« Piège en eaux troubles » suit un scénario d’une rectitude plate où les surprises ne sont guère de mise.
Dès la quinzième minute, le spectateur adepte des tueurs en série devine, à ses yeux exorbités, l’identité du killer et son plongeon dans les eaux obscures du fleuve ne fait que conforter l’hypothèse ; de même dès qu’apparait la belle Emily Harper, que la caméra capte dans sa tenue de boy-scout en vacances, chacun pressent qu’elle finira entre les draps du très alcoolique Tom Hardy pour une scène faite de flous et de gros plans sombres sur deux corps emmêlés.
Que faire lorsque l’on n’a rien à dire d’original ? Mettre en images ce vide ! Et de ce point de vue, le réalisateur relève ce défi avec brio.
Sept minutes de course poursuite en voitures où les carambolages succèdent aux mitraillages et explosions et nous voilà parvenus au terme du premier quart d’heure de film.
Quelques épisodes anodins de la journée d’un flic de la brigade fluviale, épisodes que ponctuent des coups de feu ; une bonne bagarre au bal de la police ; quelques cadavres de femmes qui flottent au fil du fleuve tranquille et nous voilà à un quart d’heure du générique de fin.
Il ne reste plus qu’à conclure en confirmant les hypothèses formulées en début de film quant à l’identité du tueur.
Ce sera chose faite durant ces quinze minutes qui verront un père tuer son fils, un fils tuer son père, Bruce Willis poursuivre le Killer en hors-bord avant de le boxer au fond des eaux du fleuve.

Alors que faire de ce film ?
Y jeter un œil discret, la main au fond du cornet de maïs soufflé, non pas pour son scénario ou ces images glamours, mais pour constater que jadis Bruce Willis était un véritable acteur et non pas un prête-nom.

l a