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L HOMME QUI VOULUT ETRE ROIUn film deJohn HustonavecSean Connery |
4547 Lectures Depuis Le mercredi 20 Mars 2013 |
Lorsqu’en 1975, John Huston réalise cette adaptation du roman de Rudyard Kipling (1), il concrétise enfin un projet vieux de vingt ans pour lequel il avait envisagé le duo Clark Gable et Humphrey Bogart. C’est avec un humour tout en finesse qu’il met en scène les aventures et mésaventures de ce duo de rebuts de l’armée impériale des Indes parti au Kafiristan pour que l’un d’entre eux s’y fasse couronner roi, épisode loufoque au dénouement tragique qui n’est pas directement narré au spectateur, mais à Kipling lui-même. Les spécialistes du cinéaste affirment que l’on retrouve dans ce film comme dans beaucoup d’autres de ces œuvres cinématographies l’ensemble des thermes qui lui sont chers : la fraternité, l'ambition, l'exotisme et l'échec. Si l’exotisme ne fait aucun doute, puisqu’il envahit l’écran de son superbe décor, il en va de même de la fraternité qui traverse le film d’un bout à l’autre, s’exprimant dans toute sa pureté lors du long périple qui conduit les deux protagonistes vers leur futur royaume. Quant à l’ambition, n’est-elle pas contenue dans le titre ? Et n’explose-t-elle pas lorsque bien plus qu’un roi, Daniel Dravot se pense Dieu ? Et c’est l’ambition démesurée de ce dernier qui causera sa perte ainsi que celle de son complice Peachy Carnehan. Mais au-delà du simple film d’aventures, dont il recycle les codes au travers du filtre de la joyeuseté parfois grinçant, « L’Homme qui voulut être Roi » ne contient-il pas une critique du colonialisme ? Cet homme, qui voulait être roi, n’utilise-t-il pas toutes les « ruses » des puissances coloniales pour parvenir à ses fins ? Ne se présente-t-il pas comme un sauveur amical ? N’utilise-t-il pas la force pour étendre son pouvoir ? Ne construit-il pas une armée autochtone ? Ne profite-t-il pas des croyances pour assoir sa domination ? Ne s’installe-t-il pas en maitre absolu, allant jusqu’à bafouer les traditions locales et à heurter les consciences ? Et au terme de ce qu’il imagine être sa grande œuvre, n’est-il pas chassé manu militari jusqu’aux portes de la « ville » avant d’être précipité dans un « gouffre sans fin », tel que le furent ces puissances des contrées qu’elles avaient asservies ? 1- Neuf de ses romans ont été adaptés à l’écran.
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