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LA VENGEANCE DANS LA PEAUUn film dePaul greengrassavecMatt Damon |
1110 Lectures Depuis Le mardi 6 Decembre 2011 |
Jason Bourne poursuit son chemin vers sa rédemption qui passe par la réappropriation de ses souvenirs. Le précédent volet de cette trilogie se concluait sur une ellipse : la police moscovite le pourchassait, il parvenait à neutraliser le tueur dont il était la cible ; nous le retrouvions à New York observant Pamela Landy avant de disparaitre dans la foule. Cette dernière adaptation de roman de Robert Ludlum débute juste avant l’ellipse et renoue le fil narratif entre les démêlés de Bourne en terre Russe et le moment où il espionne Pamela Landy. Aux images d’un Jason Bourne bataillant seul contre un système opaque, manipulateur et cynique se mêlent celles de ses souvenirs émiettés, faits de résurgences d’un passé oublié et d’un passé regretté. A travers ce procédé de montage, le cinéaste a su montrer à la perfection les motivations qui poussent le héros à agir. Car à la différence des précédents moments de cette trilogie, Jason Bourne ne se trouve pas immédiatement au centre de la toile et rien d’objectif, si ce n’est son besoin de savoir, ne le contraint à rejoindre Londres pour contacter le journaliste Simon Ross qui mène une enquête au sujet du projet Treadstone et de sa nouvelle déclinaison Blackbriar. C’est ce même besoin de savoir qui le conduira successivement à Madrid puis à Casablanca, sur les traces de l’informateur du journaliste. Deux éléments esthétiques semblent au centre du dernier volet de la quête de Jason Bourne. Une sorte de mise en abysme : nous regardons l’action qui se déroule dans la gare de Londres par l’intermédiaire des écrans de surveillance qu’observent à New York les agents de la CIA. Puis, nous la suivons au cœur même de son déroulement avec parfois, comme transition entre ces deux moments, des images aériennes des lieux. Dans ces conditions d’omniprésence et d’omniscience que peut un homme seul ? Il ne peut compter que sur ses propres forces, il ne peut prétendre sauver quiconque. Et le journaliste, au terme d’une scène de poursuite époustouflante, le paiera de sa vie. Quant à Nicky Parsons, perdue dans les méandres des ruelles de Casablanca, elle échappera de peu au même sort. La façon de manier la caméra constitue le second élément caractéristique de ce film. Les scènes de poursuite ou de bagarres sont cadrées au plus proche, à tel point qu’il est parfois difficile d’identifier ce que filme le cinéaste : un pied, une main, un bras… un pistolet, un couteau, un livre… les pédales d’une voiture, le volant, le levier de vitesse… un front, un dos, un pare-chocs, des pneus… des cuts nerveux, multiples que seuls quelques inserts sur des plans d’ensemble viennent troubler. Mais la caméra ne se contente pas de capter ces fragments de réalité, elle est embarquée, à l’épaule, et semble sensible aux secousses qui ponctuent l’action quand des ombres ne s’interposent pas entre des visages envahissants et l’objectif.
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