfred Hitchcock, R.K.O., 1946. Producteur associé: Barbara Keon. Réalisation: Alfred Hitchcock. Scénario: Ben Hecht, d'après un sujet de Hitchcock. Directeur de la photographie: Ted Tetzlaff, A.S.C. Effets spéciaux: Vernon L. Walker et Paul Eagler, A.S.C. Décors: Albert S. D'Agostino, Carrol Clark, Darrel Silvera et Claude Carpenter. Costumes: Edith Head. Musique: Roy Webb; dirigée par Constantin Balaleinikoff, Montage: Theron Warth. Ingénieurs du son: John Tribby et Clem Portman. Assistant-réalisateur: William Dorfman. Studios: R. K.O. Distribution: R. K.O., 1946, 101 minutes. Interprétation: Ingrid Bergman (Alicia Huberman), Cary Grant (Devlin), Claude Rains (Alexander Sebastien), Louis Calhern (Paul Prescott); 'Leopoldine Konstantin (Mrs, Sebastien), Reinhold ehünzél (le docteur Anderson), et Moroni Olsen, Ivan Triesault, Alexis Minotis, Eberhardt Krumschmidt, Fay Baker, Ricardo Costa, Lenore Ulric, Ramon Nomar, Peter von Zerneck, Sir Charles Mandl, Wally Brown |
1013 lectures |
|||
Synopsis |
||||
Le 24 avril 1946, un tribunal américain condamne Huberman, un espion nazi. Sa fille, Alicia, quitte le tribunal sous les flashs des photographes. Le soir même, un agent du gouvernement la contacte, au terme d’une soirée avinée. Il lui propose de prendre contact avec un ancien ami de son père, Sebastian, dont la demeure sert de base à un groupe de nostalgiques du 3 Reich. Elle accepte d’aider Devlin, l’agent du gouvernement… Devlin et Alicia partent pour Rio. Entre les eux nait l’amour… Mais Devlin reste distant Comme prévue Alicia rencontre Sebation : elle doit le séduire pour mieux gagner sa confiance. Et elle y parvint au-delà de ses espérances. Sebastian la demande en mariage et à sa grande désillusion, Devlin l’engage à accepter. Ainsi Alicia aura accès à toute la maison Mais après son mariage, elle s’aperçoit que la cave lui reste interdite. Elle subtilise les clés à son époux et en compagnie de Devlin s’introduit dans le sous-sol. Malheureusement, Sebastian les surprend et réalise, quelque temps plus tard, qu’il a épousé une espionne. Avec la complicité de sa mère, il décide d’éliminer Alicia en l’empoisonnant à petit feu. Ainsi ses complices ne sauront rien de son faux pas, ce qui pourrait lui coûter la vie… |
Voir toutes les apparitions d’Hitchcock |
|||
De l'amour... |
||||
Un des éléments essentiels dans les films d’Hitchcock est le mouvement des personnages, ou plus précisément leur trajectoire. A tel point que beaucoup parlent de trajet initiatique. Le parcours d’Alicia la conduit de la culpabilité à l’enfer (1) et de l’enfer aux portes de la mort... Fille d’un espion nazi, elle porte sur ses épaules un lourd sentiment de culpabilité qu’elle tente de dissoudre dans l’alcool et, probablement, le sexe (2). C’est pour se racheter qu’elle accepte de s’introduire dans les milieux nazis de Rio et d’y jouer un double jeu. Dans cet enfer, dont la figure du diable est multiple, la mort la cueillerait au fond d’une tasse de café si sa trajectoire n’était liée à celle de Devlin. En espion professionnel, Devlin observe (3) et manipule tous ceux qui peuvent lui servir. Froid et distant, il ne semble pas être sujet aux sentiments. Son voyage l’amène à se défaire de cette carapace et à devenir humain. Et c’est parce qu’il arrive au terme de son trajet qu’il vole Alicia à la mort.(4) En fait Alicia et Devlin partagent le même périple initiatique, celui de l’amour. « Ce film tout entier fut conçu comme une histoire d’amour » déclara Hitchcock, une histoire d’amour qui s’alimente d’une histoire d’espionnage, à tel point que l’on ne sait jamais s’il est rythmé par un suspense amoureux ou d’ « espionnage ». Qu’est-ce qui nous tient réellement en halène ? La peur que Sebastian découvre qu’Alicia est un agent double ou qu’il découvre ses sentiments envers Devlin ? (1) Lors de sa première visite chez Sebastian, Alicia est vêtue de blanc alors que face à elle se dresse des personnages sombres aux mines inquietantes. (2).Au cours de la soirée privée, qui suit la condamnation du père d’Alicia, certaines images semblent explicites. (3) Devlin pour sa première apparition à l’écran est de dos et, tel le spectateur, observe la scène. (4) Lorsqu’à la fin du film, Alicia annonce à Devlin qu’elle est victime d’un empoisonnement, il la prend dans ses bras et l’emporte jusqu’à sa voiture. |
||||
... Au suspense |
|
|||
Ce film « Les enchaînés » nous conte une histoire d’amour qui naît entre deux êtres et qui se fortifie au rythme des aléas de leur mission. Pour nous faire palper ce sentiment, nous montrer son évolution, Hitchcock fait appel à l’instrument qui lui est propre : la caméra et donc aux regards. Lorsque Alicia se penche vers le hublot de l’avion qui survole Rio, Devlin pose sur elle un regard qui, mieux qu’un long discours, nous dévoile ses sentiments. Et nous ne serons pas surpris de les voir s’embrasser longuement une fois arrivés à leur hôtel (1). Par nécessité Alicia épouse Sebastian, à partir de cet instant Alicia et Devlin devront se voir en cachette, comme des amants. Et la multitude de regards qu’ils se porteront à la dérobade en dira long sur leur état d’esprit. Au travers d’une multitude de détails visuels, le spectateur comprend les sentiments qui lient Devlin et Alicia. Il est convaincu de leur amour et pour lui le dénouement ne fait aucun doute : ils s’avoueront leurs sentiments. Mais au beau milieu du film, tout est remis en cause. Alors qu’Alicia espère que Devlin la dissuadera d’épouser Sebastian, qu’il interviendra auprès de son chef, Prescott, pour modifier leur projet, il l’encourage à poursuivre sa mission. Cette scène entièrement construite en champ et contrechamp (2), se concentre sur les regards déçus et fuyants qu’échangent Alicia et Devlin qui soulignent, si besoin est, les sentiments qui les lient. Mais elle a une autre conséquence que de nous informer de ce fait, elle relance le suspense amoureux. Car ce qui paraissait évident pour le spectateur ne l’est plus. A partir de cet instant il ne cessera de se demander : « commet tout ceci va-t-il finir ? (1) Ce baiser fut longtemps considéré comme le plus long du cinéma (environ 2 minutes) Pourtant la censure imposait une durée maximale de 3 secondes ! Pour contourner cette contrainte le réalisateur fait appel à l’étreinte : les personnages s’étreignent pendant 2 minutes, et leurs lèvres se touchent de multiples fois mais pas plus de 3 secondes à caque fois (2) Avec quelques inserts de Prescott pour en souligner l’aspect dramatique |