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LE REFROIDISSEUR DE DAMES

Un film de

Jack smight

avec

Rod Steiger
Lee Remick
George Segal


- 1968 -
835
Lectures
Depuis
Le samedi 5 Juin 2016




Un homme étrangle des femmes, pose leur corps sur la cuvette des toilettes et dessine sur leur front, avec leur bâton de rouge à lèvres, une bouche féminine. La police enquête…

D’évidence ce n’est pas le scénario qui confère à ce métrage une quelconque originalité. Sa particularité il la puise dans sa curieuse construction, son esthétique singulière et dans ses personnages surprenants.
Si la narration se conforme à une plate linéarité, elle se permet des sortes de digressions douces-amères. Ainsi, la scène absurde où Mr. Kupperman (Michael Dunn (1)) vient au commissariat s’accuser des meurtres constitue un point d'orgue de ses pauses narratives. De même, les apparitions de Kate Palmer (Lee Remick (2)), personnage au lien improbable avec l’intrigue, sont autant d’apartés souvent humoristiques, au même titre que les moments qui mettent en présence l’inspecteur Morris Brummel (George Segal (3)) et sa mère (Ellen Heckart).
En ce qui concerne l’esthétique générale du métrage, elle semble se situer sous les auspices du gris, gris au cœur duquel se meut Kate Palmer, véritable éclaboussure de couleur unie, tantôt vêtue de jaune, de violet ou de noir. Et la caméra, qui la suit, jette aux orties sa toilette aux fragrances romantic comedy lorsque vient heure des crimes. Portée à l’épaule, elle expérimente des angles bizarres, tressaute ou virevolte comme saisie de la même folie que le tueur.
Quant aux personnages, si les victimes, des femmes seules débordantes de manies et de naïveté, se conforment à la doxa des tueurs en série, l’inspecteur et le tueur échappent aux archétypes du genre.
Depuis Freud chacun sait l’importance de la mère dans la construction de la personnalité et depuis « Psychose » personne n’ignore qu’elle constitue la clé de voute de la pathologie du Sérial Killer. Au final, Christopher Gill (Rod Steiger (4)) ne déroge pas à la norme, ses meurtres ne sont qu’un règlement de compte différé avec sa mère, qu’une résolution d’un Œdipe douloureux, mais aucune séquence du film ne vient l’illustrer. Par contre, de longs moments sont consacrés aux rapports qu’entretient Morris Brummel avec sa mère, une mère envahissante et particulièrement castratrice. En d'autres termes, les traumatismes psychiques de Christopher Gill sont mis en lumière par le quotidien de l’inspecteur !
Mais un autre élément, et non des moindres puisqu’il pimente de métrage d’une saveur singulière, mérite d’être souligné : aucun des meurtres n’est semblable au précédent. Tantôt déguisé en prêtre irlandais, en femme apeurée, en vieux plombier allemand, coiffeur gay, Christopher Gill approche ses victimes en déployant des talents d’acteurs protéiformes et offre par là même au spectateur autant de scènes loufoques.
Le Sérial Killer est un acteur… le dénouement aura pour cadre un théâtre… et c’est sur scène que meurt le refroidisseur de dames…

Quasi inconnu, ce métrage, vaguement inspiré de l’affaire de l’Étrangleur de Boston (5), une cinquantaine d’années après sa réalisation irradie d’une modernité surprenante qui devrait inciter chacun à lui consacrer 1 h 48 de son temps.



1- https://fr.wikipedia.org/wiki/Michael_Dunn

2- https://fr.wikipedia.org/wiki/Lee_Remick

3- https://fr.wikipedia.org/wiki/George_Segal_%28acteur%29

4- https://fr.wikipedia.org/wiki/Rod_Steiger

5- https://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_DeSalvo



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