Production: British International Pictures, 1927, G.13, Producteur: John Maxwell. Réalisation: Alfred Hitchcock. Scénario: A. Hitchcock. Adaptation: Alma Reville. Directeur de la photographie: Jack Cox. Assistant-réalisateur: Frank Mills. Studios: Elstree. Distribution: Wardour & F., 1927; Pathé Consortium Cinéma, 1928. Interprétation: Carl Brisson (jack Sander dit « One Round »), Lillian Hall- Davies (Nelly), Ian Hunter (Bob Corby, le champion), Forrester Harvey (Harry, le forain, montreur de matchs) et Harry Terry, Gordon Harker, Billy Wells. |
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Synopsis |
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« The Ring » est une comédie de mœurs, digne du théâtre de boulevard : deux hommes sont amoureux de la même femme. Jack, un boxeur de fête foraine que l'on surnomme « Jack One Round », parce qu'il assomme ses adversaires avant la fin du premier round, est mis en échec par Bob Corby, un champion de boxe australien. En fait, si Bob Corby passait par hasard devant le stand de boxe, ce n'est pas par hasard qu'il est monté sur le ring mais pour répondre aux œillades de la jeune femme qui en tient la billetterie. Le soir venu, Bob Corby, en compagnie de son manager, rend visite à Jack et à sa compagne Nellie, qui n'est autre que la fille de la billetterie. Pendant que le manager discute d'un possible engagement de Jack, Bob entraîne Nellie dans la nuit pour lui déclarer sa flamme. Jack devient boxeur professionnel, connaît le succès, la gloire et la richesse. Mais plus il se hisse vers les sommets et plus Nellie, qui est devenue sa femme, juste après sa première victoire, s'éloigne de lui et se rapproche de Bob. Le film se termine comme il avait commencé, par un combat de boxe qui oppose Bob et Jack, mais cette fois-ci c'est Jack qui emporte le cœur de Nellie. |
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Du cercle |
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« The Ring » évoque l'espace carré où s'affrontent les boxeurs mais aussi le cercle, l'anneau. Et c'est bien sous le signe de cette figure géométrique qu'est placé ce film. En premier lieu, cette forme constitue la structure même du film. « The Ring » débute sur un match de boxe, qui oppose Jack et Bob, il se termine sur un même match de boxe. En second lieu, cette configuration apparaît sous des formes diverses quasiment à chaque scène : Les coupes de champagne, les sacs des femmes, les manèges, les lampes… Mais surtout elle marque les trois moments cruciaux du film : lorsque Bob entraîne Nellie dans la nuit et lui offre un bracelet ; lorsque Jack épouse Nellie et lui passe la bague au doigt ; lorsque Bob et Jack s'affrontent de nouveau sur le ring et que Jack groggy découvre le reflet de Nellie dans un seau d'eau. Pour sa première apparition l'anneau prend la forme d'un serpent et comme celui de la bible annonce la perte du paradis. Jack et Nellie quittent le monde des forains (sur une dernière scène bucolique) pour s'enfoncer dans l'enfer urbain, cause de tous leurs maux. Le cercle revient à l'écran sous l'aspect d'une bague lors du mariage de Nellie et Jack. La caméra cadre les mains du couple. Jack tient d'une main celle de Nellie pendant que de l'autre il passe à son doigt la bague. Subitement le bracelet à la forme serpentine glisse le long du bras de Nellie et se cale à son poignet. Qui de la bague ou du bracelet va remporter le combat qui se livre dans l'esprit de Nellie ? La réponse à cette question est fournie au cours de la dernière apparition du cercle. Pendant que sur le ring Bob et Jack règlent, à coups de poings, le différent qui les oppose, Nellie résout la déchirure qui la mine. A l'image de Nellie qui se reflète dans un seau d'eau succède celle de Jack. Le couple se reforme, Nellie jette le bracelet et un seul cercle demeure. |
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Du regard |
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Si Hitchcock choisit, à l'âge de 27 ans, de réaliser un film qui a pour toile de fond les milieux des forains et de la boxe, c'est parce que l'univers visuel de ces deux mondes l'attire et le surprend. S'il est facile de comprendre ce qu'avait de fascinant l'univers des foires pour le réalisateur -Nous le percevons, en particulier dans la scène du mariage - il convient d'avoir à l'esprit qu'en ce temps-là, le public des matchs de boxe était en tenue de soirée. Les préoccupations visuelles de Hitchcock étaient si essentielles qu'elles l'ont amené à inventer certains procédés, aujourd'hui devenus courants, comme par exemple celui qu'il utilise pour signifier l'ascension sociale de Jack. Sur un plan fixe d'une affiche, le nom de celui-ci, au fil des secondes, gagne en hauteur et en grosseur. Autant de choses qui conduiront Hitchcock à dire de ce film : « The Ring a été le deuxième film d'Hitchcock ». Savoir s'il s'agit de son véritable second film est sans importance, par contre il est incontestable que « The Ring » constitue un des films fondateurs du cinéma Hitchcockien, ne serait-ce que dans l'exploitation du regard. A ce sujet la scène chez la voyante est des plus limpides. Dans la scène précédente Bob a offert un bracelet à Nellie et celle-ci l'a enfilé à son poignet. Dans la roulotte de la vieille voyante, elle est rejointe pas Jack. Enfin de dissimuler le présent de Bob, elle le remonte le bracelet le long de son bras et laisse sa main posée dessus. La scène se termine par ces images. La caméra cadre le visage de la voyante puis saute sur celui de Nellie, dont le regard fuit l'objectif. A ce moment-là, la caméra descend lentement, dans un plan serré, le long du bras de Nellie et s'immobilise sur la main qui dissimule le bracelet. Le visage de la voyante envahit de nouveau l'écran avant de disparaître. Et la caméra reprend son mouvement le long du bras de Nellie. En plaçant la camera en lieu et place du regard de l'un des protagonistes et en ne nous donnant à voir que ce qu'il voit, Hitchcock pose les prémisses de ce qui sera un des piliers de son art, l'exploitation du regard. |