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INTOUCHABLESUn film deOlivier nakacheavecFrançois Cluzet |
1628 Lectures Depuis Le dimanche 9 Avril 2012 |
Réalisé par Olivier Nakache et Éric Toledano, ce film s’inspire de la relation que nouèrent Philippe Pozzo di Borgo, tétraplégique depuis 1993, et Abdel Yasmin Sellou, son aide à domicile, relation que Pozzo di Borgo raconte dans son livre « Le Second Souffle ». Avec plus de 19 millions d’entrées en salle, ce film a explosé le box-office, en même temps qu’il remportait une impressionnante quantité de récompenses. Driss, un jeune, d'origine sénégalaise, vivant en banlieue et qui vient de purger une peine de six mois de prison, est embauché comme auxiliaire de vie par Philippe, un très riche tétraplégique. N’ayant pour formation que sa désinvolture et sa tchatche, Driss parvient à redonner le gout de vivre à Philippe. Avec un tel sujet, tout était possible et en premier lieu les clichés larmoyants, apitoyés et compatissants. Le mélodrame risquait de s’étirer en longueur, avant de se noyer dans un océan de larmes amères. De retour à Capharnaüm, au terme d’un débat existentiel avec quelques scribes rassemblés Jésus dit au paralysé : « Lève-toi, prends ton brancard et rentre chez toi ». Driss se contente de dire à Philippe qui lui demande du chocolat : « Pas de bras, pas de chocolat ». Réplique emblématique du film, à laquelle des centaines d’autres reparties ou situations font écho, comme celle où Driss amène Philippe se faire masser les oreilles, comme celle où Philippe convie Driss à un vol en parapente ou bien encore celle où Philippe, afin de tirer son ami Driss d’un mauvais pas, se met à baver abondamment devant des policiers inquiets. Car Driss n’est pas un auxiliaire de vie empathique et dévoué, il est l’ami. Olivier Nakache et Éric Toledano ne filment ni le malheur de la maladie, ni la misère de la banlieue sans voix, ni la richesse de la haute bourgeoisie ; ils ne filment pas un choc culturel, une démarche altruiste ou une intégration sociale ; la bonté, la pitié, la douleur, la miséricorde n’ont pas de place dans leur scénario. Leur sujet est ailleurs, il est la vie telle qu’elle est, quand l’humanité, et rien que l’humanité l’habite. Leurs mouvements d’appareils sont beaux parce que leur sujet est honnête, leurs acteurs jouent bien parce que leurs dialogues sont justes, en résumé leur film est bien fait parce qu’ils savent ce qu’est un film.
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