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John Carpenter |
Brève biographie |
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Né à Carthage (État de New York) d’un père professeur de musique, il hante les salles de cinéma dès son plus jeune âge et découvre les westerns de Howard Hawks et John Ford, ainsi que les films d'horreur ou de science-fiction dans les années 50. Cette passion du cinéma le conduit à réaliser son premier court métrage à l’âge de 14 ans… Il suit les cours de musique que dispense son père à la Western Kentucky University puis rejoint, en 1968, l'University of Southern California's School of Cinematic Arts (USC) où il obtiendra son diplôme, en 1971, après avoir fait ses premières armes en tant que coscénariste, monteur et compositeur de musique, de « The Resurrection of Broncho Billy », qui remporte l’Oscar du meilleur court-métrage de fiction en 1970. Et c’est en 1974 qu’il signe son premier long métrage : Dark Star, une comédie grinçante, sur fond de science-fiction. En 1978, sort en salle « Les Yeux de Laura Mars », réalisé par Irvin Kershner sur un scénario de John Carpenter et le mythique, « Halloween, la nuit des masques », fondateur du slasher movie. À partir de cette date, plus rien ne semble devoir résister au jeune cinéaste… pourtant, après quelques succès au box-office, il sera contraint vers la fin des années 80 à se tourner vers des films à faible budget, puis à marquer une très longue pause dans les années 2000. |
La peur |
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La peur chez Carpenter est le fruit du mal. C’est donc autour des formes que celui-ci revêt qu’il convient de s’interroger. Et la constante qui traverse toute la filmographie du réalisateur est l’immatérialité de celui-ci, il se dissimule sous une forme diffuse, aux contours flous et indéfinis. La quintessence de cette représentation du mal se trouve entièrement contenue dans des films comme « The Fog » ou « Ghosts of Mars ». Le mal est donc insaisissable, d’où invincible parce qu’abstraction. Michael Myers, le tueur au masque blanc, n’apparait que furtivement à la limite du hors cadre ou au-delà de la profondeur de champ. Son royaume est l’envahissant hors champ, ce lieu invisible qui enserre l’écran, mieux que l’église désaffectée et assiégée du « Prince of Darkness » n’emprisonne l’équipe de scientifiques aux prises avec le père de Satan. Et parce qu’abstraction, il est intrinsèquement surnaturel. Vampire, fantôme ou voiture, il puise sa force dans l’au-delà filmique que constituent les angoisses de chaque spectateur. Son image ne peut que s’ébaucher à l’écran puisqu’elle se dessine avec précision dans l’imaginaire du public. Il sera silhouettes qui assiègent un commissariat (« Assaut ») ou chose de l’espace qui envahit les corps, à moins qu’il ne soit folie (« In the Mouth of Madness » ou « The Ward »), mais ira toujours de l’extérieur vers l’intérieur, suivant ainsi la trajectoire inverse de l’imaginaire du spectateur qui se projette sur l’écran. |
Le remake |
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Chaque film de John Carpenter est un remake. Certains le sont explicitement, d’autres subrepticement. Mais à la différence de l’épidémie de nouvelles versions qui s’abat régulièrement sur l’industrie cinématographique d’outre-Atlantique, le cinéaste n’entretient pas les mêmes rapports avec les œuvres originelles. Loin d’ignorer leur existence pour les relire à la mode blockbuster, il tente de ressusciter les images traumatiques, de nous les donner à voir et non pas à revoir. « Le Village Des Damnés » n’est pas une simple relecture du film de 1960, c’est la lecture des images horrifiques absentes de ce film, de la même manière que « The Thing » est l’exposition des traumas causés par le souvenir de « La Chose d'un autre monde ». Et lorsque Carpenter réalise des remakes de ses propres films, alors les images ne sont pas seulement re présentation modernisée d’images qui auraient jaunies, elles sont porteuses d’un nouveau sens, d’un sens en adéquation avec le présent. |