Mark Lewis, jeune assistant-opérateur dans un studio de cinéma, photographe de charme à temps perdu (1), la nuit venue, arpente les ruelles de Soho, la caméra dissimulée sous son manteau. Il traque la peur qui déforme le visage de ses victimes.
De retour dans son appartement, il visionne en boucle les snuff movies qu’il vient de réaliser.

Dès la première image, tueur et spectateur ne font qu’un. Le regardeur se glisse dans la peau du voyeur, les yeux de l’un sont ceux de l’autre. Et la perversité de l’un se métamorphose en plaisir de l’autre, à moins que ce ne soit le contraire.
Et lorsque le spectateur se distancie de Mark Lewis c’est pour adopter le point de vue d’Helen Stephens, jeune voisine qui certes condamne les perversions de Mark au fur et à mesure qu’elle les découvre, mais qui ne s’extrait pas de la fascination qu’elle éprouve. En d’autres termes, lorsque le spectateur n’est pas Mark, Helen devient le spectateur et ceci d’autant plus qu’elle visionne les films de Mark.
Sur une esthétique à la Hammer (1), ce métrage, qui suinte la sexualité (3) maladive et malsaine à chaque image baignant dans des couleurs saturées d’où s’extrait une dominante rouge, choqua plus d’un critique et souleva un tollé de protestation. À tel point que son exploitation fut de très courte durée et qu’il marqua le début du déclin de la carrière du cinéaste (4).


1- Coup de griffe à l’hypocrisie de l’époque ?

2- https://fr.wikipedia.org/wiki/Hammer_Film_Productions

3- C’est la première fois qu’une femme nue apparaît dans un film anglais.

4- La même année sortait Psychose, film qui lui aussi immerge son propos dans la psychanalyse, mais où la caméra se tient à distance. Ceci explique peut-être le succès de l’un l’échec de l’autre.

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